Archives de catégorie : Chronique

[CHRONIQUE] Fractal Universe – Rhizomes Of Insanity (Coup de coeur)

Après un premier opus, « Engram Of Decline » certes couronnés de succès mais qui n’a pas réussi à faire parler de lui, les lorrains Fractal Universe reviennent à la charge avec leur seconde galette, « Rhizomes Of Insanity ». Un énorme coup de maître pour le groupe !

Technique, complexe, qui n’a strictement rien à envier à un certain The Dillinger Escape Plan, « Rhizomes Of Insanity » arrive pourtant à nuancer son propos en instaurant des ambiances alternantes, parfois jazzy, parfois death, parfois atmosphérique. Les membres du groupe se jouent des codes et nous embarquent dans un voyage, à la découverte de la frontière de la folie humaine, très schizophrénique.

Les Fractal Universe non sont plus seulement musiciens, mais les architectes d’un art qui leur ressemble, dans lequel ils distillent un ribambelle de petits détails. Ces derniers, et à moins que vous ne soyez assez forts, sont perceptibles après plusieurs écoutes : c’est comme réécouter un nouvel album à chaque fois, il arrive à nous surprendre et nous demande de tendre un peu plus l’oreille !

Dépassant les frontières du death progressif, les Fractal Universe nous offre, avec « Rhizomes Of Insanity » un opus aux nombreuses nuances, original et technique, qui saura vous toucher mais surtout vous interpeller. Un gros coup de coeur pour nous, et on espère que le groupe trouvera avec cette galette le succès qu’il mérite ! Un album à se procurer d’urgence.

10/10

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Notre interview du groupe.

[CHRONIQUE] Asylum Pyre – N°4

C’est après trois ans d’attente et surtout pas mal de mouvements de line-up, les Asylum Pyre nous livrent ce qu’ils considérent comme leur opus le plus abouti « N°4 ».

Et c’est une ambiance bien différente de « Spirited Away » qui nous attend : exit les envolées grandiloquentes aux claviers, place à une nouvelle ère, plus moderne ! Et si la révolution commence par un graphisme plus épuré encore qu’il y a trois ans, elle passe surtout par la nouvelle chanteuse d’Asylum Pyre, Oxy Hart, dont la voix, brute, adaptable, créative, saura vous transporter par toutes les émotions distillées par ce « N°4 ». Elle est un vrai atout, désormais, pour cette nouvelle vie du groupe.

Le son également est bien meilleur : mieux produit déjà, plus moderne, avec quelques riffs plus accrocheurs, et des vrais hymnes (« Sex Drugs And Scars ») qui pourraient être entonné par des groupes tels que Helloween ! On note aussi l’arrivée de voix prestigieuses : celle, catchy, de Yannis Papadopoulos des Beast In Black et celle, plus sombre et rageuse, de Raf Pener des T.A.N.K. pour des featurings des plus réussis.

Mais surtout, Asylum Pyre s’affranchit du genre qui avait fait son succès, le metal mélodique « à chanteuse » et joue avec les codes : un coup de bon heavy, un coup d’électro, le groupe s’amuse et instaure diverses ambiances nécessaires au bon déroulement de son album conceptuel. La formation brise ses chaînes, c’est rafraîchissant !

Asylum Pyre nous offre un retour fracassant avec ce « N°4 » et, avec ce passage à une nouvelle ère, nous prouve que même un groupe qu’on pensait très sage sait faire une grosse prise de risque. Une bien belle évolution. Et petit bonus, cette fragrance vous coûtera moins cher que son cousin lointain de Chanel.

9/10

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[CHRONIQUE] Grand Magus – Wolf God

Le trio suédois Grand Magus sort, après trois ans d’attente, « Wolf God », leur nouvelle galette. Difficile de se renouveler après plus de vingt ans de carrière ! Pourtant, Grand Magus arrive à surprendre.

Il faut dire que le groupe met un point d’honneur à ne pas faire la même chose au gré des albums : si « Sword Songs », leur dernier album, était bien plus extrême et violent, on retourne à un certain calme et une certaine harmonie avec  » Wolf God ». Mais aussi – et surtout – on aura le droit à une bonne grosse dose d’épique, plantée dès l’introduction musicale « Gold & Glory ».

« Down Of Fire » aurait pu figurer sur un opus de Rhapsody Of Fire : mais c’est le morceau le plus réussi, touchant grâce à la voix phénoménale de « JB » Christoffersson, ravageur grâce aux parties particulièrement bien foutues à la guitare.

C’est d’ailleurs le point le plus marquant de cet album, Christoffersson proposera de nombreuses choses très différentes à la guitare, parfois douces, parfois très agressives, parfois plus pêchue… Bref, il ne s’enferme pas dans des solos plus ou moins réussis, un peu trop légion dans ce genre qu’est le heavy metal. Rafraîchissant.

Pour le reste c’est un sans faute assez divertissant, malgré quelques soucis de post-production notables. J’imagine bien certains titres repris dans les salles, comme « Speed Thrower », tube digne d’un Kreator des grands jours.

Grand Magus nous livre une oeuvre posée et épique, touchante et divertissante, qui saura ravir le fan de metal en mal de sensation. Le groupe réussit à se renouveler si bien que nous nous ennuyons jamais au cours de ce « Wolf God » que nous vous conseillons grandement.

9/10

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[CHRONIQUE] Cellar Darling – The Spell

Ceux qui connaissent plus personnellement l’équipe du site seront étonnés de trouver une chronique du dernier album de Cellar Darling, tellement le premier jet du groupe, « This Is The Sound » (2017) a été conspué par l’équipe. Pourtant ce « The Spell » nous a agréablement surpris et étrangement séduits.

Il faut dire que la formation suisse, menée par l’ancienne chanteuse des Eluveitie Anna Murphy, repartait de loin : des titres parfois mielleux, niais et gentillet, une production assez aléatoire sur certains morceaux et une frontwoman pas toujours très juste.

« The Spell » sorti au mois de mars vient casser cette lassitude en proposant un concept-album réfléchi avec un ton qui reste, certes, dans le folk mais tend plus vers le progressif, entre un Dream Theater poussif et un Devin Townsend barré.

Un côté assez schizophrène qui sied à merveille à Cellar Darling. Mention spéciale à Ivo Henzi qui prend son pied, bien plus que dans Eluveitie. Murphy, si elle frise les fausses notes par moment, fait quelques prises de risques couronnées de succès. On est bien loin du mielleux.

« The Spell » est donc un concept-album qui instaure une véritable atmosphère et nous plonge dans un tout autre univers. Les Cellar Darling nous offre une galette, certes savoureuse, mais qui nous laisse un peu sur notre faim : on sent que le groupe peut davantage nous en offrir. Les suisses sont en train de se trouver une patte originale, à eux de confirmer sur un nouvel opus.

8,5/10

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« Freeze » :

« Death » :

« The Spell » :

« Insomnia » :

« Drown » :

[CHRONIQUE] Aqme – Requiem

Ultime album des Aqme, « Requiem » développe une musique toute en contraste, qui plaira au plus grand nombre. Une belle façon de dire adieu… ?

L’annonce de la séparation d’Aqme a été un immense coup de tonnerre pour nombre de fans de musique extrême et de critiques. Le groupe français, véritable figure de proue du metal alternatif d’abord, puis du neo-metal dans les années 2000, a décidé de mettre un terme à sa carrière longue d’une vingtaine d’année. Outre la tristesse et le regret qu’on peut ressentir, Aqme estime se retirer au bon moment, tout ayant été dit et les envies d’ailleurs étant plus présentes.

Ce « Requiem » plaira à tous les fans du groupe, quelque soit sa période, du rock alternatif à l’américaine au neo metal. Plus qu’une rétrospective, les Aqme se font avant tout plaisir ! Des ambiances totalement différentes sont explorées et les paroles restent toujours aussi intenses pour nous, petits auditeurs que nous sommes. De quoi vous retourner les tripes et le cerveau doucement mais sûrement.

Aqme tire donc sa révérence avec cette très bonne production, peut-être un peu trop courte pour les amateurs que nous sommes, mais d’une intensité à vous soulever toutes sorte d’émotions. Un bel au-revoir qui ravira les fans du groupe et les autres aussi d’ailleurs. Impeccable !

9/10

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[CHRONIQUE] Eluveitie – Ategnatos (COUP DE COEUR)

On a eu franchement peur pour Eluveitie : après un « Evocation Part II » bien accueilli par notre équipe mais qui aura divisé la critique, on attend au tournant le nouvel album électrique pour avoir plus de matériel. « Ategnatos », sorti ce vendredi (Nuclear Blast) signe le retour d’un groupe qui aura mis les bouchés doubles afin de plaire à tout le monde.

Car c’est une navigation entre deux eaux que nous propose Eluveitie : entre des titres plus mielleux (mais moins pop cependant que ce qui avait été fait avant) et des morceaux très extrêmes (plus particulièrement « Worship » et surtout « Threefold Death » qui s’apparente plus à du pur black metal paganique avec un Chrigel Glenzmann hallucinant vocalement), Eluveitie veut toucher le plus large public possible et contenter son ancienne et son actuelle fanbase.

Et c’est une réussite avec des titres bien plus dynamiques que sur les précédents opus (et ce, depuis « Slania »). Exit les titres accrocheurs, les morceaux sont bien plus sombres, complexes, carasbiquotés, notamment sur toutes les parties de guitares : Rafael Salzmann prend son pied à placer quelques solos, des riffs plus tordus ce qui donne une toute nouvelle dynamique à la musique d’Eluveitie ! On ne s’ennuie absolument pas, malgré l’exceptionnelle longueur de l’album (16 titres tout de même), les chansons sont toutes très variées, originales.

Quant à Fabienne Erni, elle démontre qu’elle est une chanteuse de talents avec une large palette vocale allant vers des notes très aïgues. Si son rôle dans cet opus reste modeste, elle saura dès les futurs albums prendre toute la place qu’elle mérite et faire oublier une Anna Murphy très aimé de certains mais dont la voix ne m’a jamais emballé, bien au contraire.

L’opus a mûri, a pris son temps pour arriver. En témoigne « Reborn », le single sorti en 2018, qui aura bénéficié d’un remaniement musical sur sa dernière partie. L’album est très bien produit, bénéficie d’un son clair comme le cristal. Ce n’est certes, pas la huitième merveille du monde mais c’est le premier album d’Eluveitie qui m’aura autant enchanté depuis « Everything Remains As It Never Was » (sorti en 2010).

C’est un retour gagnant et réussi pour Eluveitie qui nous livre avec « Ategnatos » un opus heavy, dynamique et extrême. Faisant parti des premiers groupes de Pagan Metal à perçer, les helvètes démontrent qu’ils sont loin d’être des ringards. Un album qui vous redonnera foi dans le groupe.

9,5/10

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[CHRONIQUE] Whitechapel – The Valley (Coup de coeur)

Si « The Valley » semble être l’opus le plus personnel des Whitechapel, il s’agit aussi de celui qui s’éloigne le plus de ce à quoi le groupe nous avait habitué. Cet album est sorti aujourd’hui. Voici notre chronique.

Rien qu’à voir le début de promotion de « The Valley », on s’attendait à un truc assez spécial par chez nous, basé sur des éléments de l’enfance du chanteur de Whitechapel, Phil Bozeman, notamment sur sa mère toxicomane. Whitechapel ne se cantonne pas au genre qui l’a révélé au grand public, le deathcore. Chaque titre a sa propre personnalité, chose rare en particulier pour un concept-album. Ils sont plus lents, Phil Bozeman prend plus le temps de poser sa voix, racontant sa propre histoire, ressortant toutes ses émotions englouties au plus profond de lui-même… Par ailleurs, le chanteur fait preuve une nouvelle fois d’un talent indéniable, montrant toutes les facettes de sa voix, aussi douce que extrêmement violente.

Les morceaux sont tous aussi complexes les uns que les autres, et explosent dans tous les sens, de manière schizophrénique. Les Whitechapel ne nous laissent aucun répit, que ce soit sur des morceaux plus puissants comme « We Are One » que sur des morceaux plus calmes tels que « Hickory Creek » qui provoquera en vous-même toutes sortes de choses. A noter le très bon « Third Depth » dont les riffs à la guitare de Ben Savage et d’Alex Wade nous rappelle un Tool dans ces grands jours. C’est un véritable voyage émotionnel que nous avons ici !

Riche et varié, « The Valley » est un album qui ne s’écoute pas : il se vit. Un opus original, envoûtant et émouvant qui vous touchera en plein coeur, même si vous n’étiez pas un fan de base de Whitechapel. Une excellente surprise et l’une des meilleures galettes de ce début 2019 !

10/10

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[CHRONIQUE] Battle Beast – No More Hollywood Endings


Battle Beast est l’un de ces groupes – qu’on croirait jeune mais plus tellement vu qu’ils ont été créé en 2008 – qui fait une ascension absolument fulgurante depuis sa victoire au Wacken Open Air Battle en 2010. Les finlandais reviennent ce printemps avec un tout bel album, « No More Hollywood Endings ». Et ce gredin de CD, il nous déboute plutôt légèrement !

Il faut dire que Battle Beast est mis dans la mauvaise case (si tant il en existe encore…) depuis son début de carrière, celle du power metal. Le groupe est pourtant plus heavy que jamais avec cet album qui ne renie, en rien, ses racines auprès des plus grands groupes du jour, Aerosmith, Bon Jovi ou encore Mötley Crüe en tête ! Je vois bien le morceau « No More Hollywood Endings » chanté par Vince Neil en personne !

Alors certes le son est bien plus américanisé, pour le meilleur, mais aussi (un peu) pour le pire (ce « Endless Summer » est digne de figurer sur la BO d’un film à l’eau de rose pour ados américains !) mais Battle Beast n’a pas oublié ses origines et garde ses précieux sons aux claviers, ce qui donne un aspect épique jouissif aux morceaux (« Raise Your Fist » est démentielle d’ailleurs !), sur certains même donnant un petit aspect old school 1990 qui fait du bien.

« A Piece Of Me » est un des titres les mieux réussis de la galette : entre potentiel pour devenir un véritable tube, des injonctions agressives de la chanteuse, Noora Louhimo et les riffs saccadés de guitare, on tiens certainement l’un des meilleurs morceaux de toute la carrière de Battle Beast.

« I Wish » est un morceau lent, beau, ou Noora peut utiliser toute sa palette vocale. Et il faut dire qu’elle est particulièrement impressionnante, particulièrement sur cette chanson !

Mais si l’album souffle un air frais venu tout droit de Californie, tous les morceaux sont emprunts d’une douce mélancolie, d’une petite pointe de nostalgie, qui va vous interroger sur vos rêves, vos accomplissements, si vous avez dû en sacrifier. Vivez votre vie, ne la rêvez pas ! Telle serait le crédo véhiculé par cet album.

On a donc un album dense, très heavy, aux accents perceptibles de power, qui vous fera bien bouger les tifs. Battle Beast commence à se démarquer légèrement de la scène finlandaise pour imposer son propre style, et avec succès ! A écouter partout et par tous !!

9/10

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[CHRONIQUE] A Pale Horse Named Death – When The World Becomes Undone

C’est par la petite porte qu’est arrivé A Pale Horse Named Death : s’imposant de plus en plus sur la scène doom-death metal, le groupe sort cette année leur nouvelle galette, « When The World Becomes Undone ».

C’est une vision noire et pessimiste du monde que nous offre A Pale Horse Named Death avec cette nouvelle galette : le groupe réussi à instaurer une ambiance glauque et malsaine grâce, notamment, à des riffs de guitares très lourds empruntés au Doom. Les jolis moments au piano viennent même, paradoxalement, renforcer ce sentiment : on est alors projeté au sein d’un univers digne de Silent Hill !

La voix de Sal Abruscato, l’ancien batteur des Type O Negative, résonne d’outre-tombe, à la fois aussi douce qu’un Jonas Renkse (Katatonia) mais pouvant brusquement se transformer en tornade infernale. Dommage que le mixage ne lui fasse pas justice car cette même voix n’est pas assez mise en avant ! De nombreux morceaux (tous plus originaux les uns que les autres) restent en tête, notamment le très bon « Feel In My Hole » ou encore « Vultures », véritable hymne à lui tout seul.

Digne rejeton de Pentagram et Paradise Lost, A Pale Horse Named Death s’impose comme un nouveau poids lourd du doom gothique. Un indispensable pour tous les amoureux du genre.

9,5/10

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[CHRONIQUE] Rotting Christ – The Heretics

Les grecs ont toujours eu la côte dans le milieu ! Avec une scène black metal extrêmement prolifique, de nombreux groupes arrivent à s’exporter, tels que Septicflesh ou encore Rotting Christ. Ces derniers sortent d’ailleurs leur nouvel album en ce début 2019, « The Heretics » !

« The Heretics » reste dans la continuité de « Rituals » sorti en 2016. Si on retrouve les mêmes rythmes saccadés, riffs à la limite tribaux qui sont devenus, au fil du temps, la signature de Rotting Christ, le groupe prend le risque de placer des instants plus aériens (notamment grâce aux choeurs de la cantatrice russe Irina Zybina, le morceau « Vetry Zlye ») flirtant avec le power metal sur toute une première partie d’album ! Cela permet d’instaurer une ambiance très grégorienne, assez idéale quand on veut explorer les tenants de la foi religieuse, thème de cet album !

Néanmoins, la deuxième partie de l’album, à partir du très (même trop) poussif « Hallowed By Thy Name » fait ressortir les racines black extrêmes des grecs ! L’excellent « Fire God And Fear » nous renvoie tout droit à l’opus « Kata Ton Daimona Eaytoy » (2013) avec cette ligne droite furieuse et jouissive ! « The Time Has Come » se distingue par son côté oriental mais aussi son prestigieux guest, Ashmedi de Melechesh ! Enfin, s’il reste peu original, « The Raven » est un très bel hommage à l’écrivain Edgar Allan Poe porté par la voix puissante du narrateur d’un jour, Stratis Steele (Endomain).

Rotting Christ continue donc son évolutio avec ce « The Heretics » qui, même s’il n’est pas des plus novateurs, reste le plus accessible pour le groupe. Ce dernier propose une musique intelligente, pensée qui ravira les fans de tout bord.

8.5/10

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