Archives par mot-clé : Survival Zero

[EDITO] 2020, une année de dangers et de défis

1er janvier 2020. On a tous accueilli avec bonheur cette nouvelle année, enterrant d’emblée 2019, sacrée comme étant la « pire année de tout l’univers », détrônant ainsi 2018.
Elle avait pourtant bien débuté cette année avec de jolies sorties côté album (on retiendra le « Cell-0 » d’Apocalyptica, premier opus tout instrumental du groupe depuis bien longtemps) mais aussi de gros concerts (dans des genres complètement différents, Sabaton et Slipknot auront mis le feu au Zénith de Paris). Côté festival, le Cernunnos Pagan Festt aura réussi à attirer foule de curieux avec une affiche éclectique et de qualité. C’est toujours un réel plaisir que d’assister à ce grand petit festival. On ne pensait pas, malgré les actualités grossissantes, que ce serait le dernier pour bien longtemps…

Avec la pandémie de Covid-19, 2020 aura été une année quasi-blanche pour toute la profession du spectacle. Elle a aussi obligé les musiciens à se réinventer : vidéos playthrought, FAQ, concerts en streaming avec accès payant, merchandising développé … De nombreuses solutions pour garder un contact social avec son public, même si elles ne pallieront jamais à l’absence de contact humain laissée par les concerts. Nous avons grande hâte de les retrouver, espérons-le dans un avenir tout proche.

2020 aura aussi sonné la fin pour ces quelques groupes, soit par manque financier, soit à cause de tensions exacerbées par la situation actuelle. Elle aura également donné lieu à des changements importants de line-up (on pensera à Nightwish ou plus récemment à Delain)

————————————————————————————————————————————-

Néanmoins, elle n’est pas que négative. Elle restera aussi une année prolifique en ce qui concerne les albums studios : on a pu assister à des retours prévus de longue date, à des belles surprises, à des groupes émergeants, mais aussi à quelques déceptions. Voici, pour nous, les albums à retenir sur cette année 2020, sans aucune hiérarchie.

Dark Tranquility – Moments (20/11/2020 – Century Media Records)
Notre chronique à lire ici.

Premier album du groupe depuis le départ de Niklas Sundin (guitare), les Dark Tranquility reviennent au top de leur forme avec un « Moment » plus incisif et agressif. Après les demi-déceptions qu’étaient « Atoma » et « Construct », les suédois démontrent qu’ils ont leurs places au panthéon du death metal.

81aZvmHSBvL._SY355_

Loudblast – Manifesto (06/11/2020 – Listenable Records)
Notre chronique à lire ici

« Manifesto » fait place à 42 minutes d’une fureur dévastatrice tout en sachant trouver le bon équilibre entre les racines death, les évolutions vers le doom avec un petit zeste de black. Une charmante agressivité, et un must-have de 2020.

album-manifesto

Nuclear Power Trio – A Clear And Present Rager (02/10/2020 – Metal Blade Records)
Notre chronique à lire ici.

Si le trio américain parodique nous a désarçonné dans un premier temps, leur premier EP, mélange brut de groove et de puissantes mélodies, a mis tout le monde d’accord. Une galette d’une grande qualité musicale à découvrir impérativement et un groupe à suivre de très près (tout en respectant les gestes barrières)

Nuclear-Power-Trio-–-A-Clear-And-Present-Rager

Dark Buddha Rising – Mathreyata (13/11/2020 – Svart Records)

Le groupe finlandais continue de se constituer une discographie unique et « Mathreyata » n’échappe pas à la règle. Hypnotique, psychédélique, cet album constitue une expérience sensorielle hors du temps. On y atteint des sommets divins. On se demande si Dark Buddha Rising pourra encore aller plus haut sur la prochaine galette !

a1121024153_10

Déluge – Aego Templo (06/11/2020 – Metal Blade Records)
Notre chronique à lire ici
Notre interview à découvrir là

Avec son – et seulement – deuxième album taillé véritablement dans la roche, les Déluge arrivent à trouver le parfait équilibre entre des riffs puissants et agressifs et une atmosphère aérienne et onirique. Une parfaite alliance entre l’espoir et la destruction, et un opus merveilleux qui donne ses lettres de noblesse au post-black metal.

téléchargement (2)

Lunatic Soul – Through Shaded Woods (13/11/2020 – Kscope)

Album plus lumineux pour ce projet parallèle de Riverside, à contre-courant de toute la noirceur des derniers opus du groupe. Une musique folklorique, presque médiévale, qui fait du bien au moral en ces temps plus que troublés.

LUNATIC-SOUL-Nouvelle-video

Devildriver – Dealing With Demons I (02/10/2020 – Napalm Records)
Notre chronique à lire ici

Retour gagnant pour le combo américain, qui parvient enfin à se renouveler avec la première partie de ce diptyque plus personnel pour le frontman, Dez Fafara, mais aussi une musique plus alambiquée tout en gardant l’aspect groovy du groupe.

DevilDriver-Dealing-With-Demons-I

Katla – Allt þetta Helvítis Myrkur (13/11/2020 – Prophecy Productions)

Ce groupe au doux nom de volcan, fruit de la collaboration entre Einar Thorberg Guðmundsson (Fortíð, Potentiam) et Guðmundur Óli Pálmason (ex-Solstafir), prend des routes plus sinueuses et plus obscures avec cet opus par rapport aux précédentes galettes. Une atmosphère lourde, écaillée qui ne devrait que vous remuer les tripes.

81pFaZ8DCiL._SY355_

Paradise Lost – Obsidian (15/05/2020 – Nuclear Blast)
Voir la chronique ici

Retour aux sources pour Paradise Lost avec un « Obsidian » plus proche de « Draconian Time » et de « One Second », avec des titres plus accessibles, tout en mettant en avant des structures bien plus complexes qu’auparavant. Un excellent album pour les britanniques.

468234

Survival Zero – Ascension (24/04/2020 – Autoproduction)
Voir la chronique ici
Voir l’interview ici

Un premier album solide et une galette qui respire la fraîcheur pour la formation française. Des compositions complexes venant tâter des riffs hargneux, et un grunt à vous couper le souffle. Et la production est à tomber par terre. Un opus qui fait beaucoup de bien, et un groupe à suivre de très très près (encore une fois en respectant les gestes barrières).

survival-zero-fait-le-pont-the-ascension

Apocalyptica – Cell-0 (10/01/2020 – Silver Lining Music)
Voir la chronique ici
Voir l’interview ici

Enfin un bel album du groupe de violoncellistes (et du batteur Mikko Sirén) sur lequel on sent qu’ils osent faire ce qu’ils veulent. Un opus tout instrumental, à la liberté de ton qui fait plaisir, qui perdra pourtant les fans de ces dernières années, mais ravira au plus haut point ceux de la première heure.

80975931_10157759615769471_7768754381356269568_n

[CHRONIQUE] Survival Zero – Ascension (coup de coeur)

Groupe français originaire de Troyes, les Survival Zero nous offre, avec ce premier jet, «Ascension», un vent de fraîcheur dont nous avions bien besoin.

Pourtant, ce ne sont pas les talents qui manquent dans notre genre musical favori, surtout niveau national ! Mais les Survival Zero ont mis la barre très haute avec un premier opus, «Ascension», hautement réussi !

Il faut dire que tous les membres du groupe sont des musiciens très expérimentés, venant tous de milieux assez différents. La musique de Survival Zero est le résultat de ce melting pot qui nous paraît, de prime abord, improbable, mais qui marche et à la perfection !

Les solis de guitares à la thrash metal viennent côtoyer la voix puissante et dévastatrice de Pierre, qu’on croirait presque sorti d’un projet Mathcore comme The Dillinger Escape Plan! Le caractère aérien et stellaire de la musique vient se frotter à la violence des riffs ! Les Survival Zero ont construit un propre cheminement, celui de la voie vers la lumière lorsqu’on croit qu’on ne pourra plus se relever. L’album, suivant ce fil rouge, est incroyablement varié, présentant différentes facettes de la musique du groupe, tout en gardant une idendité propre.

Avec «Ascension», les Survival Zero nous présente une musique à la fois complexe et accessible, légère et lourde, belle et alambiquée. Cet opus nous réserve de nombreuses surprises au fur et à mesure des écoutes, pour notre plus grand bonheur. Un premier jet impressionnant… A écouter de toute urgence.

10/10

survival-zero-the-ascension-1024x922

[INTERVIEW] Pierre (Survival Zero) : « on ne prend pas forcément des directions qui nous amènent là où l’on voudrait »

Si Survival Zero est un jeune groupe issu de la scène française, leur musique, entre le death mélodique et le mathcore, est un mélange à la fois mature et étonnant, qui vous fera secouer très fort les tifs. Rencontre avec Pierre, le chanteur du groupe le plus fascinant de ces derniers mois.

Metal-Actus : Vous venez tous d’horizons différents, notamment d’Embryonic Cells, groupe de Black metal. Comment vous vous êtes retrouvés sous cette seule et même bannière qu’est Survival Zero ?

Pierre Lebaillif (chant) : On se connaît tous d’avant, et on est, pour la plupart, des potes de très très longue date. On a même eu des groupes ensemble. J’ai lancé un peu l’initiative du projet en faisant écouter des idées de chansons à Thibault, notre batteur : on a jammé dessus quelques mois, et après on s’est tourné vers d’autres copains, Ben, Régis et Pierre qui ont pu apporter leur patte, leur touche, leur sensibilité à notre son. Même si on a créé les fondations de Survival Zero avec Thibault, rien n’a été imposé, bien au contraire. L’arrivée de chacun des membres du groupe a fait évoluer le groupe et sa musique vers le haut.

Quel est la signification de votre artwork ?

C’est lié à la signification des paroles de l’album : j’ai puisé dans un moment de ma vie où j’avais été malade – j’ai fait une dépression – et je m’en suis guéri avec l’aide des soignants. J’ai essayé de poser des mots là-dessus et sur le cheminement vers le haut par lequel je suis passé. C’est ce à quoi fait référence le titre de l’opus et ses paroles. Mais parfois, on ne prend pas forcément des directions qui nous amènent là où l’on voudrait, et on tombe sur un cul-de-sac ! L’artwork représente ça : tu as cette crise à vide dans le bas de la cover, on sent ce personnage central assez sombre, en méditation avec un visage assez neutre, et les quatre squelettes sont la représentation de ces voies sans issues qu’il a pris et qui font tout de même partie de son histoire. Tout le monde, dans sa vie, connaît des échecs, dont on peut forcément en tirer des leçons qui sont importantes.

Peux-tu m’en dire plus sur le clip du morceau-titre ?

C’est un morceau qui intervient au début de l’album : il est un peu conceptuel, il a son histoire propre mais il y a quand même un point de départ, avec l’introduction et le morceau qui suit «The Old Man’s Path», à savoir l’état d’esprit avant de commencer l’ascension. Et dans «The Ascension», cette dernière démarre. Dans le clip, il y a l’idée d’un enfermement, et d’une volonté de s’en extirper. Mais avant d’en sortir, on fait face à soi même : alors il y a d’autres personnages qui interviennent, mais peut-être qu’ils n’existent pas, que c’est la propre folie liée à l’enfermement du protagoniste principal qui les a créé. Il faut alors s’en débarrasser pour aller de l’avant et commencer cette élévation.

A propos de «Degnration», votre morceau le plus groovy, que peux-tu m’en dire sur sa conception ?

Le premier riff de la chanson est le premier qui nous ait venu en tête quand on s’est mis à composer. Et c’était plus de l’ordre de la blague à vrai dire car il ressemble vachement à du vieux Metallica ce riff, de la période «Ride The Lightning» (rires) ! Et en fait, l’idée me plaisait ! Sauf que derrière, c’est un morceau un peu à tiroirs, on a dans la première partie ce côté thrash brutal, et dans la deuxième partie, il y a ces arpèges au milieu, donnant un côté un peu tribal, et ça se finit sur un breakdown ! Et dans sa conception, le morceau dégénère à un moment. Et c’est comme ça que le titre est venu en fait. Dans les paroles, j’évoque des moments où ça déraille dans l’esprit de quelqu’un, comment il fait face, toujours avec ce rapport à l’isolement et la folie que ça génère, qui est quasi présent sur toutes les chansons.

Que peux-tu me dire sur «Fondations» ?

Il a ce titre-là pour deux raisons : déjà parce que c’est le morceau qui est à la base de tous les autres. J’ai mis beaucoup de temps à définir la structure du morceau parce que j’avais un riff, puis un deuxième, puis un troisième … et ces riffs, qui étaient de base pour ce morceau-là, ont atterrit sur tous les autres titres de l’album. Il a donné naissance au reste, en tout cas pour moi dans les propositions initiales que j’ai pu faire. C’est vraiment la fondation du groupe, sa base. Après, dans les textes, j’évoque beaucoup l’espace : je suis très inspiré par la littérature, notamment celle de science-fiction. Je suis très inspiré par Isaac Asimov et sa série d’histoires, «Fondations» : il fait voyager ses personnages, il les fait faire se confronter à des bouleversements à l’échelle de toute l’humanité, des choses plutôt négatives mais pour reconstruire derrière quelque chose d’autre, de plus positif. Dans les deux derniers romans de ce cycle, et surtout dans le dernier – pour rappel l’humanité a colonisé la voie lactée, et il recherche la planète des origines – j’y vois la métaphore de l’humanité qui recherche son berceau, qui recherche ses origines. Et à l’heure actuelle, on ne vit que sur une seule planète, mais il y a déjà une quête que l’humanité entreprend sur ses origines par la science, par la philosophie, même par les religions … Le morceau parle de ces chemins qu’on parcourt pour retrouver ses bases, des bases solides, et se construire peut-être autrement. Après, musicalement, c’est un morceau qui a quand même, maintenant – et il y a des gens qui nous l’ont fait remarquer, ce serait mentir que de le nier – une grosse influence Gojira : on a ce côté massif avec les dissonances créés par les accords de guitare, ce qui n’est pas forcément très commun, qui se conjugue avec un côté assez épique.

«Cold Spot» est votre intermède instrumental de plus de deux minutes. Pourquoi l’avoir choisi de mettre dans cette position précise dans la tracklist de l’album ?

On a essayé, sur tout l’album, d’avoir un enchaînement des titres qui soit le plus logique possible, en tout cas pour nous. Je te disais que sur «Fondations» il y avait des riffs qui étaient nés de sa composition qui ont donné naissance aux autres morceaux de l’album, donc il y a ce genre de liens entre les chansons. Mais à un moment donné, il faut arranger tout ça dans la tracklist d’un album. On a, de façon inconsciente essayé de réfléchir comme dans un film, avec son introduction qui pose l’environnement et les personnages, son développement d’une ou de plusieurs histoires, avec un rythme propre à chaque histoire. «Cold Spot» permet de chapitrer un peu l’album avant son final. Et puis c’est bien des respirations instrumentales aussi. Je suis le chanteur du groupe, mais je n’aime pas les groupes où il y a trop de paroles, où on entend trop la voix tout le temps ! (rires).

Comment s’est passé la release party virtuelle de samedi ?

Ce n’était pas en direct ! On l’avait enregistré au préalable parce que les disponibilités de chacun n’étaient pas toutes simultanées, entre le télétravail et les reprises d’activité. On voulait aussi garantir un contenu assez qualicatif parce que je ne te le cache pas, quand on a enregistré ça, il y a certains moments où les private jokes ont un peu trop pris le pas sur le reste (rires). On n’a pas voulu faire un truc trop sérieux non plus mais on aurait fait une émission de 5h30 si on avait tout laissé (rires). Je pense que la playlist a plu aux personnes, c’était assez varié car on a diffusé que trois extraits du nouvel album ! Pour le reste, il y avait une dizaine de morceaux qui passaient de Tool à Dissection, de The Black Dahlia Murder à Slipknot.

Vous avez des pistes pour des concerts après cette épidémie ?

On ne sait pas dans quelle mesure on va pouvoir assurer nos concerts – qui ont été reporté -mais dès que possible, la priorité, ce sera de bouffer des kilomètres pour faire nos shows. Des associations commencent à nous contacter pour des concerts, on fait aussi quelques démarches de notre côté. Mais c’est difficile, car tout le monde navigue à vue. On a bon espoir de reprendre les concerts à l’automne. On verra bien.

Un dernier mot ?

On parlait des concerts à l’instant, alors au nom du groupe, je transmets nos salutations et notre soutien à tous les acteurs de la culture, quels qu’ils soient et pas uniquement dans la musique. Je pense que c’est l’un des milieux qui morfle le plus, qu’on sous-estime même économiquement alors que ça a un poids assez monstrueux !!! On remercie les lecteurs de Metal-Actus et les gens qui nous suivent malgré le confinement, qui nous envoie des remerciements et des salutations : on est très touchés ! Et on espère très vite pouvoir reprendre le chemin des concerts, faire de la musique et vous rencontrer en vrai !

survival-zero-fait-le-pont-the-ascension