Archives de catégorie : Chronique

[CHRONIQUE] Elvenking – Reader Of The Runes /Rapture (Coup de coeur)

« Rapture » est le deuxième volet d’une trilogie entamé par les Elvenking en 2019 : « Reader Of The Runes ». Un projet lourd et ambitieux, d’une excellente qualité, qui apportera, espérons-le, le succès tant mérité aux italiens.

Loin d’être les « Rhapsody » bis, les Elvenking restent pourtant dans l’ombre de leurs illustres compatriotes. Ces derniers restant au même stade qu’à leurs débuts (sauf pour Luca Turilli, tellement en désaccord avec ses anciens comparses, qui a décidé de se lancer dans son propre « Rhapsody ») alors que les Elvenking évoluent, progressent, toujours dans la pénombre malheureusement.

Alors que ce « Rapture » est juste fabuleux, tant au point de vue de la musicalité que de l’histoire, commencé avec « Divination », sorti juste avant le Covid, en 2019. Et si ce dernier était plus dans la mélodie, dans le symphonique post-1990, « Rapture » est plus sombre, plus noir, avec, certes, toujours de superbes envolées mélodiques, mais aussi beaucoup de noirceur, de violence, notamment dans les riffs et les solos de guitare, qu’on croirait, à des moments, sortis d’un Kreator des grands jours. La voix de Damnagoras se fait particulièrement polyvalente, sans pour autant trop monter dans les aïgus (un peu comme le chanteur de Symphony X), mais va puiser parfois dans des graves surprenants, apportant la puissance nécessaire à la noirceur de cet album.

Enfin, s’il y a des morceaux ultra-accessibles qui restent en tête (la rédactrice de ce contenu se surprendra d’ailleurs à chantonner le refrain de « Bride Of Night » toute la journée), d’autres sont bien plus complexes à appréhender, et témoigne du savoir-faire d’un groupe qui sait faire évoluer son propre son : c’est le cas du très étonnant « Covenant », qui frôle les frontières avec un bon metal prog des familles (on sent d’ailleurs l’influence d’un certain Ayron !) , et ne sera peut-être pas compris de certains fans de la première école. De notre côté, nous, on trouve que ce titre apporte une atmosphère unique, à la limite du conte. Et qu’il donne un formidable coup de boost à tout l’album.

Vous l’aurez compris à la lecture de cette chronique, si « Rapture » n’est pas l’album de l’année, loin de là, on a, face à nous, un opus abouti, bien réfléchi, qui va faire en sorte de nous sortir, un peu, de notre zone de confort. La production est excellente, et on prend littéralement notre pied à l’écoute des morceaux qui composent cette galette. Un bel objet, à mettre dans toutes les mains pour faire découvrir, au plus grand nombre, le talent des Elvenking.

9/10

[CHRONIQUE] Lord Of The Lost – Blood And Glitter (Coup de Coeur)

Candidats malheureux (ou pas d’ailleurs) du dernier concours de l’Eurovision, les Lord Of The Lost sont pourtant bien loin d’être au creux de la vague : leur dernier album, « Blood And Glitter », a pris tout le monde par surprise. Et leur a apporté un succès assez inattendu.

Il faut dire que le groupe est très très largement sous-estimé (et à tort hein) sur la scène metal internationale : de base groupe de metal gothique indus (et on vous conseille très fort l’excellent « Judas », album sorti en 2021) fondé en 2007 en Allemagne par Chris Harms (actuellement au chant), la formation se balade entre collaborations prestigieuses, cover de grandes stars de la pop (Lady Gaga), albums aux connotations violentes transcendentes mais aussi à des albums plus poussés et plus risqués, comme ces trois opus d’auto-reprises par un orchestre classique !

Bref, le groupe aime surprendre là où on ne l’attend pas forcément. Et avec « Blood And Glitter », ils réussisent le tour de force de se rapprocher des origines musicales de Harms, à savoir le glam metal (lui qui a longtemps officié en tant que second chanteur et guitariste de The Pleasures) sans pour autant renier les origines gothico-indus de Lord Of The Lost. Mais s’ils s’aventurent dans un territoire plutôt connu, la prise de risque est énorme pour un groupe de la trempe des teutons, revitalisant une scène qui perd de sa superbe entre la redondance de Pain, le peu d’originalité des Deathstar, la trop grande intrônisation de Lindemann.

On s’est surpris à aimer ce vent de fraîcheur offert par le groupe, nous trémoussant à la fois le popotin et la tête, rêvant en même temps de violence et de paillette. Ce « Blood And Glitter » n’est peut-être pas parfait et fera perdre quelques fans plus férus de noirceur en cours de route. Ce sera dommage pour eux tant l’opus démontre la créativité d’un groupe qui ne cesse et ne cessera jamais de se réinventer. Les Lord Of The Lost réussissent à nous mettre la patate pour la journée, un grand sourire édenté sur le visage, grâce à une machine à tube efficace mais aussi de haute qualité. Et on en redemande encore.

9/10

[CHRONIQUE] Dropdead Chaos – Underneath The Sound (coup de coeur)

On l’avoue humblement ici : on n’aurait pas parié une cacahuette sur Dropdead Chaos et son premier album « Underneath The Sound ». Pourquoi ? On a eu peur que toute cette hype autour du « supergroupe » (terme pour désigner un ensemble musical composé de « petites célébrités » de la scène française ici), formé durant le premier confinement en 2020, nous déçoive hautement. Autant vous dire qu’on a eu bien tort.

Je ne saurai vous décrire la phénoménale baffe que je me suis prise en écoutant cet album. Je ne m’attendais vraiment à rien, la claque n’en fut que plus puissante encore. Dès le premier morceau – du même nom que l’album – et ces « Hey Ho, Hey Ho » (« on rentre du boulot ») (pardonnez-moi, il est tard, je m’égare), on est emporté par dix titres d’une rage et d’une hargne complètement folles, qui nous donne une énorme bouffée d’énergie.

Les dix morceaux qui composent cet album ont une ambiance particulière, même si on retrouve derrière un fil rouge : le new metal des années 1990/2000 (Korn, Slipknot, Soundgarden, Linkin Park…). Avec un petit arrangement que chacun des membres vient apporter : ce solo de Nils Courbaron sur « Save Yourself » aurait amplement mérité de se retrouver sur un album des Kreator ! Les parties de basse de Jacou donne un côté hyper funky à « Black Thoughts » et en fait l’une des plus mémorables de la galette . J’ai, en revanche, un peu plus de mal avec les parties « rappées » (notamment sur « What I’ve Learn » qui me sort complètement de ma transe auditive), mais cela ne tient plus de mes goûts personnels que d’un véritable manque à l’album. Le tout est souligné par une productions aux petits oignons – par HK du Vamacara Studios.

Avec « Underneath The Sound », Dropdead Chaos donne un énorme coup de pied dans la scène française . Ce groupe formé durant la pandémie, et dont les membres ne se connaissaient pas avant livrent uppercuts sur uppercuts. L’album est bien plus cohérent que ceux de certains groupes qui se connaissent depuis dix ans. C’est une boule d’énergie brute qui ne vous fera que le plus grand bien. Un grand bravo à eux !

9,5/10

[CHRONIQUE] Asylum Pyre – Call Me Inhuman

Après un important changement de line-up avec l’arrivée d’Ombeline Duprat (alias OXY) au chant en 2019 , et la sortie d’un album, « N°4 », qui aura fait figure de réelle rupture avec l’ensemble de la discographie du groupe, les Asylum Pyre enfoncent encore le clou avec la suite directe de cette galette, « Call Me Inhuman (The Sun – The Fight – Part 5) ». Sa sortie a été précédée d’une hype jusqu’ici assez inconnue pour le groupe, qui aura installé, chez nous, une petite peur d’être déçue.

Pourtant c’est tout le contraire qui s’est passé et bien plus encore : « Call Me Inhuman » est pesé dans chacun de ses mouvements, pensé dans chacune de ses paroles, travaillé dans chacun de ses moindres détails. Nous avons l’impression d’un travail plus qu’abouti, d’une histoire créée pour nous faire nous interroger, nous faire réfléchir sur le monde actuel et le futur qui nous attend. Qu’on aime ou non ce qu’Asylum Pyre nous propose ici, les douzes morceaux qui composent cet opus ne peuvent que nous interpeller. Bref, nous ne sommes pas pris pour des abrutis.

Et niveau musique, Asylum Pyre réussit à prendre une tout autre dimension : je reprochais, à titre personnel, un côté trop « brut de décoffrage » à « N°4 », qui cherchait à tout prix à instaurer une nouvelle dynamique, quitte à avoir une rupture plus franche avec le passé du groupe. J’ai la nette impression ici qu’il y a eu la prise de recul nécessaire pour avancer de nouveau. Le besoin de puissance et de rage est ici parfaitement utilisé et distillé dans tout l’album (en témoigne le massif et jouissif « The Nowhere Dance »), JAE et WIK se font plaisir avec des superbes solos bien sentis, la voix d’Oxy est juste SOMP-TU-EUSE, aussi à l’aise dans les tons les plus graves, presques chuchotés que dans les moments les plus hauts.

Bref, on n’arrive juste pas à se décoller les oreilles de « Call Me Inhuman ». Les titres s’enchaînent avec des refrains hyper catchy (ce « Fighters » va donner en live) mais aussi des morceaux plus complexes qu’on n’attendait absolument pas d’Asylum Pyre. Et le tout est souligné par une très belle production.
Le son est résolument plus moderne, plus énergique. Avec cet album, Asylum Pyre s’impose comme un poids lourd de la scène française, mais il réussit également à se trouver sa propre patte. Et à se débarrasser de toute étiquette, ce qui ne devrait jamais faire sens dans la musique. « Call Me Inhuman » est donc une belle surprise de la part d’un groupe qui mérite d’en tirer le plus de succès possible. A se procurer.

9,5/10

[CHRONIQUE] Klone – Meanwhile (Coup de Coeur)

Après la sortie de deux albums d’une douceur progressive désarmante, Klone revient à ses premiers amours sans pour autant renier ses dernières sorties.

Il n’y a plus de notions de genre, plus de barrières musicales quand on écoute ce « Meanwhile » : si cet album s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur, « Le Grand Voyage », sublime mais peut être trop larmoyant pour certains fans de la première heure, le groupe revient aussi à des riffs plus incisifs, voir même plus doomesques. Mais de l’autre côté, on a des rythmes plus jazzy, voire même plus bluzzy (ce morceau titre « Meanwhile » dont les lignes de chant de Yann Ligner me font étrangement penser à … Billie Holiday).

La batterie – enregistrée par Morgan Berthet (aussi connu pour officier dans Myrath et Kadinja) – se fait plus mordante, plus attaquante et est un formidable allié d’Enzo Alfano, dont la basse apporte la grande partie du côté progressif du groupe, par des solos biens sentis.

A vrai dire, « Meanwhile » parvient à réaliser un véritable tour de force pour Klone : arriver à définir, à affiner un son, qui ne verse ni trop, ni pas assez dans le pathos, pour parvenir à un équilibre divin, qui vous fera voyager, grandir, tripper.

Cet album sera peut-être celui de la consécration – et on parle bien à l’international – pour les poitevins, qui arrivent, tout en évoluant, à obtenir une musique organique. « Meanwhile » est un vrai plaisir pour nos oreilles et nos esprits trop embrumés par le climat actuel, et en arrive, presque, à devenir orgasmique. On ne saurait que trop vous conseiller de vous ruer sur cet album et apporter tout le succès que Klone mérite – enfin !

10/10

[CHRONIQUE] Threshold – Dividing Lines

Si le nom de Threshold parlera aux connaisseurs de la musique progressive, ce groupe datant des années 1990/2000 aura refait un très beau come-back avec la sortie de « Legends Of The Shire » en 2017, qui marquera non seulement le retour de Glynn Morgan au chant, mais aussi et surtout celui du succès, du moins critique. Il faut dire que les anglais sont assez sous-estimés sur les scènes internationales, malgré la qualité indéniable de chacun de leur album.

« Dividing Lines » reste dans la continuité de son prédécesseur, tout en ne s’octroyant pas le luxe de le surpasser : le duo guitariste/clavieriste incarné respectivement par Karl Groom et Richard West fonctionne toujours autant à la perfection, avec des passages mettant particulièrement en avant l’un ou l’autre des instruments.

Le chant de Morgan, de retour depuis 2017, se fait assez semblable à celui de James LaBrie, surtout au début de l’album : « Hall Of Echoes » plus particulièrement ressemble à du Dream Theater en bien plus accessible, avec une petite ambiance eighties mais avec une belle touche de modernité (notamment grâce aux claviers). Cette ambiance rétro-futuriste se retrouvera également sur l’introduction de « Let It Burn »- qui amènera un côté très Blade Runner – mais aussi par certains effets sur la voix, comme sur « Silenced », chose qui n’était, à mon sens, pas nécessaire au bon déroulé du morceau.

On passe par toutes sortes d’émotions, au fur et à mesure que les titres s’enchaînent : « The Domino Effect » est l’un des morceaux les plus épiques (les plus longs aussi !) de l’opus, il pourrait d’ailleurs facilement figurer à la bande-originale d’un gros blockbuster ! Mais son accessibilité, n’est que façade, tant ses passages alembiqués s’enchaînent, ponctués de break plus calme. Autre très beau morceau, « King Of Nothing » surprend par son chant extrêmement bien travaillé, passant par un timbre rocailleux à une note très haute. Et il commence par une somptueuse introduction au piano, qui annonce tout de suite la couleur : on va se faire transporter dans un monde à la fois plus beau et plus cruel. Quant à « Lost Along The Way », les arrangements du morceau lui donne un côté Supertramp qui fera vibrer certains amateurs du groupe.

La guitare fait toute sa place sur deux morceaux plus particulièrement : « Complex » qui est juste le titre le plus heavy de l’album (voire même peut-être du répertoire de Threshold) avec des riffs qui fusent à toute vitesse et « Run », dans lequel elle tient une place centrale : c’est autour de l’instrument que se construit toute la chanson.

Avec « Dividing Lines », les Threshold restent en terrain connu et conquis, ce qui ravira les fans de prog de la première heure. L’album reste également accessible à toute personne qui voudra découvrir le groupe, et donnera envie d’en connaître plus sur la discographie des anglais, terriblement sous-côtée. Un bien bel objet qui fait du bien aux oreilles.

9,5/10

[CHRONIQUE] Katatonia – Sky Void Of Stars (coup de Coeur)

Trois ans après la sortie d’un « City Burials » eclipsé par la pandémie de COVID-19, et en leur trentième décennie d’existence, les Katatonia publient « Sky Void Of Stars », qui tranchera avec le côté glacial de son prédécesseur. Un album qui paraît sous leur nouveau label Napalm Records, après avoir été un groupe symbolique de Peaceville Records.

 Et dès le début et le single « Austerity », cet album donne le ton : apprêtez-vous à vous faire embarquer dans un voyage aussi beau que dynamique ! Ce morceau, aussi complexe qu’entêtant – avec un refrain sacrément efficace – met particulièrement bien en avant la paire Moilanen/Renske, respectivement à la batterie et au chant, sur lequel tout l’album se reposera ! Cela donnera une dynamique à la fois folle et délicate.

« Sky Void Of Stars » est très différent de « City Burials », son désormais grand frère, qui a été taillé dans la glace. Car, malgré ses côtés lugubres, ce nouvel album est plus chaleureux, lumineux, et, en quelques sortes, mieux taillé pour le live que son prédécesseur, moins accessible.

Les Katatonia évoluent encore un peu plus sans pour autant que ce soit direct et franc : les nouveaux sons exploités par le groupe ne sont pas légions, et interviennent avec plus de parcimonie et de délicatesse que sur leur deux albums précédents, dont le changement était, certes salvateurs, mais assez brutal pour les fans de la première heure.

De plus, la formation ne renie pas ses origines : le sombre « Opaline » aurait pu facilement apparaître sur « Great Cold Distance » (2006), et avec ses envolées mélodiques, « Birds » aurait pu faire parti de l’album « Viva Emptiness » (paru en 2002). Quant au massif « Colossal Shade », c’est une véritable ode au gothisme des années 1980. Et il n’a rien à envier aux morceux d’un autre grand groupe du genre, Paradise Lost.

Avec « Sky Void Of Stars », on passe par toutes les émotions : du noir, du pessimisme et de la violence à la délicatesse, mélancolie, en passant par la beauté et le contemplatif. Katatonia parvient à atteindre cet équilibre parfait pour obtenir le sublime. Une balance, symbole d’une élégance toute propre aux suédois. Magnifique album.

9,75/10

[CHRONIQUE] Necropolis – Magoyond

Album terminant l’arc de l’apocalypse, entamé il y a dix ans à l’occasion d’une sombre histoire de mayas, « Necropolis » surprend son auditoire par sa qualité, sa production et surtout son audace. Chronique d’un pari réussi signé Magoyond !

Les zombies ne font plus dans la dentelle ! Suite à une campagne de financement participative couronnée de succès, les Magoyond ont su faire de « Necropolis » un album à la hauteur de toutes leurs espérances, des leurs comme des nôtres ! Chacun des morceaux représente une couleur différente bourrée d’influences en tout genre : on pourra citer Rammstein pour mettre le feu au « Charnier des Epouvantails », Gojira apportera une noirceur bienvenue à « L’Ordre Des Ombres », Devin Townsend ou encore Leprous nous aideront à pénétrer dans les « Catacombes ».

Pourtant, « Necropolis » est bien, oh oui bien plus qu’un cocktail d’hommages aux grands groupes du genre : les Magoyond utilisent tous les moyens en leur possession pour s’amuser et livrer une oeuvre (car oui, on parle bien d’oeuvre ici) unique. L’utilisation de l’orchestre ainsi que des choeurs est savamment bien dosée pour donner le petit côté épique qu’il manquait au groupe, jusqu’à en devenir complètement cinématographique. Si cela s’entend moins sur « L’Avènement Du Nécromant », dans lequel la construction en conte donne plus de lumière à Julien (Le Mago/voix), c’est sur le morceau-titre que cet orchestre pèse de tout son poids, jusqu’à mener lui-même la propre narration du morceau !

Les morceaux un peu plus, dirons-nous, « old school » ne sont pas en reste avec le très classique mais qui fera mouche « Monstapark », mais aussi, et surtout « L’Eveil Des Titans », qui aura su remporter mon adhésion, peut-être, grâce aux formidables lignes de basses signée Aspic, qui viendront parfaitement souligner le côté solennel du titre, l’avènement d’un nouvel ordre dominant.

Enfin un petit mot sur les deux plus belles réussites de cette galette : « Goliath Paradise », avec son air jazzy des temps modernes, nous plonge dans la Prohibition des années 1920 grâce notamment à une belle troupe d’instruments cuivres. Et puis il y a cette reprise tirée du « Roi Lion », « Soyez Prêtes », parfaitement adaptée à l’univers de Magoyond, et véritable manifeste politique pour rallier le plus de goules et d’indécis à la grande cause nationale qu’est la construction de « Necropolis ».

Bref, avec cet opus à la fois déluré, soigné et puissant par sa virtuosité, les Magoyond s’imposent dans le paysage metal français. Une belle et méritée récompense pour ces quatre geeks forts sympathiques dont le travail et le talent leur auront permis de porter leur concept jusqu’à la fin de cet arc. On vous conseille vivement de vous procurer cet album. Vous venez de gagner un sacré level up les gars.

9,5/10

[CHRONIQUE] Scarlean – « Silence »

Après quelques années de recul suite à la pandémie de Covid-19, les Scarlean dévoile une toute nouvelle galette, « Silence ». Plus qu’une confirmation, le groupe prouve avec cette dernière qu’ils sont capables d’une véritable évolution et réflexion sur leur propre son.

Il faut dire que les deux précédents opus du groupe, « Ghost » et « Soulmates » étaient peut-être un peu plus large, s’axant plus sur l’accessibilité. On ressent durant ce « Silence » une volonté d’affiner leur propre son jusqu’à trouver leur patte musicale. Avec un immense succès tellement le rendu est posé, mature, sombre et sublime à la fois. Le tout est souligné par une production impeccable.

Le Ghost, cette « mascotte » du groupe depuis le premier album, est toujours présent (même s’il est absent de la pochette cette fois), et son côté malsain, sale, sombre installé par les Scarlean côtoit une ambiance plus claire, pure, belle, incarnée par la femme en blanc (qui est la petite fille de « Soulmates ». ). Ces deux ambiances cohabitent et s’entremêlent à la perfection. Alexandre SOLES au chant incarne parfaitement ces différences en explorant, avec succès, plusieurs registres musicaux auquel les fans de la première heure ne s’attendaient pas.

On a donc là avec « Silence », un album tout à fait remarquable et d’une intelligence rare, puisqu’il évite de tomber dans l’écueil du tout public et démontre que les Scarlean sont en évolution constante. Les frontières entre les genres musicaux mais aussi entre les deux atmosphères radicalement opposées s’effacent pour ne faire plus qu’une. Et cela donne un son unique, d’une noirceur sublime. On adore.

9,5/10

[CHRONIQUE] ELEINE – Acoustic In Hell (coup de coeur)

Fondé en 2014 en Suède, les Eleine se sont distingués par un Metal symphonique teinté d’influences black, death et thrash metal. Alors quand on a appris la sortie d’un EP entièrement acoustique, on s’est demandé s’ils savaient bien où ils mettaient les pieds.

Et à vrai dire, c’est une belle surprise que nous a réservé le groupe avec cet « Acoustic In Hell » ! S’il n’y a pas de véritable nouveauté sous les tropiques nordiques, les suédois peuvent se féliciter de livrer un bel objet, bien produit (ce qui n’est pas le cas de certains groupes qui ont également sorti tout un album acoustique), avec une âme différente de l’originale, plus envoûtante.

Dépouillé de tout élément électrique, Eleine a l’intelligence de n’utiliser que trois instruments : une guitare acoustique, une percussion et la voix, toujours aussi sublime, de Madeleine Liljestam. On ressent toutes les influences du groupe, avec un côté très hispanisant, voire orientalisant, plus particulièrement sur « Memoriam ». Le chant clair nous fera parfois penser à un Nightwish des grands jours !

L’EP se pare donc d’une force exceptionnelle qui nous fait bouger les cheveux, et nous fera, le temps de quelques minutes, déconnecter de la réalité. Une vraie petite surprise pour une galette enregistrée en une semaine de temps, qui donne envie à tous les néophytes passant dans le coin de se pencher sur la belle discographie du groupe.

9/10