Archives de catégorie : Chronique

(CHRONIQUE) Molybaron – Something Ominous (Coup de coeur)

Les Molybaron ne chôment pas et sortent déjà leur troisième opus studio, intitulé « Something Ominous », profitant de la hype de la scène actuelle autour du groupe. Si l’opus nous a, à la première écoute, décontenancé, la voix envoûtante de Gary, alliée à la qualité des compositions, moins accessibles et polissées que sur les deux précédentes galettes, ont achevé de nous convaincre.

S’il y a des lecteurs plus assidus que d’autres dans l’assistance, vous savez ce que nous reprochons assez fréquemment à Molybaron : une musique, certes, belle et bien exécutée, mais sans spontanéité : c’est un peu comme si leur musique criait à la surface du monde « Salut on est Molybaron, désolés de déranger ».

Mais avec « Something Ominous », c’est différent. 

Le ton se fait plus grave, plus incisif, plus sauvage même (avec quelques riffs tout à fait dignes de The Dillinger Escape Plan surtout sur « Billion Dollar Shakedown »). La voix de Gary, se fait toujours autant exceptionnelle – et sérieusement, comment ce gars peut ne pas se considérer comme un véritable chanteur maintenant ? – et les titres s’enchaînent avec intelligence, les titres plus « calmes » (comme ce somptueux « Breakdown » avec cette intro toute douce au piano ) étant les bienvenus pour respirer.

Car sur ce « Something Ominous », le groupe semble bien plus ordonné, le propos se fait plus direct et percutant. On note qu’il prend ENFIN des risques et va explorer des tonalités différentes : « Vampires » en tête, avec des notes sombres empruntées au black metal, « Pendulum » et son refrain hyper heavy, « Set Alight » avec son rythme saccadé et changeant complètement fou et sa mélodie hyper entêtante, « Billion Dollar Shakedown » et son côté hardcore à la sauce new-yorkaise…. On sent que le groupe se relâche enfin et se permet d’aller explorer d’autres horizons, tout en sachant garder cette patte « molybarienne » qui caractérise le groupe depuis ses débuts.

« Something Ominous » nous aura donc fait changer d’avis sur Molybaron : de « trop poli », on voit désormais émerger une formation sûre d’elle, mature, qui nous livre un album de haute qualité qu’on retiendra longtemps, très longtemps au sein de la scène metal française mais aussi internationale. Le propos est concis, les musiques sont percutantes, les refrains addictifs ! Et on ne s’ennuie pas à l’écoute de cette galette, tant l’originalité (et parfois même une complexité assez tarabiscotée) s’étale dans chacun des morceaux. Molybaron, avec cet album, s’assume pleinement désormais. Au point qu’on aimerait beaucoup les revoir malgré notre récente douche froide du Motocultor 2022.

Et pour finir (et excusez mon langage) : bordel, qu’il est bon cet album !

10/10

[CHRONIQUE] Primal Fear – Code Red

Après avoir quelques peu divergé, les teutons de Primal Fear reviennent à la base : le speed metal qui a tant fait leur renommée. Et c’est peut-être en proposant un travail plus qualicatif qu’évolutif qui fait de ce « Code Red » est un bien meilleur album qu’attendu. Cinq ans après le redouté et conspué « Metal Commando », le groupe s’offrirait-il une nouvelle jeunesse ?

Qu’il est bon de retrouver un bon speed metal des familles ! C’est en tout cas le pari qu’on fait les teutons de Primal Fear : on sent que les membres du groupe ont travaillé leurs morceaux, mais dans le style qu’ils connaissent et dans lequel ils excellent, pour offrir aux fans, les titres les plus aboutis qui soient.

Il n’y qu’à voir le morceau d’ouverture de « Code Red » : « Another Hero » mettent à mal vos cervicales pendant un peu moins de cinq minutes. Excellente mise en bouche qui nous ouvre l’appétit et nous donne envie de découvrir l’album.

Et si la plupart des morceaux sont plus attendus, deux sortent particulièrement du lot : mon petit préféré, « Steelmelter », à vous secouer les tiffs dans tous les sens, et aussi et surtout « Cancel Culture », d’une puissance exceptionnelle que ce soit par les riffs ou les paroles, percutantes, chose rare chez Primal Fear. Et on pourrait facilement la comparer à des standards du genre, comme ceux d’Helloween ou de Gamma Ray.

Mais c’est surtout la production, le soin apporté à l’album, qu’on retiendra davantage : Primal Fear, nous offre avec ce « Code Red », de la qualité. Le groupe ne prend clairement pas ses fans pour des pigeons !

Et petite note au passage : quelle immense voix ! Le temps n’a pas l’air d’avoir d’emprise sur le frontman de la formation, Ralf Scheepers, qui approche de la soixantaine – déjà – le bougre!

Ce « Code Red » est donc un bel objet, de qualité, et particulièrement beau, que nous offre Primal Fear : tous les fans du groupe en seront grandement satisfaits, et avec son retour aux racines speed du groupe, l’album constitue une belle porte d’entrée pour la découverte de la carrière exceptionnelle des teutons. Mais c’est sutout la démarche, de faire vraiment – parce que tellement de personnes le disent mais ne le font pas – un album travaillé et abouti, qu’on retiendra le plus : une belle marque de respect envers les fans du monde entier !

9/10

[CHRONIQUE] Kataklysm – Goliath

Kataklysm n’aura jamais fait autant douter son public ces derniers temps : trois ans après la sortie de « Unconquered » qui prend un virage bien plus épique qu’à l’accoutumée (Amon Amarth, si vous nous entendez), nos chers cousins remettent ça avec « Goliath », abandonnant un peu cet aspect grandiose pour plus de brutalité, chose qui ressemble bien plus au groupe.

J’ai une affection toute particulière pour ce « Goliath », qui est passé sous silence par l’ensemble des critiques. Pourtant, contrairement à certains albums des Kataklysm, je le trouve bien plus agréable à écouter, la production est vraiment bien fichue, et on peut apprécier tous les éléments à leur juste valeur.

Et si la mélodie est toujours assez dominante, on retrouve ici les blasts qui ont fait la renommée du groupe, et qui manquait cruellement à « Unconquered ». Des jolies harmonies avec en plus le retour de la violence : voilà de quoi faire un cocktail des plus explosifs qui vous fera bien secouer les tiffs… euh les cheveux pardon !

Alors si on sent que Kataklysm cherche encore à tâtons la meilleure façon possible d’évoluer, ce « Goliath » fait bien plus que le job demandé : vous remuer la tête et satisfaire vos besoins de rage. Une galette hyper divertissante malheureusement sous-côtée.

9/10

[CHRONIQUE] Nuclear Power Trio – Wet Ass Plutonium (Coup de coeur)

Les blagues les plus courtes sont toujours les meilleures ? Après un premier essai validé avec l’EP  » A Clear And Present Rager », le groupe d’apparence satirique Nuclear Power Trio revient trois ans plus tard, cette fois avec un album complet, le bien nommé « Wet Ass Plutonium ».

Et si le groupe fait le buzz en portant les masques de Vladimir Poutine (Nick Schendzielos à la basse), de Donald Trump, (Greg Burgess à la guitare) et de Kim Jung-Un (Pete Webber à la batterie), et passé le pied de nez à la politique internationale, on retrouve une formation solide, aux compositions d’une rare complexité, sans pour autant mettre de côté le petit grain de fun qui fait le charme du groupe. Sur Wet Ass Plutonium, la musique prend la direction des années 1980 avec un clavier digne de l’époque et un saxophone utilisé à bon escient, en opposition aux solos de guitare électrique, et de guitare sèche. De quoi se retrouver projeté dans Miami Vice.

La basse prend la majeure partie des compositions – on sent que Schendzielos a pris un malin plaisir à mettre bien en avant cet instrument (trop) souvent en arrière plan – et la guitare se fait à la fois stridente et puissante – parfois se supplantant aux paroles qu’on s’imaginerait dans nos petites têtes. Seule la batterie se fait discrète, presque en figuration…. Dommage car il y aurait tellement de choses à exploiter pour Webber !

Ceux qui ne voit qu’un énième groupe satirique se trompent lourdement : les Nuclear Power Trio montrent, avec ce « Wet Ass Plutonium », qu’ils ne sont pas là pour la déconnade mais bien pour s’inscrire durablement dans le paysage metal international. Les trois musiciens, exceptionnels, se hissent presque à la hauteur d’un Liquid Tension Experiment, déversant dans nos oreilles des tappings endiablées et des riffs mélodiques étincelants. On ressort de ce voyage dans l’Amérique des années 1980 époustouflés, émerveillés, parfois même songeurs. Une musique qui ne manquera pas de vous interpeller. A écouter !

9,5/10

[CHRONIQUE] Elvenking – Reader Of The Runes /Rapture (Coup de coeur)

« Rapture » est le deuxième volet d’une trilogie entamé par les Elvenking en 2019 : « Reader Of The Runes ». Un projet lourd et ambitieux, d’une excellente qualité, qui apportera, espérons-le, le succès tant mérité aux italiens.

Loin d’être les « Rhapsody » bis, les Elvenking restent pourtant dans l’ombre de leurs illustres compatriotes. Ces derniers restant au même stade qu’à leurs débuts (sauf pour Luca Turilli, tellement en désaccord avec ses anciens comparses, qui a décidé de se lancer dans son propre « Rhapsody ») alors que les Elvenking évoluent, progressent, toujours dans la pénombre malheureusement.

Alors que ce « Rapture » est juste fabuleux, tant au point de vue de la musicalité que de l’histoire, commencé avec « Divination », sorti juste avant le Covid, en 2019. Et si ce dernier était plus dans la mélodie, dans le symphonique post-1990, « Rapture » est plus sombre, plus noir, avec, certes, toujours de superbes envolées mélodiques, mais aussi beaucoup de noirceur, de violence, notamment dans les riffs et les solos de guitare, qu’on croirait, à des moments, sortis d’un Kreator des grands jours. La voix de Damnagoras se fait particulièrement polyvalente, sans pour autant trop monter dans les aïgus (un peu comme le chanteur de Symphony X), mais va puiser parfois dans des graves surprenants, apportant la puissance nécessaire à la noirceur de cet album.

Enfin, s’il y a des morceaux ultra-accessibles qui restent en tête (la rédactrice de ce contenu se surprendra d’ailleurs à chantonner le refrain de « Bride Of Night » toute la journée), d’autres sont bien plus complexes à appréhender, et témoigne du savoir-faire d’un groupe qui sait faire évoluer son propre son : c’est le cas du très étonnant « Covenant », qui frôle les frontières avec un bon metal prog des familles (on sent d’ailleurs l’influence d’un certain Ayron !) , et ne sera peut-être pas compris de certains fans de la première école. De notre côté, nous, on trouve que ce titre apporte une atmosphère unique, à la limite du conte. Et qu’il donne un formidable coup de boost à tout l’album.

Vous l’aurez compris à la lecture de cette chronique, si « Rapture » n’est pas l’album de l’année, loin de là, on a, face à nous, un opus abouti, bien réfléchi, qui va faire en sorte de nous sortir, un peu, de notre zone de confort. La production est excellente, et on prend littéralement notre pied à l’écoute des morceaux qui composent cette galette. Un bel objet, à mettre dans toutes les mains pour faire découvrir, au plus grand nombre, le talent des Elvenking.

9/10

[CHRONIQUE] Lord Of The Lost – Blood And Glitter (Coup de Coeur)

Candidats malheureux (ou pas d’ailleurs) du dernier concours de l’Eurovision, les Lord Of The Lost sont pourtant bien loin d’être au creux de la vague : leur dernier album, « Blood And Glitter », a pris tout le monde par surprise. Et leur a apporté un succès assez inattendu.

Il faut dire que le groupe est très très largement sous-estimé (et à tort hein) sur la scène metal internationale : de base groupe de metal gothique indus (et on vous conseille très fort l’excellent « Judas », album sorti en 2021) fondé en 2007 en Allemagne par Chris Harms (actuellement au chant), la formation se balade entre collaborations prestigieuses, cover de grandes stars de la pop (Lady Gaga), albums aux connotations violentes transcendentes mais aussi à des albums plus poussés et plus risqués, comme ces trois opus d’auto-reprises par un orchestre classique !

Bref, le groupe aime surprendre là où on ne l’attend pas forcément. Et avec « Blood And Glitter », ils réussisent le tour de force de se rapprocher des origines musicales de Harms, à savoir le glam metal (lui qui a longtemps officié en tant que second chanteur et guitariste de The Pleasures) sans pour autant renier les origines gothico-indus de Lord Of The Lost. Mais s’ils s’aventurent dans un territoire plutôt connu, la prise de risque est énorme pour un groupe de la trempe des teutons, revitalisant une scène qui perd de sa superbe entre la redondance de Pain, le peu d’originalité des Deathstar, la trop grande intrônisation de Lindemann.

On s’est surpris à aimer ce vent de fraîcheur offert par le groupe, nous trémoussant à la fois le popotin et la tête, rêvant en même temps de violence et de paillette. Ce « Blood And Glitter » n’est peut-être pas parfait et fera perdre quelques fans plus férus de noirceur en cours de route. Ce sera dommage pour eux tant l’opus démontre la créativité d’un groupe qui ne cesse et ne cessera jamais de se réinventer. Les Lord Of The Lost réussissent à nous mettre la patate pour la journée, un grand sourire édenté sur le visage, grâce à une machine à tube efficace mais aussi de haute qualité. Et on en redemande encore.

9/10

[CHRONIQUE] Dropdead Chaos – Underneath The Sound (coup de coeur)

On l’avoue humblement ici : on n’aurait pas parié une cacahuette sur Dropdead Chaos et son premier album « Underneath The Sound ». Pourquoi ? On a eu peur que toute cette hype autour du « supergroupe » (terme pour désigner un ensemble musical composé de « petites célébrités » de la scène française ici), formé durant le premier confinement en 2020, nous déçoive hautement. Autant vous dire qu’on a eu bien tort.

Je ne saurai vous décrire la phénoménale baffe que je me suis prise en écoutant cet album. Je ne m’attendais vraiment à rien, la claque n’en fut que plus puissante encore. Dès le premier morceau – du même nom que l’album – et ces « Hey Ho, Hey Ho » (« on rentre du boulot ») (pardonnez-moi, il est tard, je m’égare), on est emporté par dix titres d’une rage et d’une hargne complètement folles, qui nous donne une énorme bouffée d’énergie.

Les dix morceaux qui composent cet album ont une ambiance particulière, même si on retrouve derrière un fil rouge : le new metal des années 1990/2000 (Korn, Slipknot, Soundgarden, Linkin Park…). Avec un petit arrangement que chacun des membres vient apporter : ce solo de Nils Courbaron sur « Save Yourself » aurait amplement mérité de se retrouver sur un album des Kreator ! Les parties de basse de Jacou donne un côté hyper funky à « Black Thoughts » et en fait l’une des plus mémorables de la galette . J’ai, en revanche, un peu plus de mal avec les parties « rappées » (notamment sur « What I’ve Learn » qui me sort complètement de ma transe auditive), mais cela ne tient plus de mes goûts personnels que d’un véritable manque à l’album. Le tout est souligné par une productions aux petits oignons – par HK du Vamacara Studios.

Avec « Underneath The Sound », Dropdead Chaos donne un énorme coup de pied dans la scène française . Ce groupe formé durant la pandémie, et dont les membres ne se connaissaient pas avant livrent uppercuts sur uppercuts. L’album est bien plus cohérent que ceux de certains groupes qui se connaissent depuis dix ans. C’est une boule d’énergie brute qui ne vous fera que le plus grand bien. Un grand bravo à eux !

9,5/10

[CHRONIQUE] Asylum Pyre – Call Me Inhuman

Après un important changement de line-up avec l’arrivée d’Ombeline Duprat (alias OXY) au chant en 2019 , et la sortie d’un album, « N°4 », qui aura fait figure de réelle rupture avec l’ensemble de la discographie du groupe, les Asylum Pyre enfoncent encore le clou avec la suite directe de cette galette, « Call Me Inhuman (The Sun – The Fight – Part 5) ». Sa sortie a été précédée d’une hype jusqu’ici assez inconnue pour le groupe, qui aura installé, chez nous, une petite peur d’être déçue.

Pourtant c’est tout le contraire qui s’est passé et bien plus encore : « Call Me Inhuman » est pesé dans chacun de ses mouvements, pensé dans chacune de ses paroles, travaillé dans chacun de ses moindres détails. Nous avons l’impression d’un travail plus qu’abouti, d’une histoire créée pour nous faire nous interroger, nous faire réfléchir sur le monde actuel et le futur qui nous attend. Qu’on aime ou non ce qu’Asylum Pyre nous propose ici, les douzes morceaux qui composent cet opus ne peuvent que nous interpeller. Bref, nous ne sommes pas pris pour des abrutis.

Et niveau musique, Asylum Pyre réussit à prendre une tout autre dimension : je reprochais, à titre personnel, un côté trop « brut de décoffrage » à « N°4 », qui cherchait à tout prix à instaurer une nouvelle dynamique, quitte à avoir une rupture plus franche avec le passé du groupe. J’ai la nette impression ici qu’il y a eu la prise de recul nécessaire pour avancer de nouveau. Le besoin de puissance et de rage est ici parfaitement utilisé et distillé dans tout l’album (en témoigne le massif et jouissif « The Nowhere Dance »), JAE et WIK se font plaisir avec des superbes solos bien sentis, la voix d’Oxy est juste SOMP-TU-EUSE, aussi à l’aise dans les tons les plus graves, presques chuchotés que dans les moments les plus hauts.

Bref, on n’arrive juste pas à se décoller les oreilles de « Call Me Inhuman ». Les titres s’enchaînent avec des refrains hyper catchy (ce « Fighters » va donner en live) mais aussi des morceaux plus complexes qu’on n’attendait absolument pas d’Asylum Pyre. Et le tout est souligné par une très belle production.
Le son est résolument plus moderne, plus énergique. Avec cet album, Asylum Pyre s’impose comme un poids lourd de la scène française, mais il réussit également à se trouver sa propre patte. Et à se débarrasser de toute étiquette, ce qui ne devrait jamais faire sens dans la musique. « Call Me Inhuman » est donc une belle surprise de la part d’un groupe qui mérite d’en tirer le plus de succès possible. A se procurer.

9,5/10

[CHRONIQUE] Klone – Meanwhile (Coup de Coeur)

Après la sortie de deux albums d’une douceur progressive désarmante, Klone revient à ses premiers amours sans pour autant renier ses dernières sorties.

Il n’y a plus de notions de genre, plus de barrières musicales quand on écoute ce « Meanwhile » : si cet album s’inscrit dans la continuité de son prédécesseur, « Le Grand Voyage », sublime mais peut être trop larmoyant pour certains fans de la première heure, le groupe revient aussi à des riffs plus incisifs, voir même plus doomesques. Mais de l’autre côté, on a des rythmes plus jazzy, voire même plus bluzzy (ce morceau titre « Meanwhile » dont les lignes de chant de Yann Ligner me font étrangement penser à … Billie Holiday).

La batterie – enregistrée par Morgan Berthet (aussi connu pour officier dans Myrath et Kadinja) – se fait plus mordante, plus attaquante et est un formidable allié d’Enzo Alfano, dont la basse apporte la grande partie du côté progressif du groupe, par des solos biens sentis.

A vrai dire, « Meanwhile » parvient à réaliser un véritable tour de force pour Klone : arriver à définir, à affiner un son, qui ne verse ni trop, ni pas assez dans le pathos, pour parvenir à un équilibre divin, qui vous fera voyager, grandir, tripper.

Cet album sera peut-être celui de la consécration – et on parle bien à l’international – pour les poitevins, qui arrivent, tout en évoluant, à obtenir une musique organique. « Meanwhile » est un vrai plaisir pour nos oreilles et nos esprits trop embrumés par le climat actuel, et en arrive, presque, à devenir orgasmique. On ne saurait que trop vous conseiller de vous ruer sur cet album et apporter tout le succès que Klone mérite – enfin !

10/10

[CHRONIQUE] Threshold – Dividing Lines

Si le nom de Threshold parlera aux connaisseurs de la musique progressive, ce groupe datant des années 1990/2000 aura refait un très beau come-back avec la sortie de « Legends Of The Shire » en 2017, qui marquera non seulement le retour de Glynn Morgan au chant, mais aussi et surtout celui du succès, du moins critique. Il faut dire que les anglais sont assez sous-estimés sur les scènes internationales, malgré la qualité indéniable de chacun de leur album.

« Dividing Lines » reste dans la continuité de son prédécesseur, tout en ne s’octroyant pas le luxe de le surpasser : le duo guitariste/clavieriste incarné respectivement par Karl Groom et Richard West fonctionne toujours autant à la perfection, avec des passages mettant particulièrement en avant l’un ou l’autre des instruments.

Le chant de Morgan, de retour depuis 2017, se fait assez semblable à celui de James LaBrie, surtout au début de l’album : « Hall Of Echoes » plus particulièrement ressemble à du Dream Theater en bien plus accessible, avec une petite ambiance eighties mais avec une belle touche de modernité (notamment grâce aux claviers). Cette ambiance rétro-futuriste se retrouvera également sur l’introduction de « Let It Burn »- qui amènera un côté très Blade Runner – mais aussi par certains effets sur la voix, comme sur « Silenced », chose qui n’était, à mon sens, pas nécessaire au bon déroulé du morceau.

On passe par toutes sortes d’émotions, au fur et à mesure que les titres s’enchaînent : « The Domino Effect » est l’un des morceaux les plus épiques (les plus longs aussi !) de l’opus, il pourrait d’ailleurs facilement figurer à la bande-originale d’un gros blockbuster ! Mais son accessibilité, n’est que façade, tant ses passages alembiqués s’enchaînent, ponctués de break plus calme. Autre très beau morceau, « King Of Nothing » surprend par son chant extrêmement bien travaillé, passant par un timbre rocailleux à une note très haute. Et il commence par une somptueuse introduction au piano, qui annonce tout de suite la couleur : on va se faire transporter dans un monde à la fois plus beau et plus cruel. Quant à « Lost Along The Way », les arrangements du morceau lui donne un côté Supertramp qui fera vibrer certains amateurs du groupe.

La guitare fait toute sa place sur deux morceaux plus particulièrement : « Complex » qui est juste le titre le plus heavy de l’album (voire même peut-être du répertoire de Threshold) avec des riffs qui fusent à toute vitesse et « Run », dans lequel elle tient une place centrale : c’est autour de l’instrument que se construit toute la chanson.

Avec « Dividing Lines », les Threshold restent en terrain connu et conquis, ce qui ravira les fans de prog de la première heure. L’album reste également accessible à toute personne qui voudra découvrir le groupe, et donnera envie d’en connaître plus sur la discographie des anglais, terriblement sous-côtée. Un bien bel objet qui fait du bien aux oreilles.

9,5/10