Archives par mot-clé : Magoyond

[LIVE-REPORT] Acyl et Magoyond, 13/05/2023 @ Petit Bain, Paris

Deux ans… C’est le temps qu’il aura fallu à Magoyond et Acyl pour se retrouver une date de concert, reports après reports, notamment suite à une impitoyable petite pandémie. L’attente était donc grandissante auprès du public, en particulier celui des rois zombies, après le succès phénoménal de leur dernier album « Necropolis ».

Et les deux groupes ne décevront pas : particulièrement Magoyond qui aura su adapter son set, plus heavy qu’à l’accoutumée et dont une certaine partie du public avait fait le déplacement uniquement pour les voir. En tête de gondole, « Le Chapiteau Des Supplices » et surtout « Les Catacombes » ont su envoûter un public d’ores et déjà acquis à leurs causes. Le tout servi par un son absolument excellentissime ! Seul petit bémol : les zombies ont donné l’impression de vouloir vite en finir avec leur set (alors qu’on sait qu’ils n’avaient qu’un tout petit 45 minutes de show) ce qui pour moi a fait perdre un peu de magie au concert.

Cela fait longtemps qu’on n’avait plus vu Acyl en concert ! Entre les concerts, entre autre, en première partie de Fleshgod Apocalypse et le Covid, les fans prennent leur mal en patience et attendent quelque chose de neuf et de frais à se mettre sous la dent. Mais en attendant, ce premier concert parisien depuis des lustres ravira tout le monde, les premiers concernés en particuliers tant leur grands sourires illuminaient leurs visages.

Et au menu du soir, petit best-of de la discographie du groupe, entre leurs deux galettes et les petites nouveautés (dont le très fabuleux « Nouveau titre » (le même qu’au Motocultor?)) avec en point d’orgue, trois morceaux acoustiques qui, si leur place dans la set list a quelques peu interrogé dans l’audience, auront su conquérir le coeur de beaucoup d’entre nous. Et avec un son, encore une fois, excellent (bravo aux ingé-sons, c’est rare d’avoir un son aussi bon en concert). Vivement le nouvel album, et vivement de nouveau les revoir sur scène !

Acyl et Magoyond auront su, grâce à leurs deux univers bien distincts, nous faire voyager des profondeurs de Necropolis aux plaines désertiques et ensoleillées d’Algérie. Et auront véritablement echanté notre soirée !

[LIVE-REPORT] Magoyond (Première partie Metalliquoi?) @ Zèbre de Belleville, 01/11/2022

Une campagne de financement participatif couronnée de succès, un album particulièrement bien réalisé et très soigné, une promo intelligente avec des objets qui deviendront très vite de collection (et vont s’arracher à prix d’or dans quelques années sur Ebay pour les plus téméraires d’entre nous) (les zombies viendront vous chercher) et enfin deux releases party à guichet fermé dans un des lieux les plus mythique de la capitale : le Zèbre de Belleville. Tout semble sourire à Magayond depuis maintenant une petite année. Oui mais alors c’est bien beau de le dire, mais sur scène, la défense de « Necropolis »… elle donne quoi de beau ?

J’arrive au « Golitah Paradise » … euh… dans un cabaret chaud bouillant et prêt à accueillir leurs leaders zombies préférés. Néanmoins, et comme tout concert qui se respecte que ce soit à Paris ou à Magoyondville, il faut qu’une première partie soit jetée en pâture pour réchauffer le public. Et le choix s’est porté sur la bande formée par le youtubeur Metalliquoi? et qui se spécialise dans les reprises.

Le spectacle ne m’a pas franchement emballé au premier abord, surtout quand on arrive sur un massacre en règle de Ghost – mes oreilles s’en souviennent encore. Mais le groupe se rattrapera plus tard en délivrant des prestations plus que correctes notamment sur la cover d’Alestorm. Bref, il fallait juste voir une bande de potes qui ont voulu se faire plaisir tout en restant humbles – ils se seront maquillés pour l’occasion, et fallait reconnaitre quels musiciens ils incarnaient. Mais rien de plus qui aurait pu me faire passer un bon moment – même si le public a pleinement adhéré au concept.

Les Magoyond procèdent ensuite eux-même au changement de set enfin …SOI-DISANT HEIN ! Non parce qu’en faisant mine de tester leurs instruments les gars envoient direct la sauce (et je crois qu’il y a eu un bon moment de flottement dans le public, beaucoup s’exclamant « Mais… ça a commencé ou bien ? ») avec « Kraken Palace », « Le Magasin Des Suicides » et « Hector Zam ». Cela nous permet de voir Léna à la basse pendant qu’un Aspic tout masqué (« ce n’est pas le virus Z, on vous aurait prévenu sinon » nous rassure le Mago) s’occupe derrière des claviers. Arthur est venu aussi tester son saxophone… enfin… OFFICIELLEMENT HEIN !

Les choses ensuite reprennent leur place et Aspic la sienne derrière sa basse pour passer aux choses sérieuses : pour cette seconde présentation de Necropolis sur scène, le groupe a misé sur à la fois de la sobriété, quelques blagues douteuses, des petits jeux de mots bien trouvés mais aussi l’immersion dans leur univers avec ce (très) bon choix de lieu qu’est le Zèbre de Belleville, « le plus petit cabaret d’Europe », pour paraphraser notre maître de cérémonie, qui instaure aussi une ambiance intimiste familiale et chaleureuse. Et rien qu’avec ces ingrédients, vous pourrez gérer une horde de zombies voraces du bout du tout petit doigt.

Et les morceaux de Necropolis passent bien évidemment l’épreuve du live – avec une mention spéciale toute personnelle pour « L’Ordre Des Ombres » qui prend toute sa dimension noire et toute sa puissance en live (moi qui trouvait le morceau plus faible que les autres sur album, et bien j’ai subitement changé d’avis maintenant). L’intégralité des morceaux sont soutenus par un public connaissant déjà par coeur les paroles ! Et puis ça rocke et ça swingue de tous les côtés. Hubert de Metalliquoi? rejoindra la joyeuse bande avec Arthur toujours avec son saxophone et Angèle pour reprendre un « Vegas Zombie » qui enflammera véritablement la fosse.

Je me décide alors à prendre un peu de recul et à quitter ma précieuse chaise – pas très stable il faut l’avouer – pour me retrouver à l’arrière de la fosse profiter un peu du spectacle. Le groupe entonnera certains de ses plus grands hymnes et terminera son set – passé à une vitesse folle – par les deux reprises les plus connues de son répertoire, « Soyez¨Prêtes » et « Le Pudding A L’Arsenic » qui achevera la horde de la plus belle des façons !

Les Magoyond auront fait un set qui ne manquait pas de sérieux tout en débordant d’humour. Avec un son, et je tiens à le souligner, d’une excellence absolue – bravo aux équipes, beaucoup de gros groupes n’auront jamais le son que vous avez eu ce soir – qui ne va pas trop agresser vos délicates cages à miel. Point final d’une splendide soirée, les membres du groupe viendront dans la salle échanger avec leurs fans jusqu’à la fermeture des lieux – mais les transports en commun n’attendent pas pur certains. Une belle performance donc, et on espère revoir la petite bande très vite dans les salles ou en festival (bookez les bon dieu de bois ! )

[CHRONIQUE] Necropolis – Magoyond

Album terminant l’arc de l’apocalypse, entamé il y a dix ans à l’occasion d’une sombre histoire de mayas, « Necropolis » surprend son auditoire par sa qualité, sa production et surtout son audace. Chronique d’un pari réussi signé Magoyond !

Les zombies ne font plus dans la dentelle ! Suite à une campagne de financement participative couronnée de succès, les Magoyond ont su faire de « Necropolis » un album à la hauteur de toutes leurs espérances, des leurs comme des nôtres ! Chacun des morceaux représente une couleur différente bourrée d’influences en tout genre : on pourra citer Rammstein pour mettre le feu au « Charnier des Epouvantails », Gojira apportera une noirceur bienvenue à « L’Ordre Des Ombres », Devin Townsend ou encore Leprous nous aideront à pénétrer dans les « Catacombes ».

Pourtant, « Necropolis » est bien, oh oui bien plus qu’un cocktail d’hommages aux grands groupes du genre : les Magoyond utilisent tous les moyens en leur possession pour s’amuser et livrer une oeuvre (car oui, on parle bien d’oeuvre ici) unique. L’utilisation de l’orchestre ainsi que des choeurs est savamment bien dosée pour donner le petit côté épique qu’il manquait au groupe, jusqu’à en devenir complètement cinématographique. Si cela s’entend moins sur « L’Avènement Du Nécromant », dans lequel la construction en conte donne plus de lumière à Julien (Le Mago/voix), c’est sur le morceau-titre que cet orchestre pèse de tout son poids, jusqu’à mener lui-même la propre narration du morceau !

Les morceaux un peu plus, dirons-nous, « old school » ne sont pas en reste avec le très classique mais qui fera mouche « Monstapark », mais aussi, et surtout « L’Eveil Des Titans », qui aura su remporter mon adhésion, peut-être, grâce aux formidables lignes de basses signée Aspic, qui viendront parfaitement souligner le côté solennel du titre, l’avènement d’un nouvel ordre dominant.

Enfin un petit mot sur les deux plus belles réussites de cette galette : « Goliath Paradise », avec son air jazzy des temps modernes, nous plonge dans la Prohibition des années 1920 grâce notamment à une belle troupe d’instruments cuivres. Et puis il y a cette reprise tirée du « Roi Lion », « Soyez Prêtes », parfaitement adaptée à l’univers de Magoyond, et véritable manifeste politique pour rallier le plus de goules et d’indécis à la grande cause nationale qu’est la construction de « Necropolis ».

Bref, avec cet opus à la fois déluré, soigné et puissant par sa virtuosité, les Magoyond s’imposent dans le paysage metal français. Une belle et méritée récompense pour ces quatre geeks forts sympathiques dont le travail et le talent leur auront permis de porter leur concept jusqu’à la fin de cet arc. On vous conseille vivement de vous procurer cet album. Vous venez de gagner un sacré level up les gars.

9,5/10

[INTERVIEW] Julien (Magoyond) : « Nos trois albums se font mutuellement référence »

Après une campagne de financement participative couronnée de succès, les Magoyond et leur toute nouvelle « Necropolis » étaient attendus au tournant, tellement le résultat promettait d’être grandiose. Et il faut dire que les quatre geeks morts-vivants n’auront pas déçus leur public de goules et de survivants avec ce qui est le point final à un arc musical débuté il y a un peu moins de dix ans. Julien, dit « Le Mago » et chanteur de la bande, a accepté de nous en dire plus sur leur nouveau rejeton.

Metal-Actus : Maintenant que « Necropolis » est sorti, êtes-vous tous un peu surpris de l’immense succès rencontré celui-ci ?

Julien « Le Mago » (chant/guitare) : Oh oui ! C’est complètement fou ! On ne s’attendait pas à autant de retours positifs et surtout bienveillant à son égard. On reste sur notre petit nuage.

Il s’agit de la fin d’une trilogie entamée il y a une dizaine d’années avec « Pandemia ». Mais « Necropolis » semble être à la fois la suite de ce dernier mais aussi la suite de « Kryptshow ». Tu peux nous expliquer ?

C’est effectivement un arc en trois chapitres : « Pandemia » racontait la fin du monde à la date où elle aurait dû arriver (en décembre 2012), « Kryptshow » faisait l’état des lieux sept ans plus tard et « Necropolis » l’acheminement vers une autre société et la construction d’une nouvelle ville sur les cendres de l’ancienne. Les trois albums se font mutuellement référence, car c’est à la fois les conséquences du premier et du deuxième album qui ont permis aux morceaux de « Necropolis » de voir le jour.

L’élément nouveau dans « Necropolis » est l’utilisation d’un véritable orchestre. Etait-ce prévu depuis le début et est-ce que vous l’auriez fait si votre campagne de financement participative n’avait pas remporté un immense succès ?

On a utilisé des arrangements musicaux virtuels, créé par nos soins sur un clavier, sur nos deux précédents opus. C’était notre souhait, notre rêve de pouvoir enregistrer avec un véritable orchestre. Sa réalisation reste une énorme surprise pour nous, et on va avoir du mal à revenir en arrière par la suite (rires). Pour nous, cela change tout : nos morceaux sonnent plus vrai, sont plus poignants, plus puissants. Si on n’avait pas eu le financement nécessaire, on aurait fait comme avant, tout en virtuel.

D’ailleurs, est-ce que vous vous y attendiez à ce succès pour votre campagne Ulule ? Est-ce que l’argent récolté vous a ouvert certaines portes, l’orchestre à part ?

Quand on a lancé cette campagne, on avait l’espoir d’atteindre au moins 20000 euros comme pour celle de « Kryptshow ». Résultat : on a atteint notre objectif en a peine deux heures, et le compteur s’est littéralement emballé sur la fin, si bien qu’on a terminé douzième projet musical de la plateforme Ulule avec près de 1001 pre-commandes ! On s’est pris une véritable claque, on ne s’attendait absolument pas à ce raz-de-marrée. Cela nous a permis de rechercher un label pour la distribution de notre album, et, après avoir exploré ce qui se passait en France, on a signé avec M&O Music. Ce n’était pas le premier qui s’était présenté à nous, mais on ne voulait pas d’une structure trop grosse pour nous. Mais surtout, cela nous a permis, malgré nos particularités, de nous faire respecter de la sphère Metal française : on a conscience qu’on reste en marge et atypique car on ne coche aucune case. Et labelliser les groupes avec des étiquettes reste beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense … Cela doit être la raison pour laquelle il reste difficile de nous placer, plus particulièrement en festival, mais on est demandeurs et on ne veut que jouer partout !

Concernant votre reprise de « Soyez Prêtes » issu du dessin animé « Le Roi Lion », quelles ont été les démarches pour pouvoir l’utiliser auprès de Disney ?

Je dois avouer qu’on a eu un peu peur car, pour avoir moi-même travaillé avec l’entreprise par le passé, on avait bien conscience que Disney protège énormément ses oeuvres. Pourtant nous n’avons pas eu de difficultés : il nous a suffit de payer la SACEM! Et on a reçu également un mail de Disney France nous félicitant pour la reprise. On y tenait beaucoup surtout qu’on ne fait pas beaucoup de covers car on veut absolument que le morceau puisse s’incorporer dans notre univers, ce qui était parfaitement le cas avec « Soyez Prêtes ».

Que peux-tu me dire sur « Le Charnier Des Epouvantails » à la couleur très indus, et même, on oserait dire, très Rammstein ?

Effectivement c’est le morceau de Metal qui tâche un peu avec un choeur extrêmement puissant ! Il ouvre « Necropolis » et nous plonge directement dans une certaine violence puisqu’on va tout brûler et démolir les ruines de Magoyondville pour construire une nouvelle ville, Necropolis. Elle est aussi très cinématographique, on dirait une séquence de bataille à la Seigneur Des Anneaux ! On a pu travailler avec un vrai choeur, ce qui a été une opportunité de dingue ! Si nous n’avions pas pu travailler avec ce choeur, la chanson aurait pris une direction totalement différente.

Que peux-tu me dire sur le morceau-éponyme « Necropolis » et pourquoi ne pas l’avoir mis en avant à la place de « L’Ordre Des Ombre », que je trouve moins facile d’accès ?

« Necropolis » est la chanson qu’on a toujours voulu faire. Notre album est construit en pyramide et elle y occupe la place centrale. Elle comporte tous les instruments – à la base, elle aurait dû être instrumentale. Mais elle est aussi tellement « trop » qu’on ne l’a pas vu forcément comme la chanson pour pouvoir accrocher notre public. Pour choisir les singles, on s’est alors basé sur deux grosses critiques qu’on a toujours eu : qu’on n’était pas assez metal – alors on a balancé notre morceau le plus « gojiresque » possible, « L’Ordre Des Ombres » – et pas assez accessible – et donc on s’est tourné vers « Goliath Paradise » qui avait le potentiel de parler à tout le monde avec son petit air jazzy, mais qui était aussi le plus clipable. Cette chanson constituait une bonne porte d’entrée à « Necropolis ». Et en plus, on l’adore !

« Goliath Paradise » a bien été tourné au Zèbre de Belleville ? Et d’ailleurs quelle est l’histoire derrière ce morceau ?

C’est bien ça ! C’est, en quelque sorte, la suite de « Six Pieds Sous Terre » et une mise à l’honneur des survivants de l’apocalypse de « Pandemia ». Elle a cette atmosphère plus feutrée qui plait beaucoup ! Les gens se retrouvent après trois années pas simples autour de cette chanson que j’ai voulu comme étant celle du rassemblement, mais aussi comme une métaphore sur la situation du monde. C’est aussi une chanson assez positive alors que, habituellement, j’en met plein la tronche à tout le monde (rires)

Un rapide retour sur vos deux releases partys qui se sont aussi déroulées au Zèbre de Belleville ?

Les deux dates ont été complètes rapidement. Et les gens ont découvert que le lieu était le même que celui du clip de « Goliath Paradise », ce qui nous a permis de jouer sur l’immersion dans notre univers et de délivrer un show plus scénique. Mais il a été difficile pour nous de présenter nos nouveaux morceaux : on a pu, heureusement, compter sur notre public de passionnés qui connaissait déjà les paroles de certaines chansons par coeur ! Et puis l’intimité de la salle – le plus petit cabaret d’Europe – nous a permis de retrouver un côté familial, chaleureux et bon enfant que nous n’aurions pas eu ailleurs. Il faut savoir qu’on avait considéré jouer à la Maroquinerie, mais on a fait le bon choix avec le Zèbre, qui nous semblait plus approprié pour nos shows !

Est-ce qu’un live serait prévu avec un orchestre ?

Ce serait un grand rêve et on espère qu’il pourra un jour se réaliser.

Maintenant que la trilogie est terminée, quelle sera la suite ? Va-t-on quitter Necropolis ? Voire même quitter le joyeux monde des goules bien heureuses ?

Impossible sur ce dernier point, on est désormais bien trop ancré dans le monde des morts-vivants pour nous tourner vers autre chose. En revanche, on quittera effectivement Necropolis/Magoyondville, on va prendre plus de recul et voir ce qu’il se passe ailleurs sur cette grande planète.

Un dernier mot ?

Je suis très heureux que notre univers et le chant metal en français plaisent de plus en plus ! Surtout pour notre joyeuse bande qui fait de la fusion et casse lees codes habeituels du genre. On espère continuer longtemps dans cette voie-là. Alors merci à tous et à bientôt sur les routes.