(INTERVIEW) Bruno (Shaârghot) : « Comme tous les groupes, nous devons à un moment évoluer »

Quelques années (et un Covid) après la sortie de « Break Your Body », les Shaârghot reviennent enfin avec une nouvelle galette « Vol III – Let Me Out » qui vient continuer l’histoire entamée, déjà, en 2015. Face à une attente grandissante des fans et d’autres d’ailleurs, le groupe était attendu au tournant. Bruno est revenu avec nous sur ce nouvel opus mais aussi sur le cheminement de Shaârghot depuis ces dernières années.

Metal-Actus : On a enfin un nouvel album de votre part, alors que le dernier datait de – si je ne me trompe pas – 2019 ! Alors certes, il y a eu votre court metrage « Black Wave » il y a eu des lives…

Bruno (guitare/percussions): Nous aussi on a été un peu frustrés (rires). On avait pleins de projets mais tout s’est arrêté en 2020 et au ralenti, notamment sur le tournage de nos clips, en 2021. On ne devait pas avoir autant d’attente entre deux albums.

Metal-Actus : J’ai entendu dire que vous aviez changé de direction sur ce volume III, et que finalement, vous avez rendu le Shaârghot plus énervé que dépressif. L’expression d’une certaine rancœur par rapport à la crise du COVID ?

Non car on s’applique à n’avoir aucune corrélation entre nos sentiments, comme une frustration, et notre manière composer. On a toujours pensé Shaârghot comme un univers à part entière dans lequel nos ressentiments du moment ne pouvaient pas avoir de place. Ce nouvel album, à mon sens, s’inscrit dans la continuité de « Break Your Body ». Mais comme tous les groupes, nous devons à un moment évoluer. Dans notre univers post-apocalyptique, c’est assez simple : on n’a plus de repère.  Toute musique devient alors possible. On est alors partis dans différentes directions, en fonction de nos influences propres : ce qui a donné des morceaux plus électro-metal, plus dumbass, voir rap même, mais toujours à notre sauce. Beaucoup d’éclectisme donc (rires). On a tous travaillé ensemble sur le rendu final

Pourtant, ce « Let Me Out » semblait avoir un aspect plus personnel, alors que jusque-là ce n’était pas le cas, je me trompe ?

Comme je te le disais plus tôt, on ne laisse aucune émotion personnelle transparaître via le personnage du Shaârghot. Mais je te confirme que c’est plus personnel pour notre protagoniste ! Il est plus cérébral, plus psychologique. Ce troisième album met en avant son côté noir, exacerbé par le parasite.

Comment s’est passé l’enregistrement avec l’arrivée de Paul ? A-t-il pu s’intégrer facilement, proposer des idées ?

Tout s’est très bien passé, et Paul a même œuvré dans le processus d’arrangement et de composition. Nous avions commencé à bosser sur l’album à 4 pour être rejoint ensuite, 7 mois plus tard, par Paul.  Il a pu ainsi apporter des modifications grâce au recul que nous n’avions pas. Et on voulait intégrer à notre troupe depuis longtemps un véritable multiinstrumentiste. Paul peut faire des samples, des percussions et de la guitare.

Pourquoi « Let Me Out » ? Pour signifier que le Shadow doit sortir ?

Elle décrit la phase clef quand un individu désire être un shadow : en injectant le parasite, on laisse sortir ce qui a de plus noir en nous. On met alors en avant notre état psychologique, pleins de failles.

Que peux-tu me dire sur « Red Light District », qui fut l’un des morceau mis en avant ?

C’est le morceau qui met en avant notre thématique au sein du groupe et les codes couleurs qu’on peut retrouver dans les clips précédents. C’est un titre dont on peut imaginer l’atmosphère.

Je voudrais revenir sur le court métrage que vous avez réalisé durant la pandémie, « Black Wave » : avec le recul, quel est ta vision sur ce projet ?

Ce fut très long et très éprouvant pour un court-métrage de ce type. C’était un vrai challenge et on n’a aujourd’hui aucun regret. Même si, dans l’immédiat, il n’est pas prévu de refaire un court métrage. On sait désormais qu’on en est capable.

Comment s’est passé la tournée ? Vous vous attendiez à autant de succès, malgré l’annulation de Punish Yourself sur vos dates ?

On s’attendait à voir du monde, vu la grosse progression de notre fanbase ces dernières années, mais pas autant. Et les Punish Yourself ont annulé tardivement et on s’est retrouvé dans une impasse : pas le choix, on y est allé. Et on a eu raison : on s’est retrouvé devant un très beau public.

Quels sont vos projets sur 2024 ?

On va changer de stratégie et passer un galon pour devenir de plus en plus professionnel. On part donc sur l’exploitation de cet album jusqu’en 2026 ! Côté shows, on a prévu des festivals à partir de mai, et des concerts en salle en automne, dont un à Paris, fin 2024-début 2025. On a aussi un clip qui sortira dans le courant du mois de mars.

En parlant de Paris, vous aviez une belle date ce 3 décembre au Trianon ! Comment elle s’est passée ?

C’était une date particulière car on n’avait pas sorti l’album, et seuls certains qui avait précommandé l’album, des petits chanceux, ont pu l’écouter avant. Mais nos cinq singles avaient donné la couleur, on a eu tout de suite des retours, donc nous n’étions pas non plus très inquiets. Et les retours en directs ce soir-là nous ont que confortés.  

Un dernier mot ?

Merci à notre public, fidèle et gentil (rires) et à bientôt !

[CHRONIQUE] Weapons Of Mass Seduction – Lord Of The Lost

On sait l’amour que porte les Lord Of The Lost, en particulier son chanteur Chris Harms, pour la pop. D’ailleurs, le dernier album en date du groupe, « Blood And Glitter », faisait déjà dans les jolies covers (on pense à cette reprise de « The Look » de The Roxette qui a fait l’objet, dernièrement, d’un clip déjanté). Cette nouvelle galette, « Weapons Of Mass Seduction », vient à point nommé pour les fêtes, comme un petit bonbon à savourer délicatement.

Car oui, l’album de reprises est, en tout cas de notre côté, notre petit plaisir coupable de ce début d’année. On apprécie toutes les saveurs de cet album, aux sonorités très eighties, y compris pour les morceaux plus récents (« Unstoppable » en tête). Les Lord Of The Lost se réapproprient parfaitement l’ensemble des chansons, leur insufflant une vibe glam rock, parfois même indus, chère au groupe.

Seul la reprise de Keane est en deçà du reste de l’opus : elle reste trop proche de l’original, et la comparaison entre Harms et Tom Chaplin semble inévitable, alors que les deux frontmen ont une voix et un chant diamétralement opposés. Au contraire, la reprise de « Smalltown Boy » est merveilleuse car sonne complètement différente, tout en gardant l’âme du morceau originel.

On notera aussi un travail inverse sur la chanson de Judas Priest, pour le coup plus « popisé » contrairement au reste de l’album.

Bref, en ce début d’année, on a certes un album de reprises, mais ce bonbon très bien produit, hyper-divertissant, (mais aussi que Lord Of The Lost montre tout le plaisir qu’il a pris en faisant cette galette) ne peut que vous mettre en joie. Et en cette période sombre et morose, une telle éclaircie est plus que bienvenue.

9/10

Any Given Day dévoile un nouveau clip, bientôt le prochain album !

« Come Whatever May » est donc le titre de ce nouveau clip signé Any Given Day ! C’est un extrait de leur album « Limitless », qui sortira ce 26 janvier via Arising Empire !

Tracklist :

01. Get That Done
02. Unbreakable
03. Limitless
04. Come Whatever May
05. Apocalypse
06. Shockwave
07. Best Time
08. My Way
09. H.A.T.E. (ft. Annisokay)
10. Broken Guardian
11. Shadow Walker

[INTERVIEW] Pilou (Tempt Fate) : « Le plus difficile, c’est de tous se trouver dans un style »

Tempt Fate a impressionné dès sa première galette par sa justesse, sa violence et son propos sans concession. Cinq ans après un premier album acclamé par tous, les toulousains reviennent avec le successeur et nouveau rejeton, « Holy Deformity ». Pilou, guitariste mais aussi fondateur du groupe, a accepté de revenir sur une génèse de cet opus, certes longue, mais bien plus aboutie.

Metal-Actus : Il s’est passé près de cinq ans depuis la sortie de votre premier album « Human Trap ». alors certes, il y a eu des singles entre temps, mais quelle est la raison de cette longue absence studio ?

Pilou (guitares/backing vocals) : Depuis notre création, et la sortie de notre EP, nous avons du faire face à différents mouvements de line-up. On voulait tout d’abord le stabiliser, et trouver une certaine cohérence entre nous, en tant que groupe mais aussi en tant qu’amis. De plus, on a une production live plus massive, et effectivement, la crise du Covid nous a particulièrement impacté. Et en studio, on a toujours été plus lents (rires). Et puis il faut savoir que Tempt Fate n’est pas notre premier métier, et que nous avons des vies bien remplies à côté !

Même s’il s’éloigne de votre premier album, on voit bien encore les influences sur « Holy Deformity », en particulier celle de Benighted !

Il est vrai que Benighted est toujours bien présent, mais nous avons pu y ajouter pleins d’autres éléments, en particulier grâce à l’arrivée de Jean-Phi (guitares), qui a pris le relai sur certaines compositions. Du coup, il bosse en particulier sur les harmonies et nos riffs de guitare, et notre son a naturellement évolué. Le plus difficile, c’est de tous se trouver dans un style, mais grâce à notre amitié, on a pu y arriver facilement !

Pourquoi d’ailleurs ce titre, « Holy Deformity » ?

Parce qu’il est brutal, tout en restant très sain (rires). Il est un peu dérangeant, mais tout en restant uniforme. Il renvoie à la question du corps : cela résume le fait qu’il nous suffit, la plupart du temps, d’un regard pour avoir beaucoup de choses à penser.

Que peux-tu me dire sur « Erlebnis » avec ce surprenant cri ?

C’est un mot en vieil allemand/autrichien. Le morceau porte sur une expérience freudienne : il est vif tout en étant empêtré dans des longueurs mortifères. Concernant ce cri, qui n’a pas été marrant à faire pour le chanteur (rires), c’est le résultat de cette chose qui, depuis le début de la chanson, lutte pour la vie jusqu’à ressentir, à la fin, un profond déchirement interne. C’est un truc lié à la psychiatrie – je suis dans la vraie vie psychiatre – qu’on tient en fil conducteur : on voulait s’en servir pour mettre en scène une tranche de vie fictive.

Que peux-tu me dire sur « Purge » ?

C’est un morceau très rapide, opaque, oppressant, et suffocant par son aspect grind. Le tempo court juste tout le temps. Elle porte sur un monde maternant. D’ailleurs, le morceau est construit à la manière d’une ritournelle qui tourne mal (rires).

Quoi de prévu niveau concert ?

On a, sans devoir annoncer quoi que ce soit, de belles dates pour l’année à venir : on va pouvoir se faire plaisir et roder notre set avec, entre autres, des morceaux exclus en live.

Vous avez, d’ailleurs, remporté un concours sur Facebook pour être sur l’affiche du festival From The Dust ! Vous vous y attendez, à ce succès ?

Oh que non ! Personnellement, les réseaux sociaux, ça me fait chier (rires), mais on a vu le concours et on s’est dit « Eh bah pourquoi pas ! » (rires). C’était la première fois qu’on participait à ce genre de chose, on s’est dit que cela ne nous coûterait rien, mais on s’attendait absolument pas à gagner ! (rires). On a bien fait d’aller emmerder les gens sur Messenger ! (rires). Cela nous a fait de la visibilité, et on est très content d’aller jouer dans ce festival !

Un dernier mot ?

Chantez des berceuses à vos enfants ! (rires) Et n’hésitez pas à venir nous voir en concert, et à nous donner vos retours : on est toujours ouverts pour entendre vos avis et les tranches de vie que cela vous inspire.

Sepultura annonce sa retraite – et une dernière tournée mondiale !

Après 40 ans de bons et loyaux services, les Sepultura ont annoncé l’arrêt des activités du groupe. (Communiqué à retrouver ici).

Les brésiliens en profitent pour annoncer une dernière et immense tournée mondiale, qui s’arrêtera en France, au Zénith de Paris, le 30 Octobre 2024. Ils seront notamment accompagnés de Jinjer et Obituary !

[INTERVIEW] Black River Sons : « Nous voulions nous éloigner un peu de l’image « sudiste » »

Black River Sons est un groupe français formé en 2016 prenant leurs racines dans le blues, le rock et le hard rock. C’est seulement leur deuxième album qui sort cet automne, le petit « Skins », qui s’éloigne assez franchement de son prédécesseur. Le groupe a accepté de nous en dire plus par mail !

(Interview réalisée par mailer – Merci à ROGER de Where The Promo Is)

Metal-Actus : Est-ce que ce deuxième album a été plus compliqué à composer que le premier ?

Black River Sons : Non, on  ne peut pas vraiment dire que ce deuxième album ait été plus difficile à composer. Après la sortie de « Poison Stuff » en 2019 , nous avions prévu de passer un peu de temps sur les routes afin de le présenter en live. L’arrivée de la pandémie a un peu contrarié nos plans , même si nous avons pu continuer à nous produire malgré tout. Au niveau de nos chansons, on n’avait rien de produit à l’avance, on écrit de manière cyclique, à l’envie et l’instinct. L’écriture de « Skins » s’est déroulée logiquement de manière assez fluide. La vraie différence réside dans l’implication des autres musiciens de Black River Sons plus présents durant le processus de création . Ce qui donne à l’album plus de   richesses et de diversités, donc un aspect, peut-être, moins monolithique .


Comment vous l’avez vécu cette période pandémique ?

Comme tout le monde , nous avons été bouleversés par la période covid : la période a été propice à l’introspection , et a eu une influence évidente sur l’ambiance , la couleur de nos morceaux. Cet album est vraiment plus sombre, plus lourd voire pesant, résultats de l’état d’esprit dans lequel on se trouvait durant cette époque troublée.

                                     
Je remarque, par rapport au premier album, une certaine évolution de la musique vers un style plus épuré et moderne (qui se voit jusque sur la pochette). Vous pouvez nous en parler ?

Nous voulions nous éloigner un peu de l’image « sudiste » et quitter le folklore relatif à cette étiquette, tout en gardant notre identité. On n’est plus vraiment un groupe de Southern Rock pur et dur. On peut retrouver un panel d’influences très large : du rock classique , du hard rock des 70’s, du stoner, du grunge.. bref l’étiquette sudiste s’est révélée être beaucoup trop réductrice et restrictive .Quant à la pochette il était évident qu’elle se devait d’être le révélateur de ce changement : fini les tonneaux , les chapeaux, la paille !

Pourquoi votre choix de premier single – et clip – sur « Birds And Beasts » ?

« Birds And Beast » nous représente parfaitement dans cette démarche d’évolution : on a grossi la production, moderniser l’écriture et actualiser la partie iconographique . Ce titre est celui qui affirme  le plus nos changements. Il rentre dans un format un peu plus « radio » et peut vous embarquer rapidement  avec sa rythmique plombée et son refrain accrocheur.

Que pouvez-vous me dire sur le très « tubesque » « No Pain No Gain « ?

On voulait un titre un peu « stade » avec un gros refrain et des choeurs puissant à l’unisson , un truc que tu peux chanter facilement et qui martèle la tête. C’est un morceau un peu à la Black Stone Cherry, gros son gros riff!

Que pouvez-vous me dire sur, pour le coup, le très sudiste « Spit it out « ?

Alors oui c’est très skynyrdien dans la construction du morceau avec des solos de guitares en questions/réponses, des choeurs féminins,… mais je dirais que la couleur générale est plutôt hendrixienne, Kenny Wayne shepherdienne (!!), à la Stevie ray également . On est plus dans le Texas blues (même si c’est un morceau binaire).

Enfin, la douceur de « The Road » surprend, surtout en clôture d’album. Que pouvez-vous m’en dire ?

On voulait une ballade acoustique à la base pour clôturer l’album. Fred notre bassiste, nous a proposé de s’y mettre : il avait une idée en tête . Il est venu avec ce magnifique morceau dont il  a composé la musique ,les arrangements , écrit les textes (comme tout le reste de l’album d’ailleurs) , et joué tous les instruments hormis la partie vocale. Et ça a été une évidence pour nous !

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