Archives de catégorie : Chronique

[CHRONIQUE] Haken – Virus

Devenus au fil des années les véritables figures de proue du metal progressif (virant à légers coups de pieds un certain Dream Theater), les Haken ont créé la surprise en annonçant, le 1er avril dernier, un nouvel album qui colle parfaitement à notre actualité, «Virus». Soyez rassuré, il ne s’agit point d’une création à la va-vite suite à l’arrivée de la pandémie de Covid-19, ou d’un poisson d’avril d’un goût douteux. Non, «Virus» est la deuxième partie du diptyque «Cockroach King », débuté avec «Vector» et prévu de longue date.

Passé ce malheureux hasard, ce nouvel opus regorge de surprises : plus rentre-dedans que ces prédécesseurs, on note un net retrait de l’aspect atmosphérique de la musique de Haken. Les morceaux sont nettement plus tarabiscotés, se rapprochant même de groupe tels que Unexpect.

Les guitares de Richard Henshall et de Charlie Griffiths nous bombardent de solos, mais aussi de riffs secs et chirurgicaux. La batterie de Raymond Hearne donne un rythme tribal assez proche de ce que peut produire Sepultura. La voix de Ross Jennings part moins dans les aigus et est plus posée, plus calme (peut-être même un peu trop calme à notre goût).

Niveau synthé, on retrouve ce délicieux son provenant tout droit des années 1980, prenant parfois une allure new wave, notamment sur les morceaux «Messiah Complex».

«Virus» est donc un opus complexe, plus terre à terre, regorgant de structures alambiquées qui feront le bonheur de tous les fans de progressif. Avec sa longue carrière, Haken arrive encore à nous surprendre avec des albums inventifs, instaurant une ambiance à chaque fois différente. Pour notre plus grand plaisir.

9,5/10

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[CHRONIQUE] Paradise Lost – Obsidian (coup de coeur)

Les piliers du gothic doom metal anglais, Paradise Lost, reviennent ce printemps avec une toute nouvelle galette, trois ans seulement après le ténébreux «Medusa». «Obsidian» tranche avec ses deux prédécesseurs à la fois par son retour aux racines, mais aussi son retour à la lumière.

«Obsidian» se rapproche plus donc d’opus sortis dans les années 1990, «Draconian Time» et «One Second» en tête. On lui trouve également beaucoup de liens avec un autre album sorti cette fois en 2012, «Tragic Idol».

La lourdeur du doom fait place à la mélodie à la guitare, qui se fera omniprésente tout au long de l’album (Greg Mackintosh nous gratifiant de quelques solos ma foi extrêmement bien sentis). C’est entêtant, solaire, plus particulièrement dans le morceau «Fall From Grace» que ce bon Nick Holmes vient contrebalancer par un chant d’une lourdeur extrême.

«Obsidian» est extrêmement inventif, surprenant. On s’attendait à totalement autre chose, les musiciens font tomber les barrières et donnent limite l’impression de s’amuser ! Holmes s’essaye à toutes sortes de chant, jusqu’au larmoyant dans «Ending Days», en passant par un growl massif dans «Darker Thoughts». L’ensemble reste très délicat, alambiqué et bien ficelé.

Si «Obsidian» ne révolutionne pas la musique de Paradise Lost, cet album est un véritable retour aux racines, avec des morceaux sonnant plus accessibles mais à la structure divinement complexe. Un opus tout en élégance et en retenue qui plaira à tout le monde.

9,5/10

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[CHRONIQUE] Conception – State Of Deception

C’est une renaissance à laquelle on ne s’attendait pas ! Après une mise en bouche avec l’EP «My Dark Symphony» (paru en 2018), les norvégiens de Conception sont revenus ce printemps avec cette fois un album studio – le premier depuis 1997 – intitulé «State Of Deception».

Dès les premières notes de «Of Raven & Pigs», le morceau suivant l’introduction assez Kamelot-ienne (13 ans en tant que chanteur du groupe laisse forcément des traces, n’est-ce pas Roy ?), les fans du groupe reconnaîtront tout de suite leur son, qui ne semble avoir que peu évolué depuis les années 1990. Un son rétro, à mi-chemin entre du vieux Soundgarden et Pink Floyd, qui donne une saveur particulière et addictive à cet opus.

Si on trouvait «My Dark Symphony» plus noir, plus sombre et plus complexe que ce à quoi nous avait habitué le groupe, cet album reste très facile d’accès, avec des riffs entêtants, des refrains entraînants et un côté plus solaire qui vous donnera la pêche pour le restant de la journée.

L’ensemble n’en demeure pas moins bien produit, bien pensé. Mention spéciale au batteur du groupe Arve Heimdal dont la frappe est à la fois puissante, précise et aérienne et surtout à Roy Khan (chant) qui laisse libre court à toute sa puissance vocale, et change du registre linéaire auquel il nous avait habitué avec son ancien groupe, Kamelot.

Energique et joyeux, «State Of Deception» est le contraire de «My Dark Symphony» tout en faisant partie de l’identité musicale de Conception : ce sont les deux faces d’une même médaille, l’une représentant le passé, l’autre l’avenir. Une manière de dire aux fans et au monde que le groupe est de retour, prêt à en découdre. Cet album est une petite pépite d’acier, qui satisfera tous les nostalgiques des années 1990.

9/10

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[CHRONIQUE] Witchcraft – Black Metal

Groupe fondé en 2000 en Suède, cité en tant que légende pour des personnes telles que Phil Anselmo, les Witchcraft, mené par un Magnus Pelander au top de sa forme, reviennent avec un opus bien particulier : «Black Metal».

Un titre bien paradoxal puisque ce nouvel album est entièrement acoustique : et même plus, puisqu’on entend uniquement un son de guitare sèche et la voix de Pelander.

Le son est assez délicat, tout en ayant en même temps un mix assez organique, faisant limite penser aux productions de blues américain des années 1950. Il garde, tout de même, un petit côté doom avec un chant lourd, psychédélique s’apparentant presque à Bob Liebling (des Pentagram).

Fin et élégant, ce «Black Metal saura vous sortir des sentiers battus et vous emmener vers un ailleurs plus serein, tout en gardant à la musique les racines doom de Witchcraft. Un opus hors du temps qui plaira .. ou non

9/10

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[CHRONIQUE] Survival Zero – Ascension (coup de coeur)

Groupe français originaire de Troyes, les Survival Zero nous offre, avec ce premier jet, «Ascension», un vent de fraîcheur dont nous avions bien besoin.

Pourtant, ce ne sont pas les talents qui manquent dans notre genre musical favori, surtout niveau national ! Mais les Survival Zero ont mis la barre très haute avec un premier opus, «Ascension», hautement réussi !

Il faut dire que tous les membres du groupe sont des musiciens très expérimentés, venant tous de milieux assez différents. La musique de Survival Zero est le résultat de ce melting pot qui nous paraît, de prime abord, improbable, mais qui marche et à la perfection !

Les solis de guitares à la thrash metal viennent côtoyer la voix puissante et dévastatrice de Pierre, qu’on croirait presque sorti d’un projet Mathcore comme The Dillinger Escape Plan! Le caractère aérien et stellaire de la musique vient se frotter à la violence des riffs ! Les Survival Zero ont construit un propre cheminement, celui de la voie vers la lumière lorsqu’on croit qu’on ne pourra plus se relever. L’album, suivant ce fil rouge, est incroyablement varié, présentant différentes facettes de la musique du groupe, tout en gardant une idendité propre.

Avec «Ascension», les Survival Zero nous présente une musique à la fois complexe et accessible, légère et lourde, belle et alambiquée. Cet opus nous réserve de nombreuses surprises au fur et à mesure des écoutes, pour notre plus grand bonheur. Un premier jet impressionnant… A écouter de toute urgence.

10/10

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[CHRONIQUE] Trivium – What The Dead Men Say

Trivium aura autant rassemblé que divisé durant cette dernière décénie ! Le groupe de metal extrême américain aura pris, début 2012 avec la sortie de «Vengeance Falls», un virage plus mélodique (avec un Matt Heafy toujours incroyablement juste en voix claire), et aura déçu et perdu quelques fans au passage, les prenant, à tort, pour du Metalcore (chose que le groupe aura fortement réfuté). Si «What The Dead Men Say» ne surprend pas, cet opus fait un joli rétropédalage et reste plus violent que ses prédécesseurs, tout en gardant une grande influence thrash !

«What The Dead Men Say» reste assez accessible, se plaçant en digne prétendant de Metallica, tout en gardant sa patte propre. Des titres comme «Catastrophist» ou «The Defiant» reste dans cette même veine à laquelle les Trivium nous avaient habitué, du thrash aux solis impeccables avec la voix – parfaite il faut le dire – de Matt Heafy.

Mais quelques titres sortent du lot par leur violence (même si elle n’est pas aussi extrême qu’aux débuts du groupe) et parfois même par leur rapidité (sur «Among The Shadows And The Stones» notamment). On peut regretter néanmoins l’absence de prise de risque du groupe sur un opus qui sonnera un peu trop familier à ses habitués.

«What The Dead Men Say» est un album sympathique qui reste dans la continuité des précédents opus de Trivium. Si l’ensemble est divertissant et délectable, on regrettera le fait que le groupe, malgré son apparent retour aux racines, ne sorte pas des sentiers battus. Un album qui plaira à tous fan du groupe qui se respecte.

8,5/10

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[CHRONIQUE] Havok – V

Les Thrasheux Havok reviennent ce printemps avec «V», qui est, comme son nom l’indique, leur cinquième album. Après quelques changement, notamment au niveau du line-up (l’impressionnant Nick Schendzielos à la basse laisse place au petit nouveau Brandon Bruce), et un précédent opus salué unanimement par la critique («Conformicide», sorti en 2017), le groupe est-il encore allé plus loin ?

Avec un titre simple pour cette nouvelle galette, Havok a voulu se recentrer sur l’essentiel, sur ce qui restent les racines du groupe : la violence. Et ce, dès le début, avec une puissance et une fureur limite empruntée à Keator. Passé les trois premiers morceaux, on arrive ensuite sur du mid-tempo, histoire de nous laisser reprendre notre souffle avant de repartir de plus belle !

Toutes les compositions sont d’une agressivité sans pareille, avec quelques petits côtés atmosphériques histoire de respirer un peu durant le morceau. On note aussi un bel aspect technique (malgré l’absence du bassiste Nick Schendzielos qui se fait cruellement ressentir) qui rend plus digeste des compositions presque doomesque !

Si «V» démontre tout le savoir faire d’Havok, l’opus ne fait pas dans l’originalité, se limitant à contenter les fans de thrash de tout bord. Mais cet opus reste de bonne facture, solide et saura réjouir l’amateur de violence que nous sommes tous !

8,5/10

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[CHRONIQUE] Katatonia – City Burials (Coup de Coeur)

Suite à la tournée de l’album «The Fall Of Hearts» en 2017, les Katatonia annonçaient se mettre en pause et prendre du recul sur le groupe. Un hiatus de très courte durée puisque un peu plus de trois ans plus tard sort «City Burials», galette qui suscite notre très grand intérêt.

Si «City Burials» suit la continuité logique d’une évolution musicale entamé par «Dead End Kings», il est plus doux, moins gothique que ses prédécesseurs. Il s’en dégage une atmosphère planante, parfois dérangeante quand la noirceur des paroles vient côtoyer la douceur des compositions.

Une belle voix féminine (celle d’Anni Bernhard de Full Of Keys) contraste parfaitement avec la voix grave et aérienne de Jonas Renkse. On entend d’ailleurs ce dernier prendre quelques risques et aller dans des tons plus graves et plus aigus que d’habitude (notamment sur «Flicker»).

Côté guitare, notre bon Anders Nyström s’éclate en plaçant des solos plutôt bien sentis. On note d’ailleurs un immense travail de notre gaillard, son instrument se faisant bien plus présent sur cet opus.

Le titre «Behind The Blood» est peut-être le morceau le plus violent de «City Burials» et s’inscrit dans une tonalité death prog. A contrario, «Lacquer», avec son piano qui imite les gouttes de la pluie, est un morceau à la fois doux et mélancolique, qui plairait même aux néophytes du metal.

«City Burials» est un opus accessible, doux mais tout aussi sombre et mélancholique. Un album poétique, aérien, qui invite à la rêverie. Juste sublime.

9,5/10

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[CHRONIQUE] The Night Flight Orchestra – Aeromantic (Coup de coeur)

Cinq ans après le lancement de ce projet qui paraissait, au premier abord, complètement fou, le super groupe The Night Flight Orchestra a sorti ce mois de février son cinquième album, «Aeromantic». Mais passé l’effet de surprise, la troupe peut-elle toujours faire mouche ?

L’album commence par une des tracks les plus longue de l’album, «Servents Of The Air». Un son grésillant de radio et un rythme battu par le clavier nous ramène tout de suite en plein coeur de la fin des années 1980/début 1990.

On note un côté jazzy, limite bossa nova (plus semblable à Charlie Byrd) sur le morceau «Curves» (qui bénéficie d’une petite intro parlée en français – langue de l’amour pour la plupart des étrangers). «Aeromantic», à contrario, est le titre le plus métal dans lequel les guitares de David Andersson et Sebastian Forslund et la batterie de Jonas Källsbäck s’en donne à coeur joie, alors que Björn Strid se met plus en retrait pour laisser place à ses deux choristes, Anna-Mia Bonde et Anna Brygård.

«Golden Swansdon» pourrait figurer aisément sur un album de Elton John (et d’ailleurs le chant de Strid fait penser à la voix de l’illustre britannique) alors que «Carmencita Seven» s’adapterait à merveille à l’univers de l’Histoire Sans Fin !

Si ce nouvel album reste dans la continuité des précédents, on note que The Night Flight Orchestra va plus loin dans ce concept de musique rétro avec «Aeromantic», explorant toutes les facettes de cet univers kitsch à souhaits, sans toutefois oublier les racines metal de ses musiciens. Un album qui nous fait du bien au moral en cette période de confinement.

9,5/10

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« Golden Swansdon » :

« Taurus »:

« Transmissions » :

« Divinyls » :

[CHRONIQUE] My Dying Bride – The Ghost Of Orion

Cinq ans après la sortie de «Feel The Misery», les britanniques de My Dying Bride reviennent avec un opus tout neuf, «The Ghost Of Orion», après quelques déboires de line-up, mais aussi personnels. Un opus plus lumineux et apaisé, même si le groupe, plus habitué aux idées noires, y perd un peu en intensité.

Il faut dire que deux éléments permettent à la musique du groupe, habituellement si sombre et mélancolique : le violon déjà, qui apporte des touches de lumières dans un doom particulièrement lourd, mais aussi le chant d’Aaron Stainthorpe, qui va plus chercher dans la clarté, évitant les sons rauques. Le frontman écrira, après des sessions de pages blanches, des paroles plus optimistes, suite au rétablissement de sa fille.

Le résultat est que ce «The Ghost Of Orion» est certainement le plus accessible des albums de My Dying Bride ! Même si la base doom chère au groupe est toujours là, l’album reste très (trop?) digeste. C’est une bonne évolution (qui s’entend plus particulièrement sur «To Outlive The Gods) mais qui risque d’en désarçonner plus d’un.

«The Ghost Of Orion» est un opus plus lumineux et plus optimiste que ce à quoi nous avait habitué My Dying Bride. Malgré le fait qu’il soit un peu trop accessible au détriment, parfois, de l’émotion passée, la prise de risque associée à des compositions complexes font de cet album un incontournable de 2020.

9/10

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