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[EDITO] Bilan 2021 – Quand la pandémie nous donne des albums exceptionnels

On ne va pas se mentir, 2021 n’aura, encore une fois, pas été une excellente année pour les acteurs de la musique et plus généralement de la culture. La faute à un virus qui ne va pas nous lâcher la grappe, mais aussi à des restrictions ordonnées par les différents gouvernements d’Europe, qui ne permettront pas aux groupes de pouvoir tourner dans des conditions satisfaisantes, entraînant annulations et reports.

Les groupes trouvent donc de nouvelles façons d’aller chercher leur public : le plus généralement, les concerts se font maintenant en streaming, avec plus ou moins de succès pour les artistes, qui pourra même aboutir à la parution d’un album « live » sans spectateurs. Les Behemoth avec « In Absentia Dei » ont démontré qu’en mettant les moyens dans la production, en trouvant un lieu unique (soit une église abandonnée) et en travaillant l’image, on pouvait réinventer le concept et délivrer un objet de qualité à ses fans.

Cependant, il y aura bien plus de concerts qu’en 2020, et certains festivals pourront même organiser leur édition, à l’image d’un Alcatraz Metal Fest à Courtrai, hautement réussi.

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On a vu également de grand retour : Liquid Tension Experiment tout d’abord, 22 ans après la sortie de leur dernier opus. Pour Iron Maiden, il était temps de sortir de son coffre-fort son « Senjutsu » qui créera l’événement et ravira de très nombreux fans à travers le monde.

Des jeunes groupes ont créé pendant la pandémie, et continuent leur ascension en 2021 : à l’international déjà, avec des groupe comme White Void ou Future Palace, ou plus localement, comme le duo de folk français Det Var, dont on vous reparlera davantage prochainement.

Des projets annexes ont également été lancés : parti comme un simple délire sur Youtube, le nouveau supergroupe de Björn Strid At The Movies, spécialisés dans la reprise metal de musiques de films, a vu son succès grandissant jusqu’à sortir en ce début 2022 un deuxième opus.

Mais quand est-il de la production d’albums ? Vu l’annulation des concerts à travaers le globe, les musiciens se retrouvant enfermés chez eux font ce qu’il savent faire le mieux. 2021 aura été prolifique sur ce point de vue là. Le côté positif apporté par la pandémie est que les albums semblent plus aboutis, plus soignés, puisque le rush entre deux tournées a pour le moment disparu.

Voici notre sélection de l’année, sans hiérarchie, qui aura été particulièrement difficile à établir cette fois, tant le cru 2021 aura été particulièrement bon !

Architect – For Those That Wish To Exist

Un album à l’ambiance particulière, aux mélodies mélancoliques entêtantes et aux refrains aiguisés. Le grunt et la violence des riffs prennent un net recul pour faire place à une musique éfléchi, plus poussée. Avec cet album, Architects s’éloigne de son metalcore d’origine et définit ses propres règles tout en repoussant ses limites. Un énorme coup de coeur pour Metal Actus (on a bien hâte de voir la version live aux studios Abbey Road maintenant !)

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Wardruna – Kvitravn

Malgré quelques titres « formatés » pour attirer le chalan, les Wardruna signent un opus d’excellente facture, à la fois mélodieux, apaisant et inspiré. On notera le contraste entre la voix de Lindy Fay Hella et d’Einar qui nous donnera de véritables frissons et on espère que ce duo se développera davantage dans les sorties futures de la formation.

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Mastodon – Hushed And Grim

Un album particulier pour les Mastodon, qui traitent, avec une retenue touchante, la perte d’un être cher. Des morceaux variés – aucun ne ressemble à un autre – à la fois doux et douloureux, mais parfois menançants et lourds. Massif et nécessaire, surtout en ces temps pandémiques.

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Empyrium – über den sternen

A mi-chemin entre le folk noir et le doom lancinant, les Empyrium nous livre un vrai diamant brut avec cet album, qui ne saura qu’émerveiller l’auditeur, qu’il soit néophyte ou fan de la première heure.

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Gojira – Fortitude

La pression était grande pour Gojira qui a réussit à asseoir sa popularité à l’international avec l’album « Magma ». Cinq ans plus tard, ils effectuent un retour gagnant avec « Fortitude », album emprunt de mystisme et de mélancolie, et qui démontre un groupe au sommet de son art.

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Liquid Tension Experiment – 3

Il aura fallu attendre 22 longues années et une pandémie mondiale pour que John Petrucci, Jordan Rudess, Tony Levin et Mike Portnoy se reforment pour plancher sur la suite de Liquid Tension Experiment. Ce troisième opus ne nous décevra pas, ça groove toujours autant ! Les enchaînements de riffs et les envolées mélodiques prennent même un bon coup de modernité au passage, chose qu’on aurait pu craindre. Un monument du progressif.

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White Void – Anti

Un premier jet hautement réussi pour les norvégiens de White Void, qui, malgré un côté un peu fourre-tout de la chose, nous livre un album complexe. Le tout saupoudré de petits détails qui peuvent passer inaperçus aux premières écoutes. Encourageant !

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Grorr – DDULDEN’S LAST FLIGHT

Après un album, « The Unkown Citizens », en demi-teinte, les français de Grorr reviennent en forme avec « Ddulden’s Last Flight », véritable hommage aux bandes originales de films classiques. Le groupe nous livre nous livre non seulement une histoire forte, mais aussi des morceaux versatiles, alliant modernité et traditions avec brio, ne nous laissant aucun temps mort et nous entrainant dans un voyage mystique captivant. Une des meilleures formations de l’Hexagone, trop souvent sous-estimée.

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Harakiri For The Sky – Maere

Un vrai coup de maître pour le duo autrichien Harakiri For The Sky qui signe avec « Maere » un album somptueux dont les compositions, à la fois traumatiques et douces, dures et délicates vient nous happer dans un véritable tourbillon d’émotions. On ne ressort pas indemne de notre écoute, mais on ne peut que vous le surconseiller.

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Mono – Pilgrimage Of The Soul

Le groupe japonais poursuit son exploration de la violence avec « Pilgrimage Of The Soul » qui revient à un son brut et incisif. Un opus risqué et courageux d’un groupe sans cesse en quête d’évolution et à la recherche de nouveaux sons.

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[LIVE-REPORT] Alcatraz Rock Festival Part 1 (13 août 2016)

Au milieu de tous les festivals européens, Metal-Actus a choisi de partir à l’Alcatraz Festival, qui se tient en plein milieu de la ville de Courtrai, en Belgique flamande. Un mini-Graspop familial, où il fait bon vivre. Petit aperçu.

Quelques mots pour commencer sur le festival : malgré l’affiche, le festival n’accueille pas plus de 16000 personnes sur les deux jours. Il y a de plus, une seule scène avec un temps de changement de plateau de 30 minutes. Un choix qui est (pour le moment) parfaitement assumé par l’organisation.
La nourriture est excellente (malgré un prix un peu élevé) et variée. Petite nouveauté cette année, le bar El Presido, qui fournira au festivalier un choix plus conséquent de bières. Le seul véritable point noir du festival restera une mauvaise habitude ses festivaliers : les verres n’étant pas consigné, le sol ressemble vite à un dépotoir, certains ne faisant même pas l’effort de jeter leurs gobelets et autres déchets dans les nombreuses poubelles du site.

Maintenant, parlons des choses sérieuses, la musique ! La journée du samedi commencer tard (11h) avec le groupe féminin Thundermother. Les musiciennes réveillent doucement le festival, ou plutôt les quelques personnes qui ont fait le déplacement (à peine une centaine), avec un heavy metal, certes classique mais plutôt efficace. Et elles ont de l’énergie à revendre. De quoi bien débuter les hostilités.

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Les Metal Church feront un début de set catastrophique, en partie à cause de soucis de son. Le groupe n’aura pas fait un très bon choix de morceaux pour ce début de set , préférant jouer « Fake Healer » et « Start The Fire » alors qu’il y a des titres bien plus accrocheurs dans leur discographie. Néanmoins, le reste du concert fut très sympathique : Mike Howe et ses comparses s’étant réveillés d’un seul coup, ils se donneront à fond jusqu’à la note finale. Mention spéciale à Howe, particulièrement en voix ce matin, qui enchantera le public.
Côté setlist, la formation américaine a privilégié ses premiers albums, de « Metal Church » à « The Human Factor ». Seul un titre de leur dernière galette « XI », intitulé « No Tomorrow », sera joué. Un show calibré pour les fans.

C’est ensuite au tour de The Answer de venir heurter la prison. Là encore, le groupe viendra avec une setlist taillée pour les festivals, avec une petite nouveauté, « Solas », issue de l’album du même nom, prévu pour le 28 octobre prochain. Malgré un succès évident auprès du public, la musique assez spéciale de The Answer, notamment la voix particulièrement aigue de son chanteur Cormac Neeson, ne touchera pas tout le monde.

Place au doom avec Candlemass qui fait une entrée pour les moins fracassantes, sur une scène assez enfumée. Les suèdois nous offriront cependant un show carré mais assez linéaire, sans de véritable coup d’éclat. Ils auront fait le job!

Avatar sera la première véritable claque de la journée, malgré les très gros problèmes de sons qui ont entaché le début de set (on n’entendait pas Johannes Eckerström, le chanteur du groupe). Pratiquement toute leur discographie sera survolée durant ce set clownesque, et on aura le droit notamment aux tubes « Let It Burn », « Feel The Apocalypse » et « Smeels Like A Freakshow » en fermeture. On vous invite fortement à les découvrir, en live comme en studio.

Triptykon se montre sous un autre jour, après avoir remporté la palme de l’arrogance au Motocultor 2015 ! Rien à redire sur le set, carré et avec un son, il faut le souligner, irréprochable. Dommage qu’ils n’aient pas joué en fin de soirée, pour avoir une ambiance parfaite.

Une chose saute aux yeux quand on voit Anthrax sur scène : leur bonheur d’être présent et de jouer. Et il faut dire qu’ils s’en sont donné joie, pour le plus grand plaisir du public ! Côté setlist, ils alterneront des titres de leur dernier opus, « For All Kings » (notamment « You Gotta Believe ») avec des morceaux plus anciens comme « Madhouse » ou le célèbre « Caught In A Mosh », mais aussi avec des covers comme celle du titre « Antisocial » d’un certain groupe nommé Trust. Bref, de quoi contenter les fans de tout bord et les curieux. Mais leur prestation fut beaucoup trop courte !

C’est ensuite au tour de Ministry de débarquer à la prison. Pour l’occasion, les écrans qui retransmettait les concerts pour les plus éloignés de la scène diffusent des petits spots marinés à la sauce Al Jourgensen, où on peut voir notamment un combat titanesque entre Hillary Clinton et Donald Trump, les deux candidats aux prochaines élections présidentielles américaines. Et c’est bien là le seul divertissement qu’on aura, la mayonnaise Ministry n’ayant pas pris sur ce show, la faute en partie à un son brouillon, donnant plus l’impression d’assister à une rave party qu’à un véritable concert.

Airbourne déborde toujours autant d’énergie. Les australiens, en ont profité pour teaser un peu leur album à venir, « Breakin’ Outta Hell », mais ont axé leur setlist surtout sur leur album « Runnin’ Wild », sorti en 2007. Et faute d’avoir pu faire son solo sur les échafaudages de la scène, Joel O’Keeffe, le frontman du groupe, l’a effectué au beau milieu de la plateforme réservée aux PMR. Et il est venu à dos de vigile ! Une gentillesse et une sympathie qui ont conquis le public.

Whitesnake sont des vétérans, qui n’ont rien à envier à personne. Est-ce pour cela que le son est beaucoup plus fort ? Qui sait … En tout cas, si le groupe, mené par un David Coverdale souriant, a livré un concert carré et puissant, il manquera cruellement de saveur et de chaleur. Dommage.

Within Temptation est la tête d’affiche de ce premier jour de festival. Et ils sont en terrain connus ! Ils débutent leur set (sur un décor absolument gigantesque) par « Our Solemn Hour » extrait de l’injustement conspué « The Heart Of Everything », sorti en 2007. Là encore, le groupe tentera de contenter tout le monde en enchaînant vieux titres (comme « Ice Queen », qui ferme, comme toujours, leur concert) ainsi que les plus récents extraits de leur nouvel album « Hydra ». Les deux duos issus de ce dernier passent très mal, en l’absence des deux guests, Tarja Turunen et Xzibit.
Mais c’est surtout l’aspect glacial qui surprend : si Sharon, la frontwoman, reste souriante et joyeuse pour le public, tous les membres du groupe ne s’accorderont pas un seul regard. A croire qu’ils s’étaient disputés avant de monter sur scène ! Chacun fait sa partie dans son coin. D’ailleurs, seule Sharon est éclairée. L’ingé-lumière aurait-il oublié qu’il avait affaire à un groupe ? Bref, si on a éprouvé du plaisir à réécouter quelques titres, nous partirons du site avec un aspect plus que mitigé. La machine Within Temptation serait-elle en train de s’enrayer.

Ce samedi nous aura donc permis de faire de belles découvertes (Avatar) ou redécouvertes (Anthrax). Quelques déceptions n’étaient cependant pas au menu du jour. Cette journée fut appréciable car peu de personnes étaient présentes, contrairement au lendemain. La présence d’une seule scène permet de prendre son temps et de visiter le site quand la programmation ne nous convient pas. Mais c’est sur les rotules (et bien heureux) qu’on se dirige vers notre campement.