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[INTERVIEW] Mikko Siren (Apocalyptica) : « Chaque morceau a sa propre identité, mais fait partie de quelque chose de plus grand »

A l’occasion de la sortie de « Cell-0 », qui marque le retour (bref) du groupe à du 100% instrumental, Metal-Actus a pu s’entretenir avec le batteur d’Apocalyptica Mikko Siren et évoquer le concept particulier de cette cellule imaginaire.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerai que tu reviennes sur l’immense tournée que vous venez d’achever à l’occasion de l’anniversaire de la sortie de «Plays Metallica By Four Cellos». Quel regard portes-tu sur ces années très intenses ?

Mikko Siren (Batterie) : C’était génial ! Nous avions initialement prévu de faire une trentaine de dates sur cette tournée – essentiellement en Europe – pour célébrer la sortie de cet album il y a 20 ans. On comptait revenir après en studio pour enregistrer notre nouvel album. Et tout ça remonte à 2015 (rires). Après nos premiers concerts, les promoteurs et nos fans à travers le monde ont été emballé par l’idée, et on a reçu une immense demande de faire plus de shows ! Donc effectivement, il se trouve que c’est notre plus grande tournée, avec un passage dans au moins 45 pays à travers le monde.
Et nous étions de retour à nos débuts, quand nous n’avions que les violoncelles, et ensuite la batterie. Nous avons ainsi pris conscience à quel point nos fans adorent nos morceaux instrumentaux, voire plus que ceux avec des chanteurs. Ainsi, on a pris la décision de faire «Cell-0» en pleine tournée !

Cette réaction de votre public est celle qui vous a poussé à revenir au tout instrumental sur cet opus donc ?

Exactement !

Que veux dire ce titre «Cell-0» ?

On parlait, durant notre tournée, de musique, et de la vie en général – ce qu’il se passait dans nos société, dans notre monde, sur Terre. Nous avons imaginé cette particule imaginaire, « Cell-Zéro», qui est le départ de toute chose sur cette planète : ça peut être un simple atome tout comme quelque chose de plus puissant, qui a créé la vie. C’est aussi quelque chose dont manque actuellement l’humanité, car cet élément améliore les sentiments des êtres humains, et les rend plus doux, plus compatissants. Beaucoup de personnes manquent de respect envers les autres, envers notre terre et la nature.

Je trouve que votre musique est bien plus agressive et plus rentre-dedans que sur vos deux précédents albums. D’autres groupes vous ont-ils influencé ?

Beaucoup de choses se sont passé en cinq ans, entre la sortie de notre précédent album «Shadowmaker» et aujourd’hui, et cela a eu une influence sur notre musique, peut-être pas forcément voulue. Eicca (Toppinen) et Perttu (Kivilaakso) sont les deux compositeurs principaux du groupe : musicalement, ils sont tous les deux assez ouverts à différents types de musique, du classique au plus thrash à la Slayer.
Sut «Cell-0», on se rapproche des émotions que peuvent ressentir chaque individu, on les «kidnappe» en quelque sorte pour les porter aussi loin que possible, de les approfondir, de les développer, et d’en faire ressortir leur beauté, malgré cette sur-agressivité apparente.

Ces émotions sont au coeur de votre album donc ?

Oui. Nous voyons chacun des morceaux comme une peinture : chaque morceau a sa propre identité, mais fait partie de quelque chose de plus grand. Tu peux le constater sur notre artwork d’ailleurs. On essaie alors de faire quelque chose de cohérent, d’avoir une histoire continue du début à la fin de notre album.

Le clip de «Rise» est-il la projection de cette peinture que tu décris ?

Non, car il s’agit de l’interprétation de notre réalisatrice, Lisa Mann. C’est drôle car quand j’ai pour la première fois entendu «Rise», la seule chose qui m’est venu à l’esprit est le terme de «lumière», dans le sens que c’est quelque chose de positif, qui améliore les choses. Lisa travaille depuis un moment avec nous – elle a réalisé certains de nos clips dont «Not Strong Enough» ou encore «Cold Blood» – et elle nous connaît bien maintenant. On lui a donc fait écouter la chanson tout en lui demandant de nous réaliser le clip. Et on lui a laissé carte blanche. C’est donc sa propre interprétation de notre musique même si elle se rapproche beaucoup de la nôtre !

Donc vous ne lui avez donné aucune directive ?

Juste quelques indices ! Mais c’est elle qui a choisi l’histoire, la photographie, qui a utilisé les danseurs…. Cette vidéo est sa vision, en tant qu’artiste, du morceau. On voulait lui donner la possibilité de s’exprimer. Et c’est aussi notre façon de la remercier d’être avec nous depuis toutes ces années.

Que peux-tu nous dire sur «Call My Name»?

Il s’agit d’une composition de Perttu, et elle devait être à l’origine chantée par un guest. On a du la retravailler pour qu’elle passe mieux en instrumentale. C’est un titre épique, qui se rapproche beaucoup des bandes-sons des jeux vidéos – ce qui n’est pas étonnant, Perttu étant un fan de jeux vidéos, il a pu piocher quelques éléments dans ce genre de musique. C’est un mélange entre du dark metal et quelques accords mineurs, qui sonne à des moments plus pop, mais dont la puissance ne fait que monter pour à la fin exploser. Un bon morceau de metal en gros (rires). Au niveau de la thématique, le morceau retranscrit les cris que la Terre adresse à l’Humanité : «Que m’avez-vous fait ? Vous m’avez ruiné, vous avez détruit la nature et ses habitants».

Que peux-tu me dire sur «Beyond The Stars» ?

Elle a été écrite par Perttu, et il était déjà prévu qu’elle occuperait la dernière place de notre tracklist. Il retrace l’histoire d’un satellite, dans lequel l’humanité a mis ce qu’elle savait faire de mieux : la musique, les arts … et elle l’a envoyé dans l’espace dans le but que quelqu’un en retrouve son contenu. Il s’agit de sa vision que, inévitablement, l’humanité devra quitter un jour notre planète, qu’on devra la laisser derrière nous après des années à la maltraiter. C’est aussi le morceau qui réunit tous les autres de l’album – toutes ces particules se mettent enfin en place ensemble.

Je voulais revenir sur votre début de collaboration avec Sabaton : après votre cover de «Fields Of Verdun», vous avez sorti une autre cover, «Angels Watching» et vous êtes montés sur scène avec eux le temps de cinq titres. Qu’est-ce que vous attendez pour l’album de duos ? (Rires)

Je ne peux pas vraiment te répondre (rires). On aime beaucoup collaborer avec Sabaton, et leur façon d’être avec les autres, les fans … Et ils ont toujours tout pleins d’idées ! On espère juste pouvoir faire plus de choses avec eux. On a, pour commencer, cette formidable tournée qui nous attend avec Amaranthe ! On se rejoindra les uns et les autres sur scène, pour passer une bonne soirée, avec tous nos fans réunis. Et puis peut-être qu’il y aura autre chose, un jour, à un moment donné. (rires)

Es-tu heureux de revenir sur les routes aussi tôt ? J’ai l’impression que votre dernière tournée s’est achevée hier !

Oui ! Effectivement, on ne fait que courir depuis la fin de la dernière tournée, entre les nouveaux concerts à préparer, la composition de l’album, les enregistrements à Stockholm, à Los Angeles, la promotion partout en Europe….On n’a plus le temps d’être à la maison, et c’est dommage car j’aime bien être chez moi (rires). Mais je suis content de repartir jouer !

Comme sur les deux précédentes tournées, est-ce que vous aurez un chanteur avec vous sur scène ?

Sur la prochaine tournée, on profitera de la présence d’Elize Ryd (Amaranthe) qui viendra avec nous sur quelques morceaux. Concernant les concerts qu’on va donner aux Etats-Unis, Frankie Perez sera de la partie.

Et pour ce qui est des festivals cet été ?

On en fera quelques uns, mais on se consacrera surtout à nos propres tournées en salle. On fera beaucoup plus de festivals à l’été 2021.

Un dernier mot ?

Merci pour votre incroyable soutien et votre patience pour la sortie de ce nouvel album studio. On en est super fiers et c’est en partie grâce à vous qu’on l’a réalisé.

Notre chronique ici.

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