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[INTERVIEW] Asylum Pyre – Johann et Chaos Heidi

Après une petite absence remarquée, Asylum Pyre revient avec « Spirited Away », nouvel album qui tranche avec les précédents : plus sombre, plus réfléchi, c’est peut-être même la plus personnelle des galettes que le groupe a sorti jusqu’à présent. Metal-Actus a pu leur en parler à l’occasion d’une longue entrevue.

Réalisée le 02/10/15

Metal-Actus : Comment vous vous sentez avec la sortie de cet opus, « Spirited Away » ?

Johann Cadot (guitare) : Bien, et encore mieux qu’hier car on avait peu de retours sur l’album jusqu’à ce matin. Et sur les journalistes qu’on a pu voir aujourd’hui, c’est plutôt très bon !
Chaos Heidi (voix) : On a eu pleins de points de vue très intéressants, beaucoup de réactivité et d’intérêt. C’est très positif !

Comment avez-vous procédé sur cet opus, qui semble être le plus personnel de vos albums ?

J : On a toujours voulu faire quelque chose qui sortait de nos tripes. On n’a pas forcément réussi : peut-être que les influences étaient trop présentes. C’est, notamment, le regard de Didier Chesneau, notre producteur avec lequel on travaille pour la deuxième fois, qui nous a aiguillé à faire certains choix.
CH : On est à l’affirmation de notre identité. On a fait des choix plus tranchés sur des histoires de son, sur la voie vers laquelle on voulait aller. Et on a l’expérience des albums précédents, qui fait qu’on est arrivé jusque là aujourd’hui (rires).
J : Sinon, la composition s’est passé de la même façon que l’album d’avant.
CH : J’ai pris le train dès le départ ! Sur l’opus d’avant, j’étais arrivée quelques semaines avant l’enregistrement studio, l’album n’a pas été composé avec moi.
J : Seulement Julien (NDLR : Peuch, bassiste jusqu’en 2013), qui était là sur l’album d’avant et s’impliquait beaucoup a quitté notre groupe. Du fait qu’il n’était plus là, ça a changé notre façon de procéder.

C’est-à-dire ?

J : Je me suis retrouvé à faire toutes les bases des morceaux tout seul, même si j’ai échangé dans un second temps avec tout le monde. Là, les mots sont venus tout seul. Et puis, il y a eu de la nouveauté : je compose désormais sur une guitare 7 cordes, et de nouveaux visages sont arrivés dans le groupe.
CH : Chacun des musiciens apporte sa personnalité, des sonorités, des ambiances. On apporte l’expérience de son instrument : on a beaucoup travaillé en studio les morceaux, notamment sur les guitares et les arrangements de manière générale avec l’accord de Didier Chesneau car, il reste le producteur de notre album.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre morceau « At My Door », qui traite de l’autisme ?

J : Elle parle du monde parallèle dans lequel vivent ces personnes atteinte de ce syndrome. On est parti à la base d’une émission de Josef Schovanec sur le syndrome d’Asperger, sur ces personnes qui ont un cerveau assez puissant. Après, il s’est avéré que, dans mes contact Facebook, j’avais des gens atteint d’autisme, ou qui étaient des parents, amis d’autistes. J’ai donc échangé avec eux pour en apprendre le plus possible. Pour être sûr, je leur ai même fait valider ces paroles.

Vous avez donc obtenu leur accord ?

CH : On voulait juste savoir ce qui était possible de retranscrire de l’autisme.
J : Et c’était important pour moi; par exemple, dans une discussion, j’ai utilisé le terme « maladie », mais c’est un syndrome, un état.

Qui a créé l’artwork ? Quelle est sa signification ?

CH : Il a été réalisé par Mickey (Mythrid Art), avec lequel on collabore pour la première fois. Comme on a une thématique qui change, un opus un peu différent, on a fait appel à lui. On a gardé le personnage féminin qu’on peut déjà trouver sur les autres pochettes, ce qui fait quand même un lien. Mais on a voulu retranscrire quelque chose de très abstrait, quasiment conceptuel : un esprit visible dans un corps invisible.

Pourquoi avoir choisi « Only Your Soul » en tant que premier single ?

CH : On voulait pour le single, donc pour le clip, un des morceaux les plus « catchy » de l’album parce que c’est eux qui circulent le plus. Notre choix s’est porté sur « Only Your Soul » car on avait un scénario, une histoire, quelque chose qu’on a eu envie de mettre en image. Ce titre peut parler à un maximum de gens pour un premier titre diffusé : on traite de l’enfance perdue, des rêves et des illusions qu’on perd quand on passe à l’état d’adulte.

Ce n’est pas trop pessimiste comme vision ?

CH : Justement, si on regarde le clip, il y a des images d’espoir, notamment sur la fin car, dans la nostalgie, il y a deux côtés : le joyeux et le triste.
J : C’est un sentiment très fort, ambivalent, un mélange de joie et de tristesse. Il y a aussi la discussion entre l’enfant qu’on était qui dit à l’adulte qu’on est aujourd’hui : « Bouge-toi ! Fais-le ! » est le genre de message que nous avons voulu faire passer.

Et si vous vous retrouviez devant l’enfant que vous étiez, que lui diriez-vous ?

CH : On bloque une journée entière ? (rires) (elle s’adresse à Johann) Qu’est-ce que tu lui dirais toi ?
J : Je suis en train de m’imaginer là (hésite) Je lui dirai de s’ouvrir plus vite au monde : plus petit, j’étais peut-être trop renfermé, je m’amusais tout seul. Et j’ai découvert pleins de choses en fin d’études, de scolarité, qui m’étaient inconnues avant. Donc je lui dirai « Ouvre-toi aux autres plus vite, plus tôt et découvre des choses.
CH : En fin de compte, n’importe quel auditeur, spectateur du clip, peut être amené à se poser la même question et chacun aura une réponse différente et personnelle.
J : Et on pourrait la poser aux gens en concert !
CH : Ma foi ! (rires) On va pouvoir ouvrir une psychanalyse ! (rires)
J : « Asylum Psyre » ! (rires)

Vous avez monté une campagne Ulule pour votre clip. C’est d’ailleurs le premier. C’était le meilleur moment pour vous lancer ?

CH : Pour le clip, c’est une idée qu’on avait déjà sur l’album d’avant mais au niveau du temps et des moyens, ce n’était pas trop ça (rires). Donc là, on a anticipé le truc. On est passé par ce moyen, cette campagne de financement participatif, car cela permettait de réammorcer notre retour, avec un projet concret, car on avait disparu du devant de la scène pendant un petit moment le temps de préparer l’album. A un moment donné, il faut revenir, sinon, les gens vous oublient (rires).

D’ailleurs vous faîtes preuve d’une grande transparence envers vos fans avec ce tableau détaillant vos dépenses …

CH : Cela nous a semblé normal : quand on participe à quelque chose, avec l’argent des autres et qu’on leur demande gentiment de nous faire confiance, on doit jouer la transparence en leur expliquant pourquoi on en avait besoin en détaillant les dépenses très précisément, ce qui permet de rassurer tout le monde et inciter à donner plus facilement (rires). Des projets n’inspirent pas confiance donc on a voulu faire ça de manière professionnelle et cohérente.

Vous allez assurer la première partie de Stream Of Passion. Content de cette opportunité et par la même occasion de revenir sur les routes ?

J : Cela fait un petit moment que nous n’avons pas joué sur scène, donc on a hâte de recommencer et de présenter les nouveaux morceaux. Et le faire avec un groupe comme Stream Of Passion ne change rien à notre état d’esprit : on a toujours un peu la pression car, que ce soit avec ou sans eux, on n’a jamais pris un concert à la légère. On est là pour se faire plaisir et faire plaisir aux gens.

Et vous avez des plans de concerts à l’étranger ?

J : C’est en cours : on attend des confirmations car, dans le milieu, il y a des gens qui te disent « oui, oui » alors, qu’en fait, c’est « non, non » (rires).

Aurez-vous un show plus particulier ?

J : On en a parlé hier ou avant-hier vois-tu ! (rires).
CH : On a posé une setlist : on sera dans des temps relativement courts dans un premier temps puisqu’on assure des premières parties. Il faut donc être efficace rapidement, de façon à avoir des morceaux qui vont fonctionner, interpeller les gens et qui vont leur donner envie d’en savoir plus. On ne peut pas se permettre de caser un morceau super-progressif de dix minutes où ceux qui ne nous connaissent pas vont faire « Gné ? » (rires).

Comment prend-tu soin de ta voix ?

CH : J’utilise ma voix au quotidien puisque je suis professeur de chant. Tout ce que j’ai pu apprendre sur comment prendre soin de sa voix, l’entretenir, la faire travailler, c’est quelque chose que j’applique tous les jours à moi-même et que j’enseigne à longueur de temps aux autres. Donc, j’espère que je fais ce qu’il faut ! (rires) Mais c’est une hygiène de vie, il faut que je fasse attention à ne pas aller dans des gestes dangereux car ce sont des choses que je connais maintenant.

Et pas de Jack Daniel’s ?

CH : Si, j’adore ça ! (rires) Après, il faut faire attention à la façon dont on consomme : tout le monde sait que s’enfiler une bouteille avant de monter sur scène n’est pas une bonne idée ! (rires)

Les textes étant de Johann, comment les interprètes-tu ?

CH : Cela ne me pose pas spécialement de problèmes. J’aime ce côté interprétation : on me donne un rôle et moi je fais « Ah ! Qu’est-ce que je vais jouer aujourd’hui ?  » (rires). Quand c’est sur l’autisme, je me dit qu’il faut jouer sur l’émotion, pour « Soulburst » qui est un morceau sur les nazis, on part sur la schizophrénie donc on peut aller dans des choses très extrêmes, dans un sens ou dans l’autre … Donc c’est un jeu à chaque fois en fin de compte. Après, on travaille en concertation, c’est-à-dire que j’ai ma vision des choses qui n’est pas forcément la sienne. Les seules divergences qu’on pourrait avoir serait la façon d’exprimer telle ou telle émotion.
J : Parfois, je donne des indications qui sont comprises et appliquées …que par moi (rires).
CH : Tu m’as déjà sorti des trucs assez hallucinants et marrants. (rires)

Un dernier mot ?

CH : On a hâte de voir tout le monde pour la sortie de cet opus. On a hâte de rencontrer et de revoir notre public. La prochaine échéance est en décembre et on vous attend avec impatience.
J : On va faire plaisir et se faire plaisir.

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