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[CHRONIQUE] Nightwish – Human:II:Nature

Ils sont toujours très (peut-être même trop) attendu ! Les Nightwish sortent ce 10 avril leur nouvel album studio, «Human : II: Nature». Une galette qui s’est faite grandement désirée, cinq ans après le sympatique «Endless Forms Most Beautiful», leur dernier opus en date, mais aussi après deux live et une compilation de réédits, ce qui n’a fait que renforcer l’impatience des fans.

Il faut dire que le grand penseur du groupe, le claviériste Tuomas Holopainen, a lui-même avoué en 2015, avoir atteint le sommet créatif de son rejeton, ayant déclaré qu’il a «l’impression de n’avoir plus d’histoires à raconter». Il devra ainsi passer par la case Auri, son side project mené avec la chanteuse finlandaise Johanna Kurkela, pour retrouver l’inspiration.
On sent donc avec ce nouvel album que Holopainen tente d’insuffler un élan pour une possible évolution de Nightwish. Chose difficile quand vous êtes l’un des groupes les plus reconnaissables du monde, mais pas impossible.

Et il y arrive mais de la mauvaise manière : l’un des principaux défauts de cet opus étant son côté très fourre-tout, allant dans tous les sens. Les deux disques composant «Human : II : Nature» ne semblant avoir aucun rapport l’un avec l’autre, et les titres étant trop diversifiés pour suivre le fil rouge de cet album.

Ceci donne donc un album très inégal, avec des titres aussi insipides qu’un lac finlandais tels que «How’s The Heart» et «Procession», qui arriveront à vous tirer dix baillements à la minute. On a aussi des titres très lambdas pour Nightwish : «Music» pourrait aisément figurer sur la bande-originale d’un dessin animé de Disney, l’une des principales influences de Holopainen. «Noise» fait une excellente entrée en bouche et est un bon single, vendeur et entêtant.

Cet opus contient aussi de très nombreux coups d’éclats, qui sauront ravir les critiques, les néophytes du groupe tout comme les fans de la première heure. A commencer par deux titres tout bonnement somptueux : «Pan» est la meilleure de cet album (à égalité avec «Ad Astra», présente sur le second disque), avec une atmosphère unique entre belles mélodies entêtantes au piano (qui a dit que Tuomas Holopainen ne savait pas jouer ?) et des riffs lourds et puissants. On notera un petit côté progressif apporté par un Kai Hahto en forme derrière les futs. «Tribal» est la plus originale de l’album (et même son titre le plus violent depuis «Slaying The Dreamer » !)de part sa rythmique, ses growls tribaux (on les pensait réservé de facto à Rotting Christ) mais aussi le chant intéressant de Floor Jansen.

Cette dernière, si on lui reprochait de trop contenir sa puissance vocale sur «Endless Forms Most Beautiful», expose toute sa palette vocale sans pour autant tomber dans la caricature de la vocaliste cantatrice, qu’elle laisse bien volontiers à une certaine Tarja Turunen de la fin des années 1990/début 2000 . Il est temps d’ailleurs de mettre de côté la chanteuse d’origine du groupe (qui mène, depuis son départ de Nightwish, une formidable carrière solo) et accepter le fait que le but de la formation n’est pas de trouver une remplaçante à la capacité vocale égale, mais de faire évoluer sa carrière et sa musique. Floor ne fait plus qu’un avec la musique, contrairement à l’album précédent où on sentait qu’elle avait du mal à trouver sa place ! Elle nous prouve ici qu’elle est et reste une immense chanteuse, qui s’est désormais pleinement intégrée au groupe et lui apporte puissance et fraîcheur.

Seul Marko (Hietala à la basse) reste en retrait, ne posant sa voix que sur la jolie «Endlessness». Troy Donockley lui s’occupe de la belle «Harvest» qui nous plonge directement en Terre du Milieu.

La deuxième partie est un joli projet instrumental de plus de trente minutes, rendant hommage à Hans Zimmer, Raman Djawadi ou encore James Newton Howard ! Un plaisir de Holopainen, superbe que ce soit au niveau de la composition qu’au niveau de l’orchestration, à s’écouter en boucle. Mais ce plaisir est personnel au claviériste du groupe, et on en vient à se demander quel est l’intérêt de cette deuxième partie, qu’il aurait mieux valu sortir à part.

Vous l’aurez donc compris, «Human : II : Nature» est un album très inégal, qui contient autant d’excellentes choses que de très mauvaises. Nightwish, qui est devenu une véritable machine évolue lentement vers autre chose et ce changement est salutaire. Un album fort sympathique qui saura émerveiller les fans de la première heure comme les néophytes.

7,5/10

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