[INTERVIEW] Julien (Magoyond) : « Nos trois albums se font mutuellement référence »

Après une campagne de financement participative couronnée de succès, les Magoyond et leur toute nouvelle « Necropolis » étaient attendus au tournant, tellement le résultat promettait d’être grandiose. Et il faut dire que les quatre geeks morts-vivants n’auront pas déçus leur public de goules et de survivants avec ce qui est le point final à un arc musical débuté il y a un peu moins de dix ans. Julien, dit « Le Mago » et chanteur de la bande, a accepté de nous en dire plus sur leur nouveau rejeton.

Metal-Actus : Maintenant que « Necropolis » est sorti, êtes-vous tous un peu surpris de l’immense succès rencontré celui-ci ?

Julien « Le Mago » (chant/guitare) : Oh oui ! C’est complètement fou ! On ne s’attendait pas à autant de retours positifs et surtout bienveillant à son égard. On reste sur notre petit nuage.

Il s’agit de la fin d’une trilogie entamée il y a une dizaine d’années avec « Pandemia ». Mais « Necropolis » semble être à la fois la suite de ce dernier mais aussi la suite de « Kryptshow ». Tu peux nous expliquer ?

C’est effectivement un arc en trois chapitres : « Pandemia » racontait la fin du monde à la date où elle aurait dû arriver (en décembre 2012), « Kryptshow » faisait l’état des lieux sept ans plus tard et « Necropolis » l’acheminement vers une autre société et la construction d’une nouvelle ville sur les cendres de l’ancienne. Les trois albums se font mutuellement référence, car c’est à la fois les conséquences du premier et du deuxième album qui ont permis aux morceaux de « Necropolis » de voir le jour.

L’élément nouveau dans « Necropolis » est l’utilisation d’un véritable orchestre. Etait-ce prévu depuis le début et est-ce que vous l’auriez fait si votre campagne de financement participative n’avait pas remporté un immense succès ?

On a utilisé des arrangements musicaux virtuels, créé par nos soins sur un clavier, sur nos deux précédents opus. C’était notre souhait, notre rêve de pouvoir enregistrer avec un véritable orchestre. Sa réalisation reste une énorme surprise pour nous, et on va avoir du mal à revenir en arrière par la suite (rires). Pour nous, cela change tout : nos morceaux sonnent plus vrai, sont plus poignants, plus puissants. Si on n’avait pas eu le financement nécessaire, on aurait fait comme avant, tout en virtuel.

D’ailleurs, est-ce que vous vous y attendiez à ce succès pour votre campagne Ulule ? Est-ce que l’argent récolté vous a ouvert certaines portes, l’orchestre à part ?

Quand on a lancé cette campagne, on avait l’espoir d’atteindre au moins 20000 euros comme pour celle de « Kryptshow ». Résultat : on a atteint notre objectif en a peine deux heures, et le compteur s’est littéralement emballé sur la fin, si bien qu’on a terminé douzième projet musical de la plateforme Ulule avec près de 1001 pre-commandes ! On s’est pris une véritable claque, on ne s’attendait absolument pas à ce raz-de-marrée. Cela nous a permis de rechercher un label pour la distribution de notre album, et, après avoir exploré ce qui se passait en France, on a signé avec M&O Music. Ce n’était pas le premier qui s’était présenté à nous, mais on ne voulait pas d’une structure trop grosse pour nous. Mais surtout, cela nous a permis, malgré nos particularités, de nous faire respecter de la sphère Metal française : on a conscience qu’on reste en marge et atypique car on ne coche aucune case. Et labelliser les groupes avec des étiquettes reste beaucoup plus fréquent qu’on ne le pense … Cela doit être la raison pour laquelle il reste difficile de nous placer, plus particulièrement en festival, mais on est demandeurs et on ne veut que jouer partout !

Concernant votre reprise de « Soyez Prêtes » issu du dessin animé « Le Roi Lion », quelles ont été les démarches pour pouvoir l’utiliser auprès de Disney ?

Je dois avouer qu’on a eu un peu peur car, pour avoir moi-même travaillé avec l’entreprise par le passé, on avait bien conscience que Disney protège énormément ses oeuvres. Pourtant nous n’avons pas eu de difficultés : il nous a suffit de payer la SACEM! Et on a reçu également un mail de Disney France nous félicitant pour la reprise. On y tenait beaucoup surtout qu’on ne fait pas beaucoup de covers car on veut absolument que le morceau puisse s’incorporer dans notre univers, ce qui était parfaitement le cas avec « Soyez Prêtes ».

Que peux-tu me dire sur « Le Charnier Des Epouvantails » à la couleur très indus, et même, on oserait dire, très Rammstein ?

Effectivement c’est le morceau de Metal qui tâche un peu avec un choeur extrêmement puissant ! Il ouvre « Necropolis » et nous plonge directement dans une certaine violence puisqu’on va tout brûler et démolir les ruines de Magoyondville pour construire une nouvelle ville, Necropolis. Elle est aussi très cinématographique, on dirait une séquence de bataille à la Seigneur Des Anneaux ! On a pu travailler avec un vrai choeur, ce qui a été une opportunité de dingue ! Si nous n’avions pas pu travailler avec ce choeur, la chanson aurait pris une direction totalement différente.

Que peux-tu me dire sur le morceau-éponyme « Necropolis » et pourquoi ne pas l’avoir mis en avant à la place de « L’Ordre Des Ombre », que je trouve moins facile d’accès ?

« Necropolis » est la chanson qu’on a toujours voulu faire. Notre album est construit en pyramide et elle y occupe la place centrale. Elle comporte tous les instruments – à la base, elle aurait dû être instrumentale. Mais elle est aussi tellement « trop » qu’on ne l’a pas vu forcément comme la chanson pour pouvoir accrocher notre public. Pour choisir les singles, on s’est alors basé sur deux grosses critiques qu’on a toujours eu : qu’on n’était pas assez metal – alors on a balancé notre morceau le plus « gojiresque » possible, « L’Ordre Des Ombres » – et pas assez accessible – et donc on s’est tourné vers « Goliath Paradise » qui avait le potentiel de parler à tout le monde avec son petit air jazzy, mais qui était aussi le plus clipable. Cette chanson constituait une bonne porte d’entrée à « Necropolis ». Et en plus, on l’adore !

« Goliath Paradise » a bien été tourné au Zèbre de Belleville ? Et d’ailleurs quelle est l’histoire derrière ce morceau ?

C’est bien ça ! C’est, en quelque sorte, la suite de « Six Pieds Sous Terre » et une mise à l’honneur des survivants de l’apocalypse de « Pandemia ». Elle a cette atmosphère plus feutrée qui plait beaucoup ! Les gens se retrouvent après trois années pas simples autour de cette chanson que j’ai voulu comme étant celle du rassemblement, mais aussi comme une métaphore sur la situation du monde. C’est aussi une chanson assez positive alors que, habituellement, j’en met plein la tronche à tout le monde (rires)

Un rapide retour sur vos deux releases partys qui se sont aussi déroulées au Zèbre de Belleville ?

Les deux dates ont été complètes rapidement. Et les gens ont découvert que le lieu était le même que celui du clip de « Goliath Paradise », ce qui nous a permis de jouer sur l’immersion dans notre univers et de délivrer un show plus scénique. Mais il a été difficile pour nous de présenter nos nouveaux morceaux : on a pu, heureusement, compter sur notre public de passionnés qui connaissait déjà les paroles de certaines chansons par coeur ! Et puis l’intimité de la salle – le plus petit cabaret d’Europe – nous a permis de retrouver un côté familial, chaleureux et bon enfant que nous n’aurions pas eu ailleurs. Il faut savoir qu’on avait considéré jouer à la Maroquinerie, mais on a fait le bon choix avec le Zèbre, qui nous semblait plus approprié pour nos shows !

Est-ce qu’un live serait prévu avec un orchestre ?

Ce serait un grand rêve et on espère qu’il pourra un jour se réaliser.

Maintenant que la trilogie est terminée, quelle sera la suite ? Va-t-on quitter Necropolis ? Voire même quitter le joyeux monde des goules bien heureuses ?

Impossible sur ce dernier point, on est désormais bien trop ancré dans le monde des morts-vivants pour nous tourner vers autre chose. En revanche, on quittera effectivement Necropolis/Magoyondville, on va prendre plus de recul et voir ce qu’il se passe ailleurs sur cette grande planète.

Un dernier mot ?

Je suis très heureux que notre univers et le chant metal en français plaisent de plus en plus ! Surtout pour notre joyeuse bande qui fait de la fusion et casse lees codes habeituels du genre. On espère continuer longtemps dans cette voie-là. Alors merci à tous et à bientôt sur les routes.

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