[Interview] Molybaron nous dit tout sur leur premier album éponyme !

Après un concert couronné de succès en première partie d’Elyose au mois de décembre dernier, on vous fait découvrir Molybaron, presque nouveau-venu sur la scène française et irlandaise, notre coup de coeur du moment !

Metal-Actus : Vous avez sorti votre premier album, éponyme. Comment s’est déroulé le travail autour ?

Steven (guitariste) : L’écriture et l’enregistrement ont été assez rapides. Mais c’est le mixage, le pressage, bref, tout ce qu’il y a autour d’un album qui était assez long. En plus, nous avons dû réenregistrer la batterie, compte tenu du départ de notre précédent batteur. C’est un batteur de session qui a fait les records. Tout cela nous a pris deux ans et demi. Et en plus on a dû represser l’album car cela avait été mal fait … On ne pensait pas sortir notre album aussi tard, on s’est formé début 2015, quelques mois après ma rencontre avec Gary (chant).

Peut-tu nous raconter ta rencontre avec Gary ?

S : Gary est un irlandais qui vit et travaille à Paris. Il a eu envie de créer son propre groupe et ses propres chansons. Il a donc commencé à faire des démos, et à rechercher du monde pour s’entourer.
On a été mis en relation par un ami commun. Et quand il m’a envoyé les morceaux, j’ai juste répondu « ouais carrément » (rires). Seb à la basse nous a rapidement rejoint, et puis on s’est mis en quête d’un chanteur, une recherche qui a duré deux ans. Ce fut donc particulièrement laborieux… Au bout d’un moment, on s’est rendu compte que Gary savait chanter, et qu’il devrait chanter. Il a donc appris à chanter. Sa voix est très particulière; et on est content et fier car ça donne l’ambiance à l’album.
Pour le batteur, ce fut également une longue recherche de deux ans. On a commencé perdre espoir, on a sorti l’album en se disant « peut-être que ça fera venir un batteur ». Il y a six mois Raph a débarqué dans le studio et a mis tout le monde d’accord (rires). On a été bluffé. Un mois et demi après, on faisait enfin nos premiers concerts.

Raph, ça fait quoi d’être attendu comme le messie ?

Raphaël (batterie) : Il m’envoie des fleurs depuis ce matin (rires).

S : c’est vrai d’un côté (rires)

R : C’est un véritable rêve que je vis, alors que je ne suis encore qu’au conservatoire. Depuis que j’ai 14-15 ans, je cherche à jouer dans pleins de groupes. Après m’être lancé dans pleins de petits projets se cassant la gueule au bout de trois semaines, j’ai trouvé l’annonce de Molybaron en épluchant les sites. Elle faisait hyper pro et je sentais qu’elle constituait un vrai challenge. Je suis allé à l’audition. J’avais une petite appréhension, c’était la première fois que je jouais au métronum. Et j’ai su tout de suite que j’étais accueilli dans le groupe !

S : On n’avait de toutes façons pas le choix (rires).

Molybaron est ton premier projet sérieux ?

R : Non, j’ai un autre projet en parallèle. Et j’avais ce projet assez personnel, qui s’est terminé au bout d’un an avec départ soudain des deux guitaristes. Aujourd’hui, je suis épanoui dans Molybaron, et j’espère aller assez loin.

Vous avez tous des influences très différentes. Comment avez-vous réussi à en tirer la musique de Molybaron?

S : On aime tous des choses assez différentes. Mais ce sont des influences inconscientes : par exemple, quand j’écoute un groupe particulier, je vais arriver avec une idée de riff ressemblant à ce groupe sans le vouloir. Ce sont des trucs évidents à notre oreille car on est tous des fans de musiques ultimes. On consomme de la musique comme des boulimiques ! (rires) Mais rien n’est calculé.

R : Quand tu fais de la musique, ce n’est pas terrible de se fermer et de se contenter que d’un artiste en disant que le reste est de la merde. Il faut écouter beaucoup de choses, comprendre ce qui a été fait avant, savoir d’où vient telle ou telle musique…. « Innover » est peut-être un grand mot, mais il faut pouvoir aller de l’avant, tout en respectant ce qui a déjà été fait. Mais il faut que ça nous plaise à tous quand on fait un morceau.

S : On fait la musique qui nous plaît avant tout. Il n’y a rien de calculé. Quand on jamme, c’est ultra spontané et instinctif. On n’a même pas besoin de se regarder pour savoir ce que va faire l’autre. . On a une complémentarité musicale épanouissante et très agréable. Je suis sûre que si on gardait nos jams, on pourrait en faire trois albums (rires).

L’artwork est logiquement de Gary. Là-dessus, a-t-il demandé vos opinions ?

S : Comme en musique et comme dans la vie, il fait très attention à ce qu’on pense. Il demande souvent à ma copine son avis sur telle ou telle chanson. C’est très important pour lui. C’est quelqu’un qui évolue.
Gary du coup dit que c’est un homme qui est en train de perdre son combat contre les médias et toutes les conneries qu’il peut regarder à la TV, qui sont en train de détruire son libre-arbitre, sa conscience. Et il se fait happer par cet orbe qui représente un peu les médias . Après, chacun aussi a sa propre interprétation ! Peut-être que dans le prochain album/EP, on continuera l’histoire, ou peut-être pas. On va voir comment le truc évolue. Mais c’est vrai qu’il n’y a pas de grand message grandiloquent, de prophètes ou de moralisateur.

Ce n’est pas un message que vous voulez faire passer ?

S : Non. Il y a un message que Gary veut faire passer mais ce sont juste des choses qu’il va ressentir, il n’y a pas de grands messages pour faire bouger la société, il n’y a même aucune prétention dans l’écriture des morceaux. Mais s’il peut faire bouger, ne serait-ce qu’un petit caillou, ce sera du bonus. L’artwork dénonce plus les corporations qui dirigent le monde, qui font des conneries, et à quel point, quand elles passent à la TV, peuvent nous happer. Mais il n’y a aucun discours moralisateur dans cette image : ce serait ridicule et mal venu de notre part en tant que jeune groupe de donner des leçons alors qu’on existe depuis très peu longtemps. Ce n’est pas notre but dans l’immédiat.

R : Pour moi, le truc le plus important dans la musique reste l’émotion. Bien sûr, il y a toujours des messages délivrés mais je pense que la vraie réussite est si on a réussi à exprimer les émotions qu’on voulait exprimer. Il y a toujours un message dans les paroles. Ce n’est pas juste « blablabla »(rires). Mais ce n’est pas pour prêcher un ordre moral ou mondial. C’est plus une émotion.

Et vous comprenez ces groupes qui disent que la musique est justement censée faire passer un message par exemple militant ?

S : Je la comprend et je la respecte totalement. Je suis un gros fan de Rage Against The Machine (rires). Mais je préfère qu’on se focalise sur nous et sur la musique tout en parlant de ce qu’on voit et de comment sont les choses sans forcément vouloir donner une leçon ou vouloir aller à la Bastille couper les têtes de nobles. Ce serait un peu mal venu pour nous, peut-être même un peu tôt aussi. Mais Gary pourrait mieux en discuter que nous. Je sais juste qu’il a écrit la majorité des chansons de l’album au moment ou Trump arrivait au pouvoir aux USA. Il avait besoin d’exorciser ce truc là et de dire ce qu’il en pensait dans les chansons. Et ça se ressent. Mais après, il ne va as prendre le micro et dire « Réveillez-vous, vous êtes tous des moutons ! « (rires)

Il y a malheureusement beaucoup de monde qui fait ça….

S : Je ne suis pas forcément pour ce genre de choses.

R : Gary il dit pareil : il dit qu’il ne prêche pas quoi que ce soit, il veut juste exorciser sa colère, il y a juste des trucs qui l’énervait ! (rires).

Pourquoi ce titre éponyme ?

S : On s’est longtemps demandé quel titre pourrait représenter l’album. Puis quel titre d’album conviendrait à notre album (rires). Et on s’est dit qu’on n’avait pas besoin d’aller plus loin, de marquer « Chapitre 1 » ou de prendre le titre d’une chanson. Je trouve que ça collait bien comme ça, je ne suis pas mécontent de ce choix. Et c’est un peu comme Metallica avec leur « Black album ». Il n’y a pas de nom.

R : Il y a aussi « Black Sabbath » pour l’album « Black Sabbath » avec le morceau « Black Sabbath » (rires)

S : Après, on ne compare pas. C’était évident pour nous.

Que pouvez-vous nous dire sur « Moly » ?

S : A la base, « Moly » ne s’appelait pas ainsi, mais « Divine Comédie ». Et on a commencé à partir sur l’idée de cette fille qui s’appellerait « Moly », qui aurait vécu durant la guerre, avec son mari qui disparaît en avion. Gary a commencé à écrire des paroles et on s’est dit que ça ferait une super bonne chanson en l’intitulant « Moly ». Elle représenterait un peu notre groupe aussi. Et puis c’est notre clip.
Après, au niveau du jeu et de la chanson elle-même, je pense que c’est l’une des moins évidente à jouer, il y a un vrai break au milieu qui n’est pas évident au niveau de la rythmique. C’est l’une des plus bourrines, elle démarre par une espèce d’explosion ; on ne comprend pas forcément ce qu’il se passe, on a l’impression que c’est juste un gros bordel, et à partir de la quatrième mesure, tout se met en place.

R : C’est l’une de mes préférées du groupe : j’ai tendance à plus écouter dans le metal des trucs assez violent et portés sur la rythmique. Et c’est celle qui me parle le plus. Elle a assez de dynamiques entre des passages à la double très énervés et aussi des passages plus calmes, où on doit jouer plus en finesse. C’est un challenge, c’est un des morceau que j’appréhende le plus, avec un début plus compliqué à jouer car il faut alterner ces différents passages.

Et sur « Dance » ?

S : Ah! J’adore ce morceau (rires) On a commencé à l’écrire avec Gary, et on l’a joué en répète… Au moment du refrain, on se dit qu’on va juste mettre des mots témoins histoire de placer la voix. Et Gary commence à faire « Dance  » (rires) « Addicted To The Disco » (rires). Et je lui dit « Mais c’est génial ! » (rires) J’adore l’idée, j’adore le décalage. C’est absolument extraordinaire. Je me suis dit qu’il fallait absolument garder ça ! Pour moi, c’est l’histoire d’un mec qui se lève le matin, un petit peu paumé, un petit peu rejet de la société, et ce soir, c’est la soirée disco, c’est son soir, et il se prépare. Et quand il va sur la piste de dance, tout le monde se fout de sa gueule, et se moque de lui. Mais lui en a rien à foutre parce que c’est son monde, il est complètement accro à la disco. Et plus il va danser, plus les gens vont se dire « ce mec, il est incroyable, il est génial, j’adore ! « J’ai des petits frissons rien qu’en parlant (rires). Il se met à danser, comme John Travolta dans « Saturday Night Ferver » et nous on jurerait dans le fond déguisés en Elvis des années 1970 en mode disco… Je trouve ce titre super, je trouve qu’il a un groove génial dans la ligne de basse. Et je ne suis pas peu fier de mon solo.
Quand on voulait faire notre premier, on était un peu en débat de savoir lequel on choisissait entre « Dance » et « Moly ». Et « Moly » était plus représentatif de ce qu’on fait, mais je ne désespère pas un jour de faire le clip de « Dance ». Je l’ai même plan par plan ! (rires) Je suis monteur vidéo, je pourrai le faire moi-même ! (rires).

R : J’aime beaucoup la ligne de basse du refrain. Ce morceau est génial, c’est un gros plaisir à le jouer. Il me fait aller sur la charley, ces petits roulements,… Je m’amuse bien ouais. Mais du coup il a moins le côté sérieux que peut voir « Moly ». C’est plus détendu.

S : Le morceau prouve aussi que parfois on ne se prend pas au sérieux, même si notre démarche l’est. On est les gens les plus gentils du monde et on est les premiers à dire des conneries.. Mais moi j’aime bien le coté décalé de cette chanson !

Que peut-on vous souhaiter aujourd’hui ?

R : D’aller le plus loin possible !

S : Qu’ils écoutent notre album ! C’est le plus dur, de demander 45 minutes d’attention. Même moi qui suis dans la musique, parfois, je n’écoute pas le groupe d’un pote ! On y a mis tellement d’énergie que si les gens prennent le temps de le découvrir, ce serait super !

molybaron-2017

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