[INTERVIEW] Yves Campion (Basse/voix) – Nightmare : « Quand tu accueilles des nouvelles personnes, tu as de nouvelles envies, une nouvelle dynamique »

Après les départs des frères Amore, on ne donnait pas cher de la peau de Nightmare. Pourtant le groupe a su rebondir très rapidement et nous sort, plus d’un an après ces événements, une nouvelle galette, « Dead Sun ». Et avec l’arrivée de Maggy Luyten (ex-Beautiful Sin, Virus IV) au chant, un nouveau souffle semble s’être emparé des grenoblois. Retour avec Yves Campion (basse/voix) désormais le plus ancien mambre du groupe, sur ce nouvel album plein de promesses et sur l’avenir du groupe, qui semble plus serein.

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Metal-Actus : Nous sommes là pour la sortie de « Dead Sun », le nouvel album de Nightmare. D’abord, pourquoi ce titre ?

Yves Campion (basse)
: A la base, le titre de l’album ne devait pas être « Dead Sun » mais « Serpentine », un autre morceau du tracklist. On a voulu faire la cover : nous étions partis sur quelque chose de minimaliste et nous n’étions pas satisfait du rendu. C’était un thème assez fermé, dont il n’était pas facile de ressortir des choses : « Serpentine », ça pouvait être un serpent, mais aussi un chemin sinueux … Et puis la maison de disque n’aimait pas trop, et on s’est retrouvé un peu coincé. On est donc parti sur autre chose. « Dead Sun » a donc été choisi car c’est une chanson qui représente aussi beaucoup de chose. On a travaillé avec un artiste belge, Julien Spreutels, un artiste de grand talent qui bosse notamment avec Epysode. On lui a filé le son en lui disant : « Voilà tu te démerdes » (rires) « ça s’appelle « Dead Sun », fait un truc qui colle avec ! » Et il a fait justement cette proposition de pochette actuelle. Et tout le monde a bien apprécié ce qu’il a fait. On va donc dire que c’est l’artwork qui a été décisif du titre et non l’inverse.

Et justement, comment tu expliquerais cet artwork ?

Il n’y a pas de concept particulier en fait : on a cette gamine qui se balance dans le vide en fait, avec le soleil qui est en train de mourir. C’est peut-être aussi une image qui représente un peu là où on va aujourd’hui, donc pas très positive. Maintenant, l’interprétation est libre à chacun. On a toujours été dans des thèmes assez forts. On n’a jamais été trop dans l’eau de rose. Du coup on a essayé de garder ces types de sujets, mais différemment amenés puisque Nightmare a aujourd’hui des nouveaux membres, donc une interprétation nouvelle. On n’a pas voulu casser les directions qu’on avait même si aujourd’hui on a une nouvelle identité. On n’est pas passé du coq à l’âne (rires).

Tu parles de ces changements qui ont eu lieu au sein même de Nightmare. N’ont-ils pas été trop durs à vivre ?

Non. On s’est tout de suite entendus avec les nouveaux venus (NDLR : Magali « Maggy » Luyten au chant et Olivier Casula à la batterie) . Le plus dur c’était de se demander, au mois de juillet, après le départ de David et Joe Amore, comment on allait rebondir et surtout pendant combien de temps. Si on m’avait dit que l’année d’après on aurait un album complet, fini, masterisé avec une date de sortie d’album et plus une première date au Hellfest et dans d’autres festivals, j’aurai pas cru, j’aurai dit qu’on se fout de ma gueule (rires). Je pense qu’il faut toujours croire, même quand on est dans le négatif, que des jours meilleurs peuvent arriver.

Quel a été votre processus de création autour de « Dead Sun » ?

On a gardé plus ou moins le même système, c’est-à-dire que le guitariste va amener des riffs et après chacun met sa sauce. Nous n’étions pas pris par le temps mais c’était tout de même assez rapide, car nous avions pas mal de titres en stock. Quand tu accueilles des nouvelles personnes, tu as de nouvelles envies, une nouvelle dynamique, nous ne voulions rester au stade de démo et avancer dans les compositions. Tout ça s’est fait super naturellement et finalement, on est rentré en studio au printemps 2016, ce qui est énorme quand on pense qu’en juillet 2015, nous n’étions plus que trois, et qu’on se demandait ce qu’on allait devenir.

Pourquoi avoir choisi « Ikarus » pour votre premier clip ?

Tourner un clip avec un storyboard, des acteurs et tout ça demande énormément de travail avec en amont une préparation, si on veut le faire correctement. On n’arrive pas comme ça, même avec une équipe de production. On ne voulait pas se lancer là-dedans, et on voulait trouver un titre assez généraliste, pour faire quelque chose de simple. Sur les conseils de notre producteur, on s’est mis à la quête d’un beau site naturel, histoire de se différencier des groupes qui font ça sur fond vert et insèrent des images de type Mad Max derrière. Il nous fallait des belles couleurs et une bonne qualité d’image. Cela collait pas mal donc avec le morceau. Ce dernier a, en plus, un refrain assez catchy, qui nous a conforté dans notre choix.

Peux-tu nous livrer ton ressenti son « Serpentine » ?

« Serpentine », comme c’est le duo avec Kelly Sundown Carpenter (Adagio), est un des titres phares : ça a un côté Nightmare, mais qui va bien plus loin. Pour moi, c’est vraiment le titre représentatif du groupe, tout en ayant un petit côté vieux groove. Après, il y a pleins d’autres morceaux chouettes sur l’album hein (rires), mais celui-là a quelque chose de spécial. Et c’est un titre qu’on va aussi tourner en clip. Il sortira au mois de novembre.

Le clip de « Serpentine » :



Quel est ton avis sur « City Of Agony » ? Il a un petit côté progressif assez étonnant.

C’est un titre où on a essayé des choses, pour donner un peu plus de richesse à l’album. On a notamment enregistré des choeurs de gamins à la fin du morceau – il y en a une vingtaine, de 9 à 12 ans – de la région grenobloise. Je pense que les gens qui préfèrent le côté plus thrash de Nightmare, plus rentre-dedans, plus extrême, accrocheront plus sur un morceau comme « Infected », mais à l’opposé, ce qui est bien, c’est que les gens qui préfèrent le côté plus « prog » du groupe, me parlent toujours de ce titre là. Cela veut dire qu’on a réussi à proposer quelque chose d’assez varié, et c’est cool.

Vous prenez le contre-pied de tout le monde car contrairement à la majorité d’autres groupes, vous restez local et faites votre release party à Grenoble.

Je pense que Paris est déjà assez saturée de concert, parfois on se retrouve avec deux voir trois concerts le même soir. Et puis on a une super salle, qui a ouvert depuis deux ans, La Belle Electrique, et elle est vraiment géniale, on peut y faire un putain de show ! Donc il y a de quoi faire chez nous, on aurait pas pu avoir l’accès à une telle salle à Paris, pour en plus, ne pas avoir un retour sur investissement valable. L’idée était vraiment de préparer quelque chose de conséquent pour les fans, pour les gens car on est un peu de là-bas, et puis parce qu’on a toujours eu un bon retour à chaque fois qu’on jouait « à la maison ». Donc on s’est vraiment dit qu’il fallait faire quelque chose là-bas. Et puis, surtout, les deux groupes qui ont joué avant nous, CFFT et Rising Steel, bougent pas mal dans la région, et ils sortaient leurs albums ce jour-là. Donc c’était la fiesta.

Et sinon vous avez d’autres dates de prévues ?

Notre agence est en train de travailler sur pas mal de choses en même temps, on attend des dates qui devraient tomber sous peu. C’est sûr qu’on va prévoir une date à Paris, c’est quelque chose d’impératif qu’on ne peut pas zapper, mais on attend la bonne opportunité pour ne pas se retrouver en concurrence avec, par exemple, In Flames le même soir. Les choses vont j’espère se décanter.

Comment s’est passé l’arrivée de Maggy au sein de Nightmare ?

On l’a bien accueilli mais on la connaissait déjà : je l’avais kiffé en 2006 quand elle chantait dans Beautiful Sin parce que justement, elle ne chantait pas comme une nana à une époque où les groupes symphoniques au chant haut perché ont explosé. Elle avait ce truc différent. Je l’avais contacté en 2012 pour faire un guest et on avait gardé contact. Et quand il s’est passé ce qu’il s’est passé en juillet 2015, on s’était posé la question de prendre un mec, mais on aurait souffert de la comparaison de gens qui préféraient avant; ou alors tu changes de registre vocal, mais ça peut être risqué. J’étais d’ailleurs en contact avec Daniel Heiman, un ancien du groupe suédois Lost Horizon, qui est un super chanteur qui peut monter très haut. La cassure dans ce cas-là est assez primordiale et alors pourquoi ne pas être stratégique et tenter le coup avec une nana. Maintenant, il fallait que ce soit Maggy, on ne voulait absolument pas d’une chanteuse lyrique. On l’a appelé et ça a collé tout de suite.

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Que peut-on vous souhaiter pour l’avenir ?

Déjà que pérenniser avec ce line-up, de franchir des étapes car c’est un tout nouveau groupe quelque part ! On a signé un contrat pour trois albums, donc on n’est pas là pour jouer ensemble six mois ! (rires). Après il faut vivre au jour le jour les choses, je me dit que tout ce qu’on a de bon à prendre il faut le prendre, et là on a eu la chance de rebondir aussi rapidement en un an. On aura des belles choses à vivre et à livrer en 2017. On a déjà quelques contacts pour des fests. Et là, on est dans la phase la plus intéressante, on va pouvoir défendre notre album en live. On a hâte de le faire découvrir aux gens et de les voir kiffer. Bon après, ça peut arriver aussi que les gens nous disent juste « bof » (rires). C’est le moment le plus kiffant, mais aussi le plus dangereux (rires). On est à fond sur chaque palier, et on verra ce que nous réserve l’avenir.

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