[Interview] Johan Niemann (basse) – Evergrey

A l’occasion de la sortie du nouvel album d’Evergrey, « Hymns For The Broken », Metal-Actus a pu s’entretenir avec Johan Niemann, qui officie à la basse dans le groupe. Une interview où le bonhomme s’est livré sur les événements traversés par le groupe récemment, et la véritable renaissance de celui-ci.

Metal-Actus : Comment vas-tu ?

Johan Niemann : Super bien! Content d’être à Paris, j’aime beaucoup passer du temps en France, même si là, je n’en vois pas beaucoup, car nous n’avons pas beaucoup de temps. Et la vue n’est pas l’une des plus sympathiques de la ville (rires).

Comment s’est déroulé le processus de création autour de cet album ?

Je pense que vous savez que notre ancien batteur, Hannes Van Dahl, est parti pour Sabaton, et que Marcus s’est retiré pour se concentrer sur ses projets personnels. On s’est retrouvé seuls, avec Tom (S. Englund) et on était là, assis, à se dire « et maintenant, qu’est-ce qu’on fait ? Est-ce qu’on devrait arrêter ? Est-ce qu’on devrait continuer ? ». Et nous avons été signés chez AFM Records, nous nous devions donc de faire quelque chose. A peine nous avions obtenu le contrat que nous avons commencé à avoir des idées, à écrire des chansons… Et quand Jonas et Henrik sont revenus, ils avaient de nombreuses choses à proposer, en particulier Jonas, qui bossait sur certaines compos depuis des années. On a pu donc accepter son aide avec plaisir ! (rires) C’est une bénédiction qu’ils soient revenus !! Autrement, ça aurait été dur pour Tom et moi de faire quelque chose, car il n’y avait plus de groupe. Créer quelque chose ensemble, c’est vraiment dur, mais c’est mieux quand tu connais la personne. Avec Henrik et Jonas, nous nous connaissions déjà, donc ça s’est fait tout seul.

Tu veux dire que c’était plus facile ?

Exactement. Quand ils ont quitté le groupe, ce n’était pas parce que nous n’étions pas amis, mais parce qu’ils voulaient faire autre chose. Donc cela ne nous as pas empêché de rester bons amis durant toutes ces années. Quand on s’est retrouvé, tout le monde avait évolué de son côté : nous avons appris de nos erreurs et des conséquences qu’elles ont eu, de ce que nous avons perdu. Et ça a vraiment bien marché entre nous dès qu’ils sont revenus, on a senti une grande force nous habiter, un peu comme quand on revient vers une ex-petite amie ou un truc comme ça (rires). C’est exactement le même ressentiment ! (rires)

J’ai lu que l’album était conceptuel. Est-ce le cas ?

C’est une sorte de concept. Tom a écrit toutes les chansons : il a traversé des moments difficiles d’ordre privé, il y a eu quelques problèmes depuis deux ans. Donc le concept de cet album a consisté à se retrouver lui-même

C’était un peu comme son propre purgatoire ? Il avait besoin de tout écrire pour se relever ?

Ouais exactement, pour voir où il en était dans sa vie, … c’est l’album de la renaissance, de la rédemption pour lui. Tu sais, parfois, tu te demandes si c’est ce que tu veux faire le restant de ta vie. C’est en cela que cet album est un concept, le fait qu’il soit très axé sur le thème de la révolution, les « Barricades » et tout ce genre de truc. C’est une perspective qui vient de l’intérieur d’Evergrey. C’est une véritable révolution qui s’est déroulé en nous.

Cela explique ce titre donc ?

Oui. Cela définit les étapes pour se redresser, quand on a été brisé.

Qui est l’auteur de l’artwork ?

Quand nous avons commencé à réfléchir sur l’artwork, il nous semblait évident que nous voulions retrouver ce thème de la Révolution. Cette esthétique du temps de l’ex-Union soviétique nous semblait bien coller avec ce sujet, que ce soit la propagande, les posters, tout ça. Même si bien sûr, nous voulions nous éloigner du communisme et de ce genre de chose. Et nous avons envoyé quelques idées de poster au tatoueur de Tom. C’est un bon dessinateur, et un fantastique artiste. Il nous a amené ce dessin que nous avons adopté pour l’album.

As-tu trois mots pour qualifier le nouvel album d’Evergrey ?

Puissant, mélodique, plein d’espoir.

A propos d’une éventuelle tournée, serais-tu content de revenir sur les routes ?

J’espère qu’on sera de retour sur les routes. Nous n’avons encore rien réservé pour la tournée car nous voulions savoir avant quelles seraient les réactions par rapport à l’album. Mais je ne pense pas que nous partirons en tournée cette année. On peut faire quelques concerts par-ci par-là, par exemple faire un show unique à Paris, mais pas de tournée pour l’instant non. On attendra l’année prochaine, spécialement la saison des festivals l’été prochain, en espérant que tout marche bien pour nous.

Sur scène, quand vous voyez la réaction de vos fans par rapport à vos chansons, que se passe-t-il dans votre tête à cet instant précis ? Quelle est votre réaction ?

C’est très dur à expliquer : tu es à la fois très fier mais tu ne peux pas t’empêcher de trouver ça bizarre, genre « wow, c’est vraiment ma musique qui fait ça ? » (rires). C’est étrange mais c’est une des raisons qui nous pousse à faire ça, à monter sur scène tous les soirs. Nous apprécions vraiment nos fans.

Comment faites-vous pour vous préserver de la vie de tournée, que vous soyez en forme sur scène le soir ?

Habituellement, quand tu es en tournée pendant un mois ou quelque chose comme ça, c’est au moment où tu rentres à la maison où tu tombes malade (rires). Ouais, la vie en tournée, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux : tu bois trop, tu manges mal, tu restes éveillé jusque tard dans la nuit… Alors oui, c’est marrant, j’adore être en tournée, mais c’est un peu comme si tu es dans une bulle, ce n’est pas la réalité, tu es dans une fiction juste un temps.

A propos du clip, « King Of Errors », d’où est venu cette idée ?

Nous avions cette grue et ce port à Göteborg, et nous voulions y faire un clip depuis au moins 7 ans. Mais nous n’avions pas eu les autorisations nécessaires jusqu’à aujourd’hui. C’est une longue attente pour nous qui prend fin, et nous en avons profité pour bien définir ce projet. Nous savions très bien ce que nous voulions. Une fois sur place, certains avaient peur de la hauteur (rires) Pas moi hein ! Mais d’autres membres du groupe avaient peur oui. (rires) Je ne balancerai pas de nom ! (rires). C’était vraiment haut et il y avait beaucoup de vent. Et nous sommes restés au moins huit heures à multiplier les prises comme d’habitude. Mais c’était fun.
Pour répondre à ta question, je ne sais pas qui est venu en premier avec cette idée : peut-être que ça nous est venu à l’esprit en regardant une photo du port vu du ciel. Et on pensait que le fait de le faire en noir et blanc correspondrait bien à Evergrey (rires).

Quand tu composes, je sais que tu t’inspires des évènements personnels, mais es-tu également inspiré par des artistes ou des figures publiques ?

Pas vraiment en fait, parce que je m’inspire pratiquement de tout (rires) : des personnes dont j’ai besoin, de ce que j’ai pu vivre, c’est d’ailleurs nos expériences personnelles que Tom et moi avions vécu avant notre signature avec AFM qui ont été notre principale source d’inspiration. Ça a été le déclic car après la signature, nous savions que nous devions commencer à composer, à écrire. Pour mon cas, il faut qu’on me pose littéralement un flingue sur la tête pour que je commence à bosser (rires). Autrement, je regarderai la télévision et rien ne se serait passé. J’ai besoin d’être poussé.

Tu m’expliquais que vous êtes passés par des moments difficiles, mais maintenant que vous êtes à nouveau un groupe, as-tu un souhait pour l’avenir d’Evergrey ?

Pour nous, rien n’est jamais acquis. Ce qui s’est passé, nous en tirons tous une grande force. Mais maintenant, je n’ai pas de souhait particulier, juste qu’on soit toujours dans les parages. Les choses vont tellement bien actuellement : nous avons un nouvel album, dont on est fier, et nous prenons toute autre chose comme du pur bonus. Quoi qu’il arrive, je serai heureux, car nous avons accompli tant de choses ! Quand tu fondes un groupe, tu as parfois juste envie de partir à la conquête du monde, mais nous, on s’en fout, on est relax ! Il est important pour un groupe de ne ressentir aucune pression de l’extérieur, la pression ne doit venir que de nous.

Un dernier mot pour vos fans en France ?

Dommage que nous n’ayons rien de réservé encore au niveau de la tournée car j’adorerai vous dire « on se voit à telle date ». Mais j’espère que vous serez patients parce que nous viendrons dès que possible. Tchao !

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