Archives de catégorie : Chronique

[Chronique] Io – ten56

Le groupe franco-britannique, formé par un Aaron Matts plus sombre que jamais, sort son deuxième album « Io », point d’orgue d’une démence organisée dans un chaos sombre complaisant.

Il y a de ces groupes qu’on aime entendre en concert, mais qu’on déteste sur album… et inversement ! ten56 fait partie de cette deuxième catégorie tant nous n’avons pas eu la chance de voir un concert avec un son potable. Donc ,non, on ne s’attendait pas à un tel uppercut de « Io », le nouvel album du combo.

A travers un univers dystopique fascinant, nous invitant à réfléchir sur nos modes de vie, sur notre société (jusqu’à mettre une vraie fausse publicité au début de « LIFEISACHORE.MOV » qui va nous décontenancer après des premiers morceaux aussi noir que le cuir de ton blouson), le groupe va vous matraquer à coup de riffs et de hurlements de désespoir tout au long de cet opus. Certains titre se détachent : « Pig » d’abord, une vraie boucherie qui va vous secouer les méninges, mais surtout, surtout « Earwig » qui est, à notre sens, le morceau le plus génial jusqu’à ce jour de ten56, avec son petit côté mathcore dans les riffs qui va vous faire tressaillir de plaisir.

Car oui, tous les morceaux sont teintés de désespoir. Mais cela n’empêche en rien de nous défoncer les cervicales, et (parfois) la voix sur chacun des morceaux. Les parties rapées, présentes à de nombreuses reprises, ne font que renforcer l’aspect de plus en plus groovy d’un groupe qui n’a désormais plus rien à prouver. Seule, à vrai dire, « Banshee », était peut-être un peu trop expérimentale pour nous et nous aura laissé de marbre;

ten56 expérimente et tente avec ce très beau « Io » qui mérite qu’on y prête une oreille toute attentive. Un album qui montre que ce n’est pas parce qu’on se cantonne à un genre que notre musique doit sonner comme celles des autres groupes. Un vent de modernité bienvenu dans un univers core plus rouillé qu’il n’y paraît. « Io » agit sur nous comme une véritable thérapie dans un monde qui est semblable, parfois, pour nous, à une dystopie désespérante. A se procurer au plus vite.

9,5/10

[CHRONIQUE] We Came As Romans – All Is Beautiful … Because We’re Doomed (Coup de cœur)


Il y a des albums qui arrivent, et qu’on n’attendait absolument pas. En ce qui concerne We Came As Romans, la disparition, brutale, de leur chanteur en voix clair Kyle Pavone, aurait pu signer l’arrêt du groupe. Mais les américains n’ont pas voulu lâcher le morceau : après le deuil et la période de guérison (concentré dans le sombre « Darkbloom » sorti il y a trois ans), l’heure est à la résilience avec ce superbe « All Is Beautiful… Because We’re Doomed », sorti en cette fin d’été.

La mélodie est incroyablement très présente sur ce nouvel album des américains, bien plus que l’on pourrait imaginer venant d’un groupe de deathcore. Cependant, ce n’est pas parce que c’est plus mélodique, que We Came As Romans ne va pas droit au but, comme toujours : les morceaux de cette galette sont tous assez court, un tout petit peu plus de trois minutes chacun. Certains morceaux peuvent d’ailleurs ressembler, à s’y méprendre, à ceux de leurs collègues britanniques Architects (sur « Knowing Pain » particulièrement) par ses orchestrations et le type de chant guttural de David Stephens, très proche de celui de Sam Carter.

Mais cette sensation passe rapidement : la violence méticuleuse a remplacé le côté très (trop parfois) bourrin (« So Lost » qui n’aurait rien à envier à un The Dillinger Escape Plan des grands jours par un côté mathcore absolument trippant), les arrangements sont parfois géniaux (légèrement électros même pour « Where Did You Go ? »). « Bad Luck » est le morceau qui se détache le plus de l’album, par ses arrangements choraux qui seront parfaitement bien repris en live. Un morceau entêtant, entraînant, et parfaitement taillé pour une fosse en feu.

Avec cet album, We Came As Romans prouve que le core peut être sublimé et mélodieux, sans que cela ne desserve la violence qu’affectionnent tout particulièrement les fans du genre. A cela, on ajoute des paroles toujours aussi recherchées, et cela donne le disque le plus abouti de la formation américaine. « All Is Beautiful… Because We Are Doomed » porte très bien son nom, car il est incroyablement beau. Et fera même réfléchir, voir drifter, toutes les âmes de ce monde qui se sentent maudites. Un bel objet qu’il faut vous procurer de toute urgence.

9,75/10

[CHRONIQUE] Deftones – private music

Qu’est-ce qu’on pourrait encore offrir à notre public, passé 30 ans de carrière ? C’est la problématique actuelle d’un Deftones vieillissant, qui a construit sa légende dans les années 1990, et réapparaît soudainement avec soit un album frisant le génie (le superbe « Diamond Eyes » et « Ohms ») ou un ratage complet (« Gore »). Et histoire de prendre de court la rumeur avant qu’elle ne soit lancée, ce n’est qu’au début de l’été que le groupe américain a annoncé la sortie de leur dixième album, « private music ».

Et l’enjeu est énorme pour le groupe, qui n’a plus fait parler de lui depuis cinq ans. Et il faut dire qu’il s’en est passé des choses, dans le monde, dans la musique, sanitairement parlant.

« private music » ne va pas révolutionner la musique de Deftones en soi, mais se présenter de manière plus généraliste : les titres sont extrêmement bien produits, sans le côté surfait des grosses machines américaines, où chaque instrument s’entend distinctement, et s’assemblent les uns avec les autres pour donner un superbe ensemble cohérent, ce qui fait que des morceaux comme « Locked Club » ou « Ecdysis », comprenant des éléments dansant et même électro, sonnent parfaitement clairs. ça change de certaines production neo/nu metal.

Chino Moreno extrêmement en voix qui va présenter toutes ses facettes vocales, les riffs de Stefen Carpenter sont surpuissants, tout comme la batterie de Abbe Cunningham. Nouveau venu dans la formation, le bassiste Fred Sablan se montre extrêmement solide au sein de compositions parfois très denses.

Et les morceaux, si beaucoup sont aériens et planant à la manière d’un « White Pony », d’autres nous surprennent, comme « cXz » qui part dans tous les sens ou encore le très sombre et violent « Cut Hands » durant lequel Moreno flirte entre la rage bouillante et la colère froide. Petite note : j’avais peur d’avoir de nouveau cette impression d’acte manquée avec les deux plus longs morceaux de l’album, « Souvenir » et « Departing The Body » que j’avais ressenti sur « Gore ». Mais ces structures plus alambiquées, cette atmosphère vous saisissant aux tripes, et encore une fois une excellente production font que ces deux chansons s’intègrent parfaitement au reste de l’album, et en sont même ses meilleurs éléments.

Donc oui, un grand OUI même à ce retour tant attendu des Deftones, avec une belle pépite, « private music », soignée, choyée, qui plaira aux fans de la première heure comme aux nouveaux venus dans l’univers des américains. Il ne reste plus qu’à la formation maintenant de confirmer tout ça en live. Un superbe diamant, qui annonce un futur radieux pour un groupe qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

9,75/10

(CHRONIQUE) Feuerschwanz – Knightclub (coup de coeur)

Le groupe teuton de médiéval metal revient avec un album aussi délirant que tranchant, « Knightclub », qui renoue un peu avec les origines plus comiques du groupe.

Summerbreeze 2013, je suis devant l’une des Main Stage à prendre en photo un groupe de médiévistes qui me fascine de premier abord : des costumes semblant venus de l’Aldi du coin, un ton très comique, des danseuses « chat » (de mémoire), et des concerts très festifs. J’avais été fort impressionnée par le côté fédérateur de leurs morceaux auprès du public allemand. C’est marrant de voir la trajectoire de ce groupe depuis !

Après leur signature chez Napalm Records en 2020, le groupe a commencé à devenir un peu plus sérieux en se mettant à un metal plus tranchant (mais toujours aussi festifs !) mais aussi en rock’n rollisant leurs looks, devenus depuis, un mélange entre du médiéval à armure et une élégance presque à la Mad Max.

Pourtant, on pourrait penser que le groupe souhaite reprendre quelques peu ses premières amours avec ce « Knightclub », surtout comique : que ce soit avec cette reprise complètement délirante du mythique « Gangnam Style » (chanté par PSY) ou le magique « Druken Dragon » qui m’a fait littéralement hurlé de rire. Il y a aussi beaucoup de sérieux (« Eisenfaust » qui mélange particulièrement bien éléments médiévaux et metal) et d’hommage aux mythes et à la pop culture (le très réussi « Avalon » avec son refrain extrêmement fédérateur, ou encore « Sam The Brave » qui ressemble étrangement à un morceau d’Avantasia). Petit point négatif outre la production qui laisse parfois à désirer : le duo avec Lord Of The Lost (qui figure aussi sur le nouvel album de ces derniers) sur lequel les Feuerschwanz ne semble pas s’affirmer face à la densité de l’univers de leurs compatriotes. Dommage !

On s’amuse avec ce « Knightclub », alliant parfaitement l’excellence de la musique avec le comique. Une belle galette qui confirme la popularité grandissante de Feuerschwanz, mais aussi leur patte musicale qui ne va ressembler à aucune autre ! On vous met au défi de ne pas ressortir de votre écoute avec un immense sourire.

9,5/10

(CHRONIQUE) Zetra – Believe (Découverte)

Le duo britannique de rock gothique Zetra revient avec un nouvel EP, Believe, ce vendredi 22 août, histoire de rafraîchir un été un peu trop caniculaire.

C’est avec cet Ep et par ce petit réseau qu’est Instagram que nous découvrons, sur le tard certes, le duo britannique Zetra. Formé en 2018, les deux musiciens comptent un album et plusieurs EP à leurs actifs, dont ce dernier, « Believe ».

Et on se sent bien coupables de ne les découvrir que maintenant.

L’ensemble proposé par « Believe » est fluide, prenant, avec une belle vibe issue des années 1990 par l’utilisation mesurée du synth wave par Jordan Page, mais pas seulement : la voix claire de Adam Saunderson est prenante, envoûtante… tellement qu’on n’arrive même plus à décrocher une oreille de nos écouteurs. C’est bien écrit, bien pensé, et cette touche de modernité dans du gothique classique fait un bien fou au moral et aux cages à miel. Zetra arrive à installer une ambiance musicale unique – et à nous embrigader (et c’est le cas de le dire avec le sujet de ce nouvel EP) dans leur monde.

Zetra arrive donc, avec ce « Believer », à nous faire plonger dans un monde à la fois sombre, mélancolique et lumineux. Une belle découverte d’un groupe qui n’aurait pu rester qu’un sous The Cure : il est bien plus que cela. On vous invite à venir découvrir leur bel univers.

9/10

[CHRONIQUE] Auri – Candles & Beginnings

Auri, le projet annexe du claviériste de Nightwish, Tuomas Holopainen, revient avec un troisième effort plutôt paradoxal, « Candles & Beginnings ». Une galette qui ne perdra pas les habitués du musicien.

Conçu vraisemblablement comme un terrain de jeu de Tuomas Holopainen pour tout ce qu’il n’a pas pu expérimenter dans Nightwish, en compagnie de son épouse (Johanna Kurkela) et d’un de ses meilleurs amis (Troy Donockley), Auri ne fait habituellement pas dans l’original, en faisant plus référence, avec sa musique, aux contes et musiques épiques de films (Disney tout particulièrement).

Pourtant, ce début d’album, à savoir les trois premiers morceaux, nous aura agréablement surpris : moins enfantin et féérique que les autres, allant plus droit au but par les orchestration, faisant plus musique de jeux vidéo que de films (notamment Silent Hill sur « The Apparition Speaks »). Le virage s’effectue avec « Oh Lovely Addities », très burtonnien, mais encore passable – et même très bon – par de belles orchestrations, que nous voyons comme un hommage.

Malheureusement, ce dernier titre met fin à la douce rêverie d’Auri puisque le reste des morceaux se casse littéralement la figure : les mêmes mélodies celtiques à tout va, le chant mielleux et suave de Kurkela … Le groupe retombe dans tout ses travers jusqu’à l’arrivée de « Museum Of Childhood », vraie bouffée d’air frais, et petit trip assumé vers les années 1990 (petits oiseaux, jumbe… comme la plupart des morceaux pop de l’époque). Le superbe morceau de l’album reste « Shieldmaiden », épique à souhait et qui mériterait bien une version plus métallique histoire de figurer sur un album de Nightwish !

Mais notre constat est, en tout cas, amer : si l’album plaira forcément beaucoup à tout adorateur de Nightwish et des projets d’Holopainen, le disque avait pourtant amorcé une belle évolution vers quelque chose de nouveau pour Auri musicalement, qui n’a pas eu l’occasion d’éclore et d’aller jusqu’au bout. Dommage, car tout cela nous paraissait bien prometteur. On restera donc sur notre faim. Mis à part cela, le disque reste dans la lignée des précédents, avec un morceau, « Shieldmaiden », extrêmement solide, qui aura eu le mérite de me replonger dans les années 2000/2010, à l’époque de l’apogée de Nightwish.

8/10

[CHRONIQUE] Dropout Kings – Yokai

Groupe de Rap Metal originaire des Etats-Unis, les Dropout Kings avait provoquée une sacrée sensation après leur prestation électrique au Hellfest 2024. Si le décès soudain d’un de ses chanteurs principaux, Adam Ramsey, a jeté une vague d’incertitudes quant à l’avenir du groupe. Ils semblent vouloir continuer, en son honneur, en commençant par sortir « Yokai », le nouvel finalisé deux semaines avant cet événement tragique.

Et on peut dire que ça nous attaque d’entrée avec le puissant « Black Sheep » : riffs perçant de Rob Sébastien, rap percutant du Black Cat Bill Lauderdale, ça nous met dans le bain de la meilleure des façons ! Tous les autres titres alternent épisodes groovy, hard rap, et morceaux plus américano-pop qui semblent sortir de nul part tellement c’est incongru (« First Day Out »).

C’est assez inégal entre des morceaux bien plus faibles (« Guillotine », « Eye Bleach ») et des tracks absolument monstrueuses : « Brace Yourself », mais surtout « Baka » et « Yokai » semblent avoir été littéralement taillés dans la roche – et surtout pour le live (on a bien hâte de voir ça !) la voix de Ramsey se fait extrêmement émouvante, parfois dure, à la limite d’un growl bien senti. Et dire que c’est la dernière fois que nous l’entendrons.

Ce « Yokai », malgré son inégalité, a été une bonne surprise : le caractère groovy et percutant de la majorité des morceaux comble ceux, plus pop et mielleux, qui sortent d’un ensemble et d’une logique établie. Un bel objet qui ravira les fans du groupe, et le plus bel hommage qui soit à Adam Ramsey, parti bien trop tôt.

8,75/10

[CHRONIQUE] Sinsaenum – In Devastation


On ne pensait plus revoir Sinsaenum, depuis leurs premiers essais, réussis, qui remontent à 2016-2017. Ebranlés par de nombreuses épreuves, avec, entre autres, la pandémie mondiale de Covid-19 et surtout la perte de leur batteur Joey Jordisson, c’est avec courage et beaucoup d’audace que le supergroupe emmené par Frédéric Leclerq, se présente de nouveau face au monde et avec, en guise de nouveau batteur (et c’est un bel hommage) André Joyzi (ancien Drums technicien de Jordisson !)

« In Devastation » est plus qu’un nouvel album, c’est le manifeste de la douleur, de la rage et de la rédemption, enveloppé dans une strate assez mélodique qu’on n’attendait pas forcément, tant le premier opus a été un uppercut de violence ! On a donc beaucoup d’émotions – sans que cela ne tombe forcément dans le pathos – et le groupe se permet d’explorer et d’adopter, par moment, des aspects plus death mélo (plus particulièrement sur « Shades Of Black ») voir plus Metal Américain des années 1990 (« Obsolete » notamment). Il faut dire qu’il y a matière à y mettre un peu plus de sensibilité dans la musique ! « Last Goodbye » est extrêmement émouvante par ses appuis mélodiques mais surtout par sa grande qualité d’écriture.

Bon, rassurez-vous, l’album n’est pas mielleux pour autant : « Spiritual Lies » ou encore « Buried Alive » sont des véritables bourrasques de violence (faisant parfois penser à Morbid Angel !). On a notre petite préférence pour le titre d’ouverture, « In Devastation », vrai bel hymne black qu’on a hâte d’entendre en live ! Mais il y a eu un travail fourni sur les différences influences sur cet album : on vous conseille bien plusieurs écoutes pour en saisir toutes les subitilités.

Sinsaenum effectue ici un formidable retour aux affaires avec « In Devastation », un album très surprenant, qui va à la rencontre de divers horizons, et émouvant, par les messages portés : le deuil, mais aussi la résilience, pour continuer à vivre. Un album, certes de death metal, mais surtout, un album vivant et audacieux.

9,5/10

[CHRONIQUE] Halestorm – Everest

La popularité des Halestorm n’est aujourd’hui plus à prouver : le groupe, toujours mené par une Lzzy Hale infatigable, multiplie les albums à succès et les tournées à guichet fermé. Le nouveau venu, « Everest », sorti ce vendredi, ne dérogera probablement pas à la règle.

Comme à son habitude, les morceaux de cet nouvel opus se suivent avec riffs acérés et mélodies rock’n’roll endiablées. Halestorm commence pourtant par de l’émotion avec le beau « Fallen Star », sur lequel la voix de Lzzy Hale se fait plus tendre et plus sensible qu’à l’accoutumée.

Et il faut dire que nous allons passer par une montagne russe d’émotions avec cet « Everest » : sombre, d’abord, avec le rageur « Watch Out » durant lequel la célèbre chanteuse semble régler ses comptes, puis lumineux avec des morceaux comme « Like A Woman Can ». C’est, par ailleurs, à notre sens, le meilleur morceau, et celui qui nous a le plus surpris tant l’inspiration soul transparaît à grosses gouttes (et ce n’est pas pour nous déplaire, bien loin de là!).

En revanche, et si la reine Hale nous régale par ses immenses prouesses vocales et bien… le reste ne semble pas suivre, peut-être pour lui laisser le plus de place possible (il faut tout de même noter quelques coups d’éclats de Joe Hittinger à la gratte). C’est dommage, car je pense que chacun des musiciens devraient avoir sa place pour s’exprimer, et ici, plus que dans d’autres groupes, on sent bien que ce n’est pas le cas. Mais cela ne rend pas l’ensemble inécoutable, bien au contraire, tant Hale fait le job à la perfection.

« Everest » est donc de l’authentique Halestorm qu’on pourrait résumer en trois mots : sensible, sombre, rageur. L’album ne va rien révolutionner en soi, et ne se targue pas de le faire d’ailleurs : les fans de la première heure devraient fortement apprécier l’album. Nous avons pris beaucoup de plaisir à l’écouter.

9/10

[CHRONIQUE] Lord Of The Lost – Opvs Noir Vol 1 (Coup de coeur)

Après une incursion dans son côté plus pop, avec la sortie de l »album « Blood & Glitter » (2022) suivi d’une participation à l’Eurovision et d’un autre album de reprises, les Lord Of The Lost reviennent dans un registre bien plus sombre avec leur nouvel album, « Opvs Noir Vol 1 ».

Quand on commence à explorer divers horizons sans craindre le moindre jugement, c’est qu’on a acquis assez de bouteille pour avoir confiance en soi et en son art. L’évolution de Lord Of The Lost est tout à fait fascinante depuis ses quatre dernières années, tant le groupe s’est essayé à plusieurs genres, plus particulièrement la pop, avec succès, tout en gardant son identité visuelle et sonore, et sans en profiter pour jouer les opportunistes comme un certain groupe à chanteuse néerlandais.

Pourtant, le groupe a décidé de mettre un terme à ce chapitre et de faire, cette fois, l’éloge de la mélancolie dans une pépite gothique à souhaits.

« Opvs Noir Vol 1 » ne va donc pas du tout dans la même direction, si ce n’est que de nombreux morceaux ont des refrains extrêmement catchy (« My Sanctuary », « I Will Die In It » par exemple). On remarque des mélodies particulièrement belles, un chants qui se fait harmonieux et puissants, avec une utilisation du grunt particulièrement bien dosée. C’est un voyage remplis d’émotion que nous propose les teutons ! La qualité dans certains écrits (« The Things We Do For Love » « The Sadness In Everything ») est indiscutable et contraste avec des morceaux qui sont plus taillés pour le live (« Lords Of Fyre » ). Les invités sont bien choisis : d’ailleurs, le morceau avec Within Temptation, « Light Can Only Shine In The Darkness » est somptueux, émouvant – j’en ai même versé ma petite larme. « Moonstruck », lui fait surtout penser, par ses orchestrations, à du Dimmu Borgir. Un bel hommage au groupe nordique !

On notera que sur certains morceaux (et surtout sur « Damage », on entend quelques relents indus. Histoire de prouver, qu’on peut faire ce qu’on aime et vouloir évoluer sans renier pour autant ses racines.)

Et d’ailleurs, peut-on encore parler d’étiquettes pour Lord Of The Lost ? Le groupe s’est affranchi des barrières pour évoluer dans ce qu’il lui plaît. Et quand on est un musicien passionné, talentueux, avec un vrai projet musical comme « Opvs Noir », ce n’est pas le plus important justement ?

Car cet album est justement le premier d’une trilogie (Vol 2 en décembre 2025, Vol.3 en avril 2026), et nous met l’eau à la bouche concernant la suite. L’album est un vrai voyage au-delà de nos émotions, un vrai retour à un gothisme moderne, rare, rafraichissant, et excellent à écouter de bout en bout. Un beau joyeux à écouter sans fin. Bravo à Lord Of The Lost.

10/10