[CHRONIQUE] Deftones – private music

Qu’est-ce qu’on pourrait encore offrir à notre public, passé 30 ans de carrière ? C’est la problématique actuelle d’un Deftones vieillissant, qui a construit sa légende dans les années 1990, et réapparaît soudainement avec soit un album frisant le génie (le superbe « Diamond Eyes » et « Ohms ») ou un ratage complet (« Gore »). Et histoire de prendre de court la rumeur avant qu’elle ne soit lancée, ce n’est qu’au début de l’été que le groupe américain a annoncé la sortie de leur dixième album, « private music ».

Et l’enjeu est énorme pour le groupe, qui n’a plus fait parler de lui depuis cinq ans. Et il faut dire qu’il s’en est passé des choses, dans le monde, dans la musique, sanitairement parlant.

« private music » ne va pas révolutionner la musique de Deftones en soi, mais se présenter de manière plus généraliste : les titres sont extrêmement bien produits, sans le côté surfait des grosses machines américaines, où chaque instrument s’entend distinctement, et s’assemblent les uns avec les autres pour donner un superbe ensemble cohérent, ce qui fait que des morceaux comme « Locked Club » ou « Ecdysis », comprenant des éléments dansant et même électro, sonnent parfaitement clairs. ça change de certaines production neo/nu metal.

Chino Moreno extrêmement en voix qui va présenter toutes ses facettes vocales, les riffs de Stefen Carpenter sont surpuissants, tout comme la batterie de Abbe Cunningham. Nouveau venu dans la formation, le bassiste Fred Sablan se montre extrêmement solide au sein de compositions parfois très denses.

Et les morceaux, si beaucoup sont aériens et planant à la manière d’un « White Pony », d’autres nous surprennent, comme « cXz » qui part dans tous les sens ou encore le très sombre et violent « Cut Hands » durant lequel Moreno flirte entre la rage bouillante et la colère froide. Petite note : j’avais peur d’avoir de nouveau cette impression d’acte manquée avec les deux plus longs morceaux de l’album, « Souvenir » et « Departing The Body » que j’avais ressenti sur « Gore ». Mais ces structures plus alambiquées, cette atmosphère vous saisissant aux tripes, et encore une fois une excellente production font que ces deux chansons s’intègrent parfaitement au reste de l’album, et en sont même ses meilleurs éléments.

Donc oui, un grand OUI même à ce retour tant attendu des Deftones, avec une belle pépite, « private music », soignée, choyée, qui plaira aux fans de la première heure comme aux nouveaux venus dans l’univers des américains. Il ne reste plus qu’à la formation maintenant de confirmer tout ça en live. Un superbe diamant, qui annonce un futur radieux pour un groupe qui est loin d’avoir dit son dernier mot.

9,75/10

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